ALLAN, ANDREW, propriétaire de navires et capitaliste, né le 1er décembre 1822 à Saltcoats, Écosse, quatrième des cinq fils d’Alexander Allan et de Jean Crawford ; le 8 septembre 1848, il épousa à Montréal Isabella Ann Smith, fille de John Smith, grand marchand montréalais de nouveautés, et sœur de la femme de son frère aîné Hugh* ; six fils et deux filles naquirent de ce mariage ; décédé le 27 juin 1901 à Montréal.

De par ses intérêts dans le transport maritime, la famille Allan avait des relations d’affaires des deux côtés de l’Atlantique ; c’est en partie ce qui amena Andrew Allan au Bas-Canada. En 1839, un des associés montréalais de Hugh Allan mourut ; l’entreprise de ce dernier connut alors une réorganisation et prit le nom d’Edmonstone, Allan and Company. Plus tard cette année-là, Andrew immigra à Montréal pour s’initier au travail de commis dans cette société de transport maritime, de construction navale et de commerce. En 1846, il fut admis comme associé ; 17 ans plus tard, l’entreprise deviendrait la H. and A. Allan Company.

Tout comme Hugh, Andrew Allan avait des intérêts importants dans la Compagnie des bateaux à vapeur océaniques de Montréal, qui fut constituée juridiquement en 1854. Trois ans plus tard, la famille Allan devint l’unique propriétaire de cette entreprise dont la plus grande innovation consisterait à assurer la liaison entre le Saint-Laurent et la Grande-Bretagne au moyen de vapeurs à coque de fer et à hélices. Les subventions et contrats gouvernementaux – subventions pour le transport des immigrants et contrats de transport du courrier – formaient une part importante des rentrées de la compagnie et contribuaient à sa réussite.

Sans nul doute, Hugh Allan était l’âme dirigeante de ce qui devint la principale compagnie de transport à vapeur du Canada ainsi que des multiples autres entreprises dans lesquelles la famille Allan avait investi. Jusqu’à la mort de Hugh en 1882, Andrew, en général, demeura sous son aile. Le sens des affaires de son mentor l’ébahissait. En 1870, il notait : « chaque année, j’ai encore plus de raisons de m’émerveiller de ses qualités d’homme d’affaires et de les admirer ». À la mort de Hugh, Andrew prit la tête des entreprises canadiennes des Allan.

Ce fut donc sous la direction d’Andrew Allan que la société de transport maritime connut sa période d’activité la plus intense : dans les années 1880 et 1890, elle transportait des marchandises et des passagers dans le monde entier. Son arrivée ne bouleversa pas la direction de l’entreprise ; néanmoins, il se montra capable d’instituer des changements. En 1897, en partie pour obtenir le capital neuf que nécessitait le rajeunissement de la flotte, il présiderait à la dissolution de l’entreprise familiale et à la création d’une société par actions à responsabilité limitée, l’Allan Line Steamship Company Limited, dont le siège serait à Glasgow et dont il assumerait la présidence. En outre, il sut représenter avec dynamisme, sur d’autres fronts, les intérêts des Allan dans le transport maritime. Membre influent de la Commission du havre de Montréal de 1873 à sa mort, il en fut président pendant plusieurs années.

La Banque des marchands du Canada faisait aussi partie de l’empire financier de la famille Allan. Fondée en 1861 par Hugh, Andrew et d’autres hommes d’affaires, elle avait vite pris de l’expansion, surtout en Ontario et dans l’ouest du Canada, et était devenue l’un des plus gros établissements financiers du pays. Actionnaire important de la banque, Andrew Allan fit partie du conseil d’administration de 1861 à 1883 et occupa la présidence de 1883 à 1901. Il veilla à ce que la banque continue de prendre de l’expansion dans l’Ouest, mais elle n’accrut pas son pouvoir économique de façon constante. Au cours de la présidence d’Andrew Allan, l’actif augmenta d’un tiers, mais le bénéfice net chuta. Les Allan, Andrew compris, recouraient à la banque pour soutenir leurs investissements personnels dans la Compagnie du chemin de fer de Manitoba et du nord-ouest du Canada. Cette habitude de consentir à la famille des prêts qui demeuraient constamment impayés, au lieu de placer un plus fort pourcentage de ses avoirs dans des valeurs plus sûres, exposait la banque à l’instabilité financière.

Si Andrew Allan réussit assez bien dans le domaine du transport maritime et le secteur bancaire, sa participation aux activités de la Compagnie du chemin de fer de Manitoba et du nord-ouest du Canada, par contre, fut un échec. La famille avait beaucoup investi dans cette entreprise, et Allan, qui y était lié depuis 1883, en devint président en 1892. On avait publié des guides qui vantaient avec enthousiasme les terres de l’entreprise, et les Allan avaient, non sans succès, exercé de fortes pressions pour obtenir des subventions fédérales et provinciales afin de prolonger la ligne. En 1894, faute de pouvoir rembourser les intérêts sur sa dette, l’entreprise fut mise sous séquestre ; le syndic était son vice-président, Hugh Montagu Allan* (fils de Hugh). La famille Allan et les détenteurs d’obligations du chemin de fer ne tardèrent pas à se disputer le contrôle de l’actif de l’entreprise. Contrairement à son habitude, Andrew Allan fit une intervention publique : il fit paraître une lettre pour rassurer les détenteurs d’obligations, faisant valoir que les subventions gouvernementales pourraient être la solution aux difficultés financières de l’entreprise. Pendant ce temps, Hugh Montagu Allan tentait de louer la ligne à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Le fait qu’ Andrew participa peu, directement, aux négociations, indiquait peut-être que les cadets de la famille grimpaient dans la hiérarchie des Allan. En 1898, au terme d’un litige prolongé, l’administration de l’actif de la compagnie passa à un syndic qui représentait les détenteurs d’obligations. En 1900, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique loua les 223 milles de voie reliant Portage-la-Prairie, au Manitoba, à Yorkton (Saskatchewan).

Andrew Allan fut président de nombreuses sociétés manufacturières, dont la Montreal Rolling Mills Company, la Cornwall Woollen Manufacturing Company et la Dominion Oil Cloth Company. Avec plusieurs autres éminents hommes d’affaires, il fonda en 1883 la Citizens Gas Company of Montreal dans l’espoir de déclasser la Compagnie de gaz de Montréal, mais la tentative échoua. Il fit partie du conseil d’administration de l’Association d’assurance sur la vie, dite la Confédération et de la Compagnie du télégraphe de Montréal ; en 1882, il succéda à Hugh à la présidence de cette dernière entreprise.

La participation d’Andrew Allan à des organisations religieuses, sociales et militaires reflétait ses antécédents écossais. D’abord, il se joignit à la même église presbytérienne que son frère, St Andrew. Cependant, peu après s’y être marié en 1848, il la quitta pour l’église St Paul. Membre du conseil d’administration de cette église à compter du 10 septembre 1849, il en fut président de 1872 à 1901. Le conseil s’occupait surtout de questions financières : collecte du loyer des bancs, accumulation de fonds pour des travaux de construction, engagement des ministres. St Paul était l’église presbytérienne la plus riche au Canada, et Andrew Allan lui versait de généreux dons pour financer diverses activités du conseil. Il était aussi membre à vie de la Société Saint-André ; il y avait adhéré le 30 novembre 1841, mais dès les années 1850, il n’assistait plus aux réunions. Dans la période de tension qui suivit l’affaire du Trent en 1861 [V. sir Charles Hastings Doyle*], il devint officier dans le Royal Light Infantry de Montréal.

La plupart des autres activités philanthropiques d’Allan étaient étroitement reliées à ses affaires. Elles tournaient autour de l’Institut maritime de Montréal, qui encourageait la sobriété et la moralité chez les marins à terre en leur offrant une salle de lecture, des concerts et des offices religieux. Allan fut président de l’institut de 1862 à sa mort. Si l’on excepte les fonds recueillis par les officiers auprès de leur équipage, dont ceux de l’Ahan Line, la principale source de revenus de l’institut était la famille Allan. Par ailleurs, Andrew Allan s’occupait de la Maison protestante d’industrie et de refuge de Montréal, dont il devint administrateur à vie en 1863. À titre d’administrateur élu en 1869–1870, il eut la responsabilité de visiter ce foyer.

Andrew Allan fut un chef d’entreprise important et efficace. Il avait des intérêts considérables dans des secteurs clés de l’économie canadienne, dont le transport, les banques, les communications, le secteur manufacturier et les assurances. Cependant, cet homme taciturne n’avait pas le dynamisme et le flair d’entrepreneur de son frère. Il passa une bonne partie de sa carrière à l’ombre de Hugh et, quand on place les deux côte à côte, la comparaison est à son désavantage.

Gordon Burr

Andrew Allan est l’auteur de Letter of the president [of the Manitoba and North Western Railway Company of Canada] [...] to the holders of the 540,000 six per cent (1886) first mortgage bonds [...] ([Montréal, 1894]).

AN, MG 28, III 23 (mfm).— ANQ-M, CE1-125, 8 sept. 1848 ; P1000-1-5.— Arch. de la Banque de Montréal, Banque des marchands du Canada, minute-books, 1864–1917 (mfm aux AN).— Arch. du Canadien Pacifique (Montréal), Van Horne corr., incoming corr., no 40331.— Church of St Andrew and St Paul (Presbyterian) (Montréal), St Paul’s Church, annual bul., 1901–1902 ; board of trustees, minute-books, 1852–1913 ; communion roll book, 1848–1854.— St Andrew’s Soc. Arch. (Montréal), Annual report, 1860–1910 ; Minute-book, 1885–1906.— Gazette (Montréal), 28 juin 1901.— Montreal Daily Star, 28 juin 1901.— T. E. Appleton, Ravenscrag : the Allan Royal Mail Line (Toronto, 1974).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Montreal Protestant House of Industry and Refuge, Annual report, 1869 ; 1901–1902.— Montreal Sailors’ Institute, Annual report, 1871–1933.— Terrill, Chronology of Montreal.

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Gordon Burr, « ALLAN, ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/allan_andrew_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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