ALLAN, WILLIAM MUNDEN, médecin et chirurgien, né le 26 mai 1843 à Brigus, Terre-Neuve, fils de William Allan et de Susanna Ann Munden ; décédé célibataire le 21 juillet 1910 à Harbour Grace, Terre-Neuve.

Chirurgien, le père de William Munden Allan débarqua à Terre-Neuve vers 1837 ; il venait de Greenock, en Écosse. Il épousa, à Brigus, la fille de William Munden, prospère planter et patron de phoquier. La famille s’installa à St John’s en 1850 puis à Harbour Grace au plus tard en 1862. Là, Allan père succéda à son beau-frère William Dow au poste de médecin inspecteur du district de la baie Conception et de médecin de la prison. Le beau-frère de sa femme, John Munn*, était le principal homme d’affaires de la localité.

Le jeune William fit ses études à la Scott’s Academy de St John’s et à la grammar school de Harbour Grace. Après avoir reçu une formation en médecine à la University of Edinburgh, il rentra à Terre-Neuve. En 1868–1869, il fut médecin à l’Anglo-American Telegraph Company, à Heart’s Content. Par la suite, il gagna sa vie en pratiquant la médecine à Harbour Grace, mais pendant deux étés, ceux de 1875 et 1876, il fut le premier titulaire du poste de médecin au service de santé du Labrador. Le gouvernement avait instauré ce service à l’intention des résidents et des pêcheurs terre-neuviens de passage sur la côte du Labrador. On rapporte qu’il y traita plus d’un millier de cas de typhus. En 1870, il dirigeait l’hôpital pour malades infectieux établi sur la route de Carbonear.

Lorsque son père mourut, en 1881, Allan devint à son tour médecin inspecteur du district de Harbour Grace et médecin de la prison. Rémunéré par le gouvernement, il devait soigner les « pauvres », c’est-à-dire les personnes que des magistrats rémunérés ou les responsables de la distribution des secours aux pauvres avaient certifiées incapables d’acquitter leurs frais médicaux et celles qui bénéficiaient temporairement ou en permanence de l’assistance publique. À titre d’officier de santé du port, il avait notamment la responsabilité des mesures de quarantaine et des soins aux malades contagieux, ce pour quoi il touchait une rémunération spéciale. À ce revenu s’ajoutait celui de sa pratique privée, laquelle, comme celle de tous les médecins des petits villages de pêcheurs, fonctionnait selon la formule du louage de services. Les clients versaient à l’avance, pour un an, une somme fixe (en général 5 $ par famille, comptant ou en nature) ; en retour, le médecin leur offrait consultations, traitements et médicaments (les frais d’accouchement étaient en sus).

C’est dans le domaine des maladies infectieuses qu’Allan bâtit sa renommée. En 1889, le brigantin William jeta l’ancre à Harbour Grace. Une fois que les vêtements de l’équipage eurent été distribués aux pauvres pour être lavés, on découvrit à bord des cas de variole d’un type particulièrement virulent. Plus de 60 personnes tombèrent malades ; c’étaient, pour la plupart, des pauvres d’ Upper Island Cove, agglomération voisine d’environ 1 500 habitants non vacinés. Quarante maisons furent mises en quarantaine, et le ministre anglican figurait parmi les morts. Allan combattit héroïquement l’épidémie et réussit à y mettre fin, non sans avoir incendié bon nombre d’habitations. La nouvelle fut captée par télégraphe et transmise à l’étranger.

Allan joua un grand rôle dans la formation de la Conception Bay Medical Society en 1883 et en fut le président durant de nombreuses années. En 1893, le gouvernement de Terre-Neuve adopta le Medical Act ; cette loi, la première du genre dans la colonie, avait pour but de réglementer l’exercice de la médecine et d’établir un registre. Selon ce document, seulement 61 médecins, dont Allan, pratiquèrent à Terre-Neuve de janvier 1894 à janvier 1896. De ce nombre, dix n’avaient pas fait d’études de médecine mais étaient admissibles en vertu d’une clause « grand-père ». Ces chiffres donnent environ un médecin par groupe de 3 500 habitants. Pendant plusieurs années, Allan fut l’un des sept membres du Newfoundland Medical Board, l’organisme officiel de réglementation de la profession.

Surnommé « Doctor Will », William Munden Allan demeura médecin inspecteur du district et médecin de la prison jusqu’à sa mort en 1910. Il fut au premier plan de la vie sociale de sa localité mais demeura célibataire. Membre du Harbour Grace Turf Club, il avait invariablement un cheval rapide. On dit que les gardes-malades et sages-femmes de l’endroit avaient un faible pour lui et « ne tarissaient pas d’éloges sur ses mains de velours ».

Patricia O’Brien

PANL, GN 2/22/A, 1841–1877 ; GN 30, vol. 34–36A, 43 ; MG 271, box 3, file 16 ; MG 619, book 1.— PRO, CO 199/51–96 (T.-N., Blue books, 1855–1901), particulièrement 199/76–77 (1880–1881).— Daily News (St John’s), 20 juill. 1925.— Evening Telegram (St John’s), 22–23 juill. 1910, 13 mai 1958.— W. A. Munn, « Harbour Grace history », c.12, 14, 20, 23, dans Nfld Quarterly, 36 (1936–1937), no 3 : 17–21 ; 37 (1937–1938), no 1 : 21–25 ; 38 (1938–1939), no 3 : 5–9 ; 39 (1939–1940), no 2 : 5–10.— T.-N., Acts, 1893, c.12.— Nfld men (Mott).— Patricia O’Brien, « A history of medicine in Newfoundland » (texte dactylographié, St John’s, 1990), extraits des chapitres 3 et 4.

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Patricia O’Brien, « ALLAN, WILLIAM MUNDEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/allan_william_munden_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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