ANDERSON, ROBERT, homme d’affaires, né le 28 juin 1803 à Renfrew, Écosse, fils d’Archibald Anderson et d’Ann Graham ; décédé célibataire le 24 mars 1896 à Montréal.

Après avoir terminé ses études à Londres, Robert Anderson travailla à la Verreville Pottery, de Finnieston, près de Glasgow, qui appartenait alors à John Geddes ; on y faisait un commerce considérable avec l’Amérique du Nord. Anderson manifesta un sens aigu des affaires dès le début : en moins de deux ans, il devint gérant de l’établissement que Geddes possédait à Glasgow et où l’on vendait porcelaine, verrerie et faïence. Quatre ans plus tard, il dirigeait un magasin de Geddes à Belfast. Après avoir passé six ans à cet endroit, il s’installa à son compte à Galway (république d’Irlande). En 1840, il vendit tout et immigra à Montréal.

Anderson s’établit comme marchand de porcelaine à Pointe-à-Callière, près du port de Montréal, où il reçut des marchandises dès 1841. Ses liens avec la Verreville Pottery lui furent sans aucun doute utiles : même si son stock n’était aucunement limité à des articles d’origine écossaise, on peut voir dans les listes d’importation publiées dans les journaux de Montréal que ses pipes d’argile et ses tonneaux d’articles de faïence venaient souvent de Glasgow. En 1844, installé dans de « vastes locaux », sur un emplacement de choix de la rue Saint-Paul, presque en face du bureau de la douane, il faisait le commerce de gros et de détail d’articles de faïence, de verre, de métal anglais ou plaqués. Il gardait en magasin des objets solides, peu coûteux, qui trouvaient toujours acheteurs parmi les immigrants de plus en plus nombreux. Aux marchands de la campagne, il envoyait des caisses de marchandises variées, ou il vendait à la douzaine avec l’irrésistible slogan : « aux plus bas prix possibles ». Il faisait beaucoup de publicité pour annoncer qu’il avait en stock un million d’articles et quelque chose pour chacun : des cuvettes de lavabo pour les plombiers, des jouets pour les enfants, de la vaisselle de porcelaine opaque et des pots à marinade pour les ménagères. À sa clientèle plus fortunée, il offrait des ensembles de porcelaine à dorure pour le thé et de beaux vases. Sa réussite dans le commerce de porcelaine, solidement établie sur les connaissances acquises auprès de Geddes et sur son évaluation perspicace du marché canadien, lui permit d’amasser un capital suffisant pour passer à un autre secteur des affaires, et au printemps de 1854 il vendit son entreprise à James Thomson et à William Minchin.

Anderson loua un bureau et entreprit de faire fructifier son capital. Il avait déjà investi considérablement dans le domaine du transport à vapeur, alors en pleine expansion. Au début des années 1850, il était le deuxième actionnaire en importance de la Compagnie du chemin à rails du lac Saint-Louis et de la ligne de la province, qui faisait partie de la Compagnie du chemin de fer de Montréal et New York, et il fut l’un des promoteurs de la Compagnie du chemin de fer de Montréal et Bytown fondée en 1853, qui s’avéra un échec. À titre de membre de l’establishment financier écossais de Montréal, Anderson était un ami de longue date de Hugh Allan*. Lorsque ce dernier organisa la Compagnie des bateaux à vapeur océaniques de Montréal, constituée juridiquement en 1854, d’où naîtrait l’Allan Line, Anderson compta parmi les dix premiers actionnaires. Il investit £5 000 et fit partie du conseil d’administration jusqu’en 1858. Cette année-là, il vendit sa part à Allan et au jeune frère de ce dernier, Andrew*, à la suite d’un désaccord au sujet d’un projet d’augmentation du nombre des traversées vers la Grande-Bretagne, projet qu’Anderson jugeait trop risqué. Ils restèrent cependant amis, puisque ce dernier tint un cordon du poêle aux funérailles d’Allan en 1882.

À compter de 1859, Anderson orienta une grande partie de ses placements vers les institutions financières. Cette année-là, il se joignit aux pétitionnaires qui souhaitaient la constitution juridique de la Compagnie métropolitaine d’assurance contre le feu. Comme il était l’un des principaux actionnaires de la Commercial Bank of Canada, il dut faire face à une perte de 70 000 $ lorsque la banque suspendit ses paiements en 1867. L’année suivante, Anderson amorça une longue association avec la Banque des marchands du Canada [V. sir Hugh Allan] après sa mainmise sur la Commercial Bank ; nommé vice-président en 1882, il occupa ce poste jusqu’à son décès. Il fut l’un des principaux actionnaires de la Banque Molson et de la Banque de Montréal. En 1893, la part qu’il détenait dans cette dernière avait une valeur marchande de 253 000 $, et ses actions de la Banque des marchands étaient évaluées à 352 000 $. Entre-temps, à l’âge de 82 ans, il avait été élu administrateur de la Compagnie canadienne d’assurance sur la vie, dite du Soleil [V. Mathew Hamilton Gault*]. Il faisait également partie du conseil d’administration de la Compagnie de fabrication de papier du Canada et de la Nouvelle Compagnie du gaz de la cité de Montréal, et il possédait un avoir considérable dans le coton, les tramways et les titres municipaux.

Presbytérien fervent, Anderson fut conseiller presbytéral de la congrégation Coté Street (qui porta plus tard le nom de Crescent Street) durant un certain temps, et de la congrégation St Gabriel Street de 1855 à 1857. Il appartint plus tard à la congrégation St Paul. Toute sa vie, il distribua scrupuleusement le dixième de son revenu à des sociétés de bienfaisance, ce dont peu de gens étaient au courant, vu sa grande discrétion à ce sujet. Influent dans les cercles protestants, il compta parmi les fondateurs de la Maison protestante d’industrie et de refuge de Montréal en 1863, et fit partie du conseil de la Montréal Auxiliary Bible Society. Selon le Montreal Daily Star, le dimanche, il se promenait « les poches pleines de tracts [...] et les [déposait] en toutes sortes d’endroits où il y avait le plus de chances qu’on les trouve et qu’on les lise ». À mesure que les années passèrent, on le considéra de plus en plus comme un excentrique en raison de son extrême parcimonie pour lui-même et de la rudesse de ses manières. En politique, il était d’allégeance conservatrice.

Robert Anderson mourut « de faiblesse » à 92 ans ; nombre de personnes assistèrent à ses obsèques célébrées à l’église St Paul. Dans sa notice nécrologique, le Star soulignait qu’il aimait gagner de l’argent, [que] c’était son plaisir dans la vie ». Grâce à sa diligence, à sa prudence et à sa tempérance, Anderson amassa une fortune qu’on évalua à entre 1 500 000 $ et 2 000 000 $. Il en disposa par des legs nombreux. Parmi les établissements qui en bénéficièrent, on trouve le collège presbytérien de Montréal, la Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic, l’Institut maritime de Montréal, la Société Saint-André (dont il avait fait partie) et le Montréal Général Hospital (dont il avait été membre à vie du conseil d’administration). Ce sont sans doute les administrateurs de la Banque des marchands qui ont le mieux résumé ses qualités le jour de ses funérailles en évoquant son attention vigilante, sa capacité de tenir bon dans les périodes difficiles et la constance avec laquelle il s’acquitta de ses devoirs.

Elizabeth Collard

Gazette (Montréal), 6 août 1841, 18 mai 1842, 18 juin, 5 juill. 1844, 11 mars, 16 avril, 15 juill. 1845, 19 janv., 6 mars 1846, 6 oct. 1847, 9 juin 1848, 1er juill., 2 août 1851, 1er–2 nov. 1867, 25, 28 mars 1896.— La Minerve, 20 oct. 1842, 21 déc. 1852.— Montreal Daily Star, 25 mars 1896.— Montreal Transcript, 12 oct., 17 déc. 1844, 15 août 1846, 18 mars 1854.— Montreal Witness, 27 déc. 1882.— Montreal Witness, Weekly Review and Family Newspaper, 17 mai 1848.— Pilot (Montréal), 3 janv. 1849, 21 mars 1854, 1er oct. 1855.— La Presse, 25 mars 1896.— La Revue canadienne (Montréal), 3 mars 1846.— Borthwick, Hist. and biog. gazetteer.— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 4 : 505.— Montreal directory, 1843–1896.— T. E. Appleton, Ravenscrag : the Allan Royal Mail Line (Toronto, 1974).— Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church.— Elizabeth Collard, Nineteenth-century pottery and porcelain in Canada (éd. rév., Montréal, 1984).— G. H. Harris, The president’s book ; the story of the Sun Life Assurance Company of Canada (Montréal, 1928).— Elizabeth Collard, « The achievements of Scottish potters », Scottish Field (Glasgow, Écosse), 118 (avril 1971) : 42–43.

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Elizabeth Collard, « ANDERSON, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/anderson_robert_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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