Titre original :  Andrew Robertson Gordon in his uniform as Commander of the Fisheries Protection Fleet. Image courtesy of Jean Pollock.

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GORDON, ANDREW ROBERTSON, officier de marine, homme d’affaires, fonctionnaire et hydrographe, né le 13 février 1851 à Aberdeen, Écosse ; il épousa Mary Elizabeth Parker, et ils eurent plusieurs enfants ; décédé le 24 mars 1893 à Ottawa.

Andrew Robertson Gordon fit ses études à Aberdeen et entra dans la marine royale en 1863. Promu lieutenant huit ans plus tard, il quitta la marine en octobre 1873. Dès août 1872, toutefois, il avait immigré au Canada, s’était fixé à Cooksville (Mississauga, Ontario) et avait épousé la fille de Melville Parker, vice-président du conseil du canton de Toronto et plus tard préfet du comté de Peel. Vers la fin des années 1870, Gordon et Parker étaient associés dans l’exploitation d’une raffinerie de pétrole près de Cooksville.

Le 1er août 1880, Gordon entra en fonction au département fédéral de la Marine et des Pêcheries [V. George Templeman Kingston*] à titre de surintendant adjoint du Service météorologique. En poste au bureau central du service à Toronto, il était chargé d’inspecter les stations d’observation météorologique et de conseiller le surintendant Charles Carpmael sur l’expansion du service. Au cours de l’été de 1881, Gordon se rendit dans les stations de la province de Québec et du golfe du Saint-Laurent ; il proposa par la suite que le service procède à un levé magnétique du golfe. Deux ans plus tard, il fit une tournée dans le sud du Manitoba et le Nord-Ouest en vue de formuler des recommandations sur l’expansion du service dans cette partie du pays. Avant cette époque, il n’y avait eu à l’ouest de Winnipeg que quatre stations météorologiques, qui transmettaient d’ailleurs des bulletins irréguliers. Le service souhaitait en établir de nouvelles près de la ligne télégraphique qui longeait le chemin de fer canadien du Pacifique, alors en construction. Gordon déposa son rapport et, moins de deux ans plus tard, on avait déjà ouvert plusieurs stations.

Gordon resta au Service météorologique à titre de surintendant adjoint mais, à compter de l’été de 1884, il s’occupa de plus en plus d’autres travaux à l’intérieur du département. Ainsi fut-il appelé cette année-là à diriger la première expédition canadienne depuis la Confédération à se rendre à la baie d’Hudson, dans le but d’évaluer la période de l’année où le détroit d’Hudson était navigable. Les gens de l’Ouest réclamaient alors la construction d’un chemin de fer qui se rendrait jusqu’à la baie d’Hudson, à l’embouchure du fleuve Nelson ou du fleuve Churchill ; pour être en mesure de prendre une décision, le gouvernement devait faire cette étude.

La première expédition, commandée par Gordon, partit donc de Halifax en juillet 1884 à bord du Neptune, et mit sur pied cinq stations d’observation le long du détroit et une sur la côte du Labrador. À chaque endroit, on laissa pour l’hiver une équipe de trois hommes chargés d’observer la formation des glaces, la débâcle et le mouvement de celles-ci, et d’en prendre note. Les équipes enregistrèrent également les conditions météorologiques, recueillirent des données sur la marée et, en un endroit, firent des observations magnétiques. Au cours des étés de 1885 et de 1886, Gordon dirigea d’autres expéditions, cette fois à bord de l’Alert, pour observer les conditions pendant la saison chaude et renouveler le personnel des équipes ; en 1886, il démonta les stations et rembarqua les hommes et le matériel. Gordon conclut dans ses rapports que le détroit d’Hudson n’était navigable que de juillet à octobre, et que les meilleures conditions se produisaient en août et en septembre. Il soutint avec vigueur que l’estuaire du Nelson ne se prêtait nullement à l’aménagement portuaire, mais que Churchill, par contre, présentait toutes les caractéristiques nécessaires pour devenir un grand port et « devait être le terminus du chemin de fer projeté ». En vue d’affermir l’autorité du Canada dans l’Arctique, il réclama aussi la réglementation de la pêche à la baleine. D’autres membres des expéditions, dont Robert Bell*, publièrent des comptes rendus sur la géologie, la flore, la faune et les Inuit du Nord.

Gordon n’était pas un fonctionnaire ordinaire – certainement pas au sens où on l’entend aujourd’hui – et les occupations auxquelles il se livra pendant ses hivers à Toronto, toujours au Service météorologique, en témoignent. En 1884, il demanda, sans succès d’ailleurs, à Frederic Newton Gisborne, surintendant du service fédéral de télégraphie, de hausser le salaire de son frère Leslie, télégraphiste et observateur météorologiste dans le Nord-Ouest. Militant du parti conservateur, il eut néanmoins des démêlés avec son ministère lorsqu’il embaucha, au début de l’année 1885, James Gordon Mowat à titre d’adjoint spécial pour rédiger un document sur le climat canadien. Climatologue et journaliste compétent, Mowat était aussi, par malheur, un adversaire politique du parti au pouvoir, et Gordon fut forcé de le laisser partir quelques mois plus tard, avant même qu’il ait terminé son rapport. Au printemps de 1886, Gordon écrivit au ministre de son département, George Eulas Foster*, pour lui demander de prendre, s’il y avait lieu, les mesures nécessaires afin de légaliser le mariage du missionnaire Joseph Lofthouse et de sa fiancée d’Angleterre, qu’il avait célébré l’été précédent à la baie d’Hudson en sa qualité de capitaine de navire. Bien que fonctionnaire, Gordon s’associa aux hommes politiques conservateurs : en 1886, il vendit du bétail de sa ferme de Cooksville à son ancien ministre, Archibald Woodbury McLelan*, et, l’année suivante, avant les élections fédérales, il participa ouvertement à des assemblées dans la circonscription de Peel.

Ambitieux, il n’hésita pas à se servir de ses amis politiques, mais il ne parvint jamais à se faire nommer sous-ministre, comme il l’aurait souhaité.

Après ses voyages d’exploration à la baie d’Hudson, Andrew Robertson Gordon s’absenta chaque été du Service météorologique pour commander la flottille chargée de la protection des pêches sur la côte est. Le 14 octobre 1891, on le nomma conseiller naval et commandant de cette flottille. Atteint de tuberculose, il quitta le service actif en 1892 pour superviser la patrouille des garde-pêche depuis Ottawa. C’est là qu’il mourut l’année suivante, et on l’inhuma à l’église anglicane St Peter de Springfield, près de Cooksville.

Morley K. Thomas

Les comptes rendus des trois expéditions d’Andrew Robertson Gordon à la baie d’Hudson ont été publiés en monographies distinctes et en annexes aux rapports annuels du département de la Marine et des Pêcheries puis du département de la Marine. Tous publiés à Ottawa, les rapports portent les titres suivants : Report of the Hudson’s Bay expedition, under the command of Lieut. A. R. Gordon, R.N., 1884 (1885) (aussi paru dans Canada, Dép. de la Marine et des Pêcheries, Annual report, 1883–1884, app. 30) ; Report of the second Hudson’s Bay expedition [...] 1885 (1886) (aussi Canada, Dép. de la Marine, Annual report, 1884–1885, app. 29) ; et Report of the Hudson’s Bay expedition of 1886 [...] ([1887]) (aussi Annual report, 1885–1886, app. 27). Les rapports ministériels figurent aussi dans Canada, Parl., Doc. de la session, 1885, no 9 ; 1886, no 11 ; et 1887, no 15.

AO, RG 22, sér. 224, reg. H (1892–1894) : 135 ; Toronto Township, abstract index to deeds, concession 1 N.D.S., lot 17 ; deeds, vol. 10, nos 1021–1023 (mfm).— Canada, Environnement Canada, Service de l’environnement atmosphérique, Quartier général national (Toronto), Service météorologique, superintendent’s letter-books ; A. R. Gordon, letter-books, 1880–1893 ; Dép. de la Marine, service météorologique, Annual report (Ottawa), 1880–1893 (publié séparément et dans l’Annual report du département).— Brampton Conservator (Brampton, Ontario), 30 mars 1893.— Ottawa Citizen, 25 mars 1893.— Alan Cooke et Clive Holland, The exploration of northern Canada, 500 to 1920 : a chronology (Toronto, 1978).— Dominion annual reg., 1884 : 392.

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Morley K. Thomas, « GORDON, ANDREW ROBERTSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gordon_andrew_robertson_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    28 novembre 2024