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AULDJO, ALEXANDER, homme d’affaires, officier de milice, juge de paix et homme politique, né le 21 octobre 1758 à Aberdeen, Écosse, fils de John Auldjo, boulanger et manufacturier, et de Margaret McKenzie ; décédé le 21 mai 1821 à Londres.
Alexander Auldjo arriva à Montréal vers 1778. Au cours des années 1780, il investit des sommes considérables dans la traite des fourrures (quelque £3 000 en 1782 par exemple), se porta garant de trafiquants de fourrures, vendit des propriétés et administra des successions. En 1785, il était associé à William Maitland ; l’année suivante, tous deux achetèrent, avec Richard Dobie*, une quantité substantielle de blé pour l’exportation. Dix ans plus tard, l’Auldjo and Maitland négociait déjà la vente de très nombreuses lettres de change.
En 1800, l’Auldjo and Maitland avait pris de l’expansion et était devenue l’Auldjo, Maitland and Company. Approvisionnée en partie par le jeune frère d’Auldjo, John, qui était à Londres, elle importait une grande variété de produits manufacturés qu’elle vendait dans le Bas-Canada ou expédiait à des commerçants haut-canadiens en échange de farine et de cendres. Mais faire du commerce avec le Haut-Canada n’allait pas sans difficulté. En 1800, elle se trouva dans une position désavantageuse en raison du traitement préférentiel que recevaient les marchandises appartenant à la James and Andrew McGill and Company lors du chargement des bateaux du gouvernement au port stratégique de Kingston. La compagnie avait également d’autres difficultés, comme en témoigne l’avis qu’elle signifia en 1807 à Thomas Cummings, marchand de Chippawa, qui avait de lourdes dettes envers elle : « Mieux vaut garder vos marchandises sur vos rayons que de les vendre à des personnes [d’une solvabilité] douteuse ; faire crédit inconsidérément en a ruiné plus d’un dans votre province comme dans celle-ci. » L’Auldjo, Maitland and Company conseillait Cummings de façon presque autoritaire sur les produits à acheter et à vendre et sur les moments où il convenait de le faire pour tirer parti des fluctuations rapides du marché. Elle s’occupa avec la même efficacité de l’instruction des enfants de Cummings à Montréal. En 1803, d’après un marchand d’Albany, dans l’état de New York, l’Auldjo, Maitland and Company était l’une des sociétés qui envoyait dans le Haut-Canada le plus de bateaux à partir de Montréal. Toujours selon ce marchand, elle exportait approximativement pour £36 000 de marchandises et se classait au cinquième rang parmi les compagnies exportatrices de la ville.
Par ailleurs, Auldjo investit beaucoup dans la propriété foncière, notamment dans le Haut-Canada entre 1797 et 1807 ; il possédait des lots agricoles partout dans la province. (En 1829, sa succession comprenait 30 de ces propriétés, d’une superficie totale de 5 450 acres.) De plus, il faisait à l’occasion des transactions immobilières à Montréal, possédait des terres dans le Bas-Canada et représentait, semble-t-il, des individus ou des groupes des Cantons-de-l’Est qui demandaient des concessions.
À la fin des années 1780, Auldjo était déjà l’un des chefs de file du milieu des affaires montréalais. En janvier 1787, il faisait partie d’un comité formé des principaux marchands de la ville et dont les membres témoignèrent devant le comité du Conseil législatif sur le commerce et la police, constitué l’année précédente par lord Dorchester [Carleton*]. Ces marchands réclamaient entre autres choses une réorganisation de l’administration de la justice, la création d’un système scolaire et d’un bureau d’enregistrement, l’adoption d’une loi sur les faillites, la construction d’une nouvelle prison à Montréal et l’érection de la ville en municipalité. L’instauration d’une Assemblée élue, réclamée depuis longtemps, figurait aussi au nombre de leurs revendications. Toujours en 1787, Auldjo était capitaine dans la milice britannique de Montréal. Membre fondateur de la section montréalaise de la Société d’agriculture en 1790, il se joignit en octobre à plusieurs grandes compagnies et hommes d’affaires importants de la ville pour exiger l’entière’ liberté de la navigation sur les territoires de traite des fourrures.
Lors des élections législatives de 1792, Auldjo fut battu dans Montréal-Ouest, mais il remporta un des deux sièges de cette circonscription en 1796. Au cours de son mandat, il soutint résolument le parti des bureaucrates, dirigé à l’Assemblée par deux des marchands les plus en vue de la colonie, John Richardson et John Young*. L’amélioration des transports, et particulièrement de la navigation sur le haut Saint-Laurent, fut son principal souci. En 1805, il ferait d’ailleurs partie d’une commission spéciale chargée par l’Assemblée d’améliorer la navigation entre Montréal et Lachine. Nommé juge de paix à Montréal en 1796, il devint syndic de la Maison de la Trinité de Québec quatre ans plus tard. Le 21 janvier 1804, il épousa à Portsoy, en Écosse, Eweretta Jane Richardson, qui était probablement la sœur de John. Ce mariage facilita peut-être son intégration dans le monde des affaires montréalais. En 1808, le couple avait déjà deux garçons ; cette année-là, Mme Auldjo donna naissance à une fille, mais toutes deux moururent peu après. Il semble qu’Auldjo entretenait officieusement des relations d’affaires avec Richardson.
Des marchands du Bas et du Haut-Canada ayant demandé à la Phoenix Assurance Company de Londres d’établir une succursale au Canada, Auldjo en devint le représentant en 1804. Comme cette société détenait le monopole dans les deux colonies, Auldjo n’eut d’abord qu’à veiller à ce que la demande d’assurance augmente, à déterminer le montant des primes et à inviter les clients à prendre eux-mêmes l’initiative de renouveler leurs polices, car le « pays n’ [était] pas entièrement desservi par des livraisons de courrier régulières » et l’envoi d’avis de renouvellement « ne [pouvait] pas toujours se faire avec précision ou certitude ». Auldjo calculait les primes « en fonction des risques présentés par les villes de Québec et de Montréal, où les maisons [étaient] généralement construites en pierre et où beaucoup [étaient] à l’épreuve du feu » ; les primes étaient plus élevées lorsqu’il s’agissait d’édifices situés « dans la banlieue de ces municipalités et dans les autres villes et villages du Bas-Canada, ainsi que du Haut-Canada, car la plupart [étaient] en bois ». En 1808, sur l’ordre du siège social de la Phoenix, qui était alarmé par le rapport d’un représentant envoyé dans la colonie, Auldjo annonça que la basse ville de Québec était jugée trop vulnérable aux incendies, donc non assurable. Indignés, les détenteurs de police exercèrent des pressions auprès du siège social par l’entremise d’importantes sociétés londoniennes qui faisaient affaire à Québec. En juillet 1809, Auldjo fit savoir que sa compagnie était prête « à renouer ses relations avec la basse ville de Québec dans une certaine mesure et sous certaines conditions ». Cependant, la réputation de la Phoenix avait tellement été ternie par l’affaire qu’en avril 1811 Auldjo fut forcé d’offrir des réductions de prime aux propriétaires de la basse ville ; en juin, il dut aussi prendre un représentant à Québec pour s’occuper du renouvellement des polices. Par la suite, la Phoenix subirait une dure concurrence de la part d’une société locale [V. George Garden]. À compter de 1807, Auldjo représenta également la Pelican Life Assurance Company.
Comme beaucoup d’hommes d’affaires importants de Montréal, Auldjo était membre de la congrégation Scotch Presbyterian (connue plus tard sous le nom de St Gabriel Street) ; élu au comité des affaires séculières en 1809 et 1810, il en fut vice-président la première année et président la deuxième. En outre, il était demeuré actif dans la milice. En 1812, il était lieutenant-colonel du 1er bataillon de milice de la ville de Montréal et, le 6 juillet, il prit le commandement du nouveau bataillon de milice de Montréal, toujours à titre de lieutenant-colonel. Cependant, il abandonna sa commission le 25 septembre 1813 et s’embarqua pour la Grande-Bretagne la même année. Apparemment, il élut résidence à Londres.
En 1813, les associés de l’Auldjo, Maitland and Company étaient Alexander Auldjo lui-même, Maitland (qui représentait la société à Londres depuis à peu près le début du siècle) et George Garden ; moins de deux ans plus tard, la compagnie adopta le nom de Maitland, Garden, and Auldjo du fait de l’intégration du neveu d’Auldjo, George*. Alexander Auldjo s’était probablement retiré de la compagnie. Toutefois, il continua de toute évidence à s’intéresser aux affaires commerciales du Bas-Canada. En 1816, sur l’ordre de John Richardson, il embaucha un constructeur de routes expérimenté, qui était d’origine écossaise, pour la construction de la route à péage de Montréal ; trois ans plus tard, après avoir consulté Thomas Telford, le célèbre ingénieur de canaux britannique, il engagea Thomas Burnett pour dessiner les plans du canal de Lachine et en surveiller la construction. Entre-temps, en 1817, Maitland et lui étaient devenus, à titre personnel, actionnaires de la Banque de Montréal, qui venait d’être fondée (il n’y avait à Londres que trois autres actionnaires de cette banque). Peut-être actif dans la petite communauté londonienne des marchands qui avaient déjà habité le Bas-Canada, Auldjo était un ami intime de l’un d’eux, Adam Lymburner*. Il mourut à Londres en 1821, à l’âge de 62 ans, et fut inhumé à l’église St George de Bloomsbury.
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Gérald J. J. Tulchinsky, « AULDJO, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/auldjo_alexander_6F.html.
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Auteur de l'article: | Gérald J. J. Tulchinsky |
Titre de l'article: | AULDJO, ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |