ANANDAMOAKIN (Anondounoakom ; Onondamokin ; Long Coat, d’après son nom iroquois Atiaˀtawìˀtsheraˀ manteau), un des chefs loups (delawares) munsees ; il appartenait probablement au clan du Dindon et était peut-être un des fils du chef aveugle Allemewi (baptisé sous le nom de Salomon) ; circa 1756–1772.

Ayant perdu une grande partie de leurs anciennes terres aux trains des colons et des spéculateurs fonciers, les Munsees, également connus sous le nom de Minisinks, vivaient, au milieu des années 1750, sur le cours supérieur de la rivière Susquehanna, à Tioga (près d’Athens, Pennsylvanie). Le début de la guerre de Sept Ans vit s’accroître la rivalité entre les Britanniques et les Français, qui se disputaient l’amitié des peuplades indigènes ; dans son effort pour mettre un frein à l’aide apportée aux Français par les Indiens, sir William Johnson, surintendant des Affaires des Indiens du Nord, rencontra, du 9 au 11 juillet 1756, au fort Johnson (près d’Amsterdam, New York), les chefs chaouanons et loups. Bien qu’ils ne soient point nommés dans les rapports de Johnson, Paxinosa et Nutimus sont généralement considérés comme les chefs principaux des délégations de Chaouanons et de Loups, respectivement ; quoi qu’il en soit, au rapport du fils de Paxinosa, en date du 6 juillet, son père était accompagné d’un « chef de la nation Mennisink [Minisink] nommé Onondamokin ».

Le chef loup retourna à la résidence de Johnson à la fin du même mois, accompagné de quelques membres de sa tribu, mais, le 18 avril 1757, le gouverneur Vaudreuil [Rigaud] faisait état de ce qu’il avait attiré les Loups de Tioga au fort Niagara (près de Youngstown, New York). Même si, en juillet, les Britanniques eurent vent de dissensions survenues entre le commandant français du fort Niagara et « quelques Indiens munsees, accompagnant le roi de cette tribu, qui s’y rendirent ce printemps », Pierre Pouchot* lui-même, le commandant, rapporta que « le grand chef loup de Théoga » était revenu au fort Niagara le 12 juin, en compagnie de 27 guerriers. Quatre jours plus tard, ce chef, qu’on présume avoir été Anandamoakin, et quatre autres acceptèrent une invitation à se rendre à Montréal, où Vaudreuil les reçut à un conseil, en juillet. Ces Indiens, observa le gouverneur, « peuvent envoyer des partis [de guerre] jusqu’à New-York et à bien d’autres endroits où nos Indiens ne peuvent pas facilement aller frapper ».

Les résultats de ces attentions de la part des Français furent perçus un an plus tard, quand, envoyé par le gouverneur du New Jersey, pour inviter les Munsees à une conférence, l’Indien loup Moses (Tunda) Tatamy arriva, le 5 juillet 1758, à Aghsinsing (près de Corning, New York). Là, dans « la maison du roi », au rapport de Moses, « vivent Alamewhehum [Allemewi], un vieillard, et Anandamoakin, un gros homme, bien vêtus de vêtements français, comme le sont [aussi] presque tous les guerriers. Le vieillard est ami des Anglais [...] mais le gros homme est favorable aux Français et [...] s’apprête à leur rendre visite. » Quand l’invitation des Anglais leur fut communiquée, « tous les autres parurent très satisfaits [...] mais le gros homme baissa la tête et ne répondit pas ou bien peu ». Il en résulta que ce fut un troisième chef, Eghohund, qui dirigea la délégation des Munsees envoyée à la conférence.

Anandamoakin était à la tête du petit groupe, représentant les Munsees, qui, en 1760, accompagna le chef loup Teedyuscung lors d’un voyage dans l’Ouest qui comportait un arrêt à Pittsburgh pour conférer avec les autorités britanniques, du 12 au 17 août. Quand Teedyuscung se rapporta à Philadelphie, le 15 septembre, il avait, dans sa compagnie, « Anondounoakom, le fils du chef des Minisinks ».

En 1763, l’insatisfaction qui régnait chez les Tsonnontouans et les Indiens de l’Ouest tourna en un soulèvement contre les Britanniques [V. Pondiac*] ; les Munsees y jouèrent un rôle, si bien que sir William Johnson mettait à prix, en février 1764, pour la somme de $50, la tête de chacun de leurs principaux guerriers, Anand,amoakin et Yaghkaposin (Squash Cutter). Quand les soldats de Johnson détruisirent les villages munsees, leurs habitants cherchèrent refuge chez les Tsonnontouans, sur l’instance desquels les deux chefs hors la loi se rendirent de mauvaise grâce à Johnson Hall (Johnstown, New York), en 1765, à titre de délégués ; le 8 mai, ils acceptèrent les conditions de la paix qui les obligeaient à rester comme otages pour garantir la soumission de leur nation. Le lendemain, les Munsees tentèrent de se disculper en déposant Anandamoakin sous le prétexte qu’il avait été l’instigateur de leurs gestes hostiles, mais les Iroquois s’y opposèrent avec succès. Yaghkaposin mourut un mois plus tard, de la petite vérole, mais Anandamoakin fut relâché par la suite et, apparemment, retourna parmi son peuple qui avait quitté son ancien territoire pour s’établir sur le cours supérieur de la rivière Allegheny, à Goshgoshing (à mi-chemin entre Warren et Franklin, Pennsylvanie).

Le chef de ce lieu, Allemewi, devint membre de la secte des frères moraves en 1769, abandonna son poste et déménagea avec les Indiens de la mission à la rivière Beaver, près de l’actuel Moravia, dans la partie ouest de la Pennsylvanie. Le journal de cette mission note la visite d’Anandamoakin, du 9 au 11 octobre 1771, alors qu’il était en route pour le conseil indien de la rivière Muskingum (Ohio) ; le 10 août 1772, le même journal rapporte le départ du fils de Salomon (Allemewi), probablement Anandamoakin, qui retournait à l’Allegheny supérieure après une longue visite. Par la suite, il n’est plus fait mention de lui dans les documents connus.

William A. Hunter

Moravian Church Archives (Bethlehem, Pa.), Indian missions, box 135, Goschgoschünk and Lawunakhannek : box 137, Langundo Utenünk.— Pa. Hist. Soc. (Philadelphie), Christian Frederick Post journal, 1760.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain), XI : 95s.— Colonial records of Pa. (Hazard), VII : 6 juill. 1756 ; VIII : 8 oct. 1758, 15 sept. 1760.— [John Hays], John Hays’ diary and journal of 1760, W. A. Hunter, édit., Pennsylvania Archaeologist (Honesdale), XXIV (1954) : 81.— Johnson papers (Sullivan et al.), III : 695–697 ; IV : 336s. ; VI : 652 ; XIII : 334.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), VII : 152–159, 173–175, 285, 720–725, 736 ; X : 588, 590.— Paarchives (Hazard et al.), 1re sér., III : 505s.

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William A. Hunter, « ANANDAMOAKIN (Anondounoakom, Onondamokin, Atiaˀtawìˀtsheraˀ) (Long Coat) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/anandamoakin_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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