ARNAUD (Darnaud, Darnault), JEAN-CHARLES D’, officier dans les troupes de la Marine, né en France vers 1706, le plus jeune fils d’un lieutenant de vaisseau, décédé en France après 1752.
Jean-Charles d’Arnaud arriva au Canada comme enseigne en 1722, à l’âge précoce de 16 ans ; le gouverneur Vaudreuil [Rigaud*] le trouva intelligent, vif, et apte à devenir un bon officier. Les événements allaient confirmer son opinion. Quoique résidant à Québec, d’Arnaud passa plusieurs années dans divers postes de l’Ouest où il servit avec compétence et se mérita la confiance des Indiens, malgré sa petite taille. Après un apprentissage comme commandant en second au fort Frontenac (Kingston, Ont.) en 1727 et 1728, il fut affecté au poste de Détroit en 1731. À cette époque, les guerres des Renards compromettaient les alliances françaises avec les tribus de l’Ouest. Comme les Français craignaient tout contact entre les Renards et ces tribus, d’Arnaud persuada les Hurons, alliés des Français, de tuer leurs prisonniers renards plutôt que de les garder comme esclaves. Cet habile coup mérita à d’Arnaud les louanges chaleureuses du gouverneur Charles de Beauharnois qui le nomma en 1732 commandant, chez les Miamis, au poste de la rivière Maumee, probablement situé sur l’emplacement actuel de Fort Wayne dans l’Indiana, ou dans la région limitrophe. Il est probable que le geste posé par d’Arnaud ait également compté pour beaucoup dans sa promotion comme lieutenant l’année suivante.
En 1732, une épidémie de petite vérole décima les Miamis et les tribus de la même famille, les Ouiatanons et les Peanquishas, forçant la majorité de leurs membres à se disperser. Le petit groupe qui restait alla s’établir à la rivière Blanche (peut-être la rivière Scioto, Ohio), se rapprochant ainsi des Anglais. Les Français s’alarmèrent, mais en 1734 d’Arnaud et un autre officier, Nicolas-Joseph de Noyelles de Fleurimont, avaient réussi à persuader les survivants épars de la tribu des Miamis de revenir dans leur ancien village, évitant ainsi l’effondrement d’une importante alliance.
Immédiatement après, d’Arnaud prit le commandement d’une troupe de Français et d’Indiens en vue de maîtriser une insurrection qui avait éclaté dans le village ouiatanon à propos d’une querelle avec un marchand français, mais le conflit cessa avant l’arrivée de la troupe. Craignant les conséquences d’un soulèvement général contre les Français si les Ouiatanons recevaient l’appui de leurs voisins, d’Arnaud ramena son détachement. Le gouverneur Beauharnois défendit fermement son attitude de conciliation comme la seule politique efficace devant la menace que constituait l’agitation des Renards et des Chicachas.
Le père de Jean-Charles d’Arnaud et Beauharnois avaient été longtemps camarades dans les forces navales, aussi n’est-il pas étonnant que le fils ait connu la protection et les louanges du gouverneur durant son service au Canada ; ses nominations aux postes de l’Ouest étaient de remarquables faveurs dont il sut tirer plein profit en formant en 1733 une compagnie dont le but était d’exploiter le commerce avec les Indiens au poste des Miamis.
Le ministre de la Marine, Maurepas, autorisa d’Arnaud à effectuer trois voyages en France, d’une durée de deux ans chacun, en 1733, 1738 et 1742, pour régler des affaires de famille en Bretagne et en Provence. D’Arnaud aurait entrepris le voyage de 1738 dans le but d’épouser la fille d’un dénommé Cugnet, probablement Louise-Charlotte, fille de François-Étienne Cugnet, mais celle-ci étant tombée gravement malade, le mariage n’eut pas lieu.
D’Arnaud fut commandant du fort Frontenac de 1740 à 1742 ; ce fut son dernier service d’importance au Canada. Il devint capitaine le 17 mai 1741. La maladie l’empêcha de participer à la guerre de la Succession d’Autriche et le força à se retirer comme capitaine réformé en 1746 ; il reçut une pension annuelle de 300# et la croix de Saint-Louis. En plus d’être protégé par Beauharnois, d’Arnaud jouit de l’influence constante de la comtesse de Donge à la cour. Cela peut expliquer pourquoi il fut le seul à obtenir sa pension en 1746 alors que l’on refusa les demandes de plusieurs officiers beaucoup plus âgés et au moins aussi impotents que lui. Retourné dans sa famille à Quimper, en Bretagne, il y retira sa pension régulièrement pendant plusieurs années. Lui rendant visite à son retour en France en 1749, Madame Bégon [Rocbert] le trouva d’agréable compagnie. Il vivait encore en janvier 1752. Après cette date, son nom disparaît des archives.
Jean-Charles d’Arnaud était un officier doué, sans grande ambition, qui semble avoir mené une vie confortable. Lors de son premier départ pour le Canada, il eut besoin d’une avance sur son salaire ; par la suite il ne demanda au roi aucune gratification et ne se plaignit d’aucune difficulté financière. Contrairement à plusieurs officiers canadiens, il ne semble pas s’être livré outre mesure à des spéculations hasardeuses ni à des dépenses extravagantes. Il fut étranger aux tribunaux et sut échapper au sort malheureux de plusieurs collègues officiers qui furent pourchassés jusque dans leur tombe par des créanciers en colère.
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S. Dale Standen, « ARNAUD (Darnaud, Darnault), JEAN-CHARLES D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/arnaud_jean_charles_d_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |