JUCHEREAU DE SAINT-DENIS, NICOLAS, seigneur, colonisateur, commerçant, membre du Conseil de la colonie pour la traite, directeur de la Traite de Tadoussac, militaire, probablement né à La Lande-sur-Eure, France, vers 1627, fils de Jean Juchereau de Maur et de Marie Langlois, décédé à Québec le 4 octobre 1692.
Nicolas Juchereau passa au Canada en 1634 avec son père, qui avait quelque fortune. Son oncle, Noël Juchereau Des Chatelets, serait venu au Canada probablement deux ans auparavant pour s’occuper des intérêts de la Compagnie des Cent-Associés, et devint plus tard commis général de la Communauté des Habitants.
Nicolas Juchereau jouit de vastes domaines. Par concession, don où achat, il obtient des terres à Québec, à Beauport et à l’île d’Orléans. En 1656, il se fait concéder la seigneurie de la Grande Anse (Saint-Roch-des-Aulnaies), comprenant îles et battures, où il ne se fait que peu où pas de culture. Les Giffard lui concèdent, en 1673, le fief Duchesnay, comprenant neuf arpents de front sur toute la profondeur de la seigneurie de Beauport ; Juchereau voit à son peuplement et à son exploitation.
C’est pour son fils Joseph, âgé de six ans, qu’il reçut du gouverneur de Buade de Frontenac, en 1679, la seigneurie de Saint-Denis. Bien qu’on lui donne parfois le titre de seigneur de Beauport, Nicolas Juchereau n’a jamais possédé cette seigneurie. C’est son fils, Ignace Juchereau* Duchesnay, qui en reçut don le 17 février 1683 et en prit possession en 1696.
Nicolas Juchereau s’occupe aussi du commerce des pelleteries. Comme son père, il est un temps membre du Conseil de la colonie pour la traite. Dès 1649, on le voit partir pour la grande chasse avec les Indiens. De 1660 à 1665, il fait plusieurs randonnées dans la région de Tadoussac, souvent en compagnie du père Druillettes. Il fait partie, en 1663, du groupe des 17 Canadiens auxquels le gouverneur Pierre Dubois Davaugour afferme le quart du castor, les droits sur la boisson et la Traite de Tadoussac ; quand le bail est cassé par le Conseil souverain, quelques mois plus tard, son frère Jean Juchereau de La Ferté est nommé pour percevoir les droits. Nicolas Juchereau sera pendant plusieurs années intéressé dans le bail de Tadoussac et pendant quelque temps directeur de la traite à cet endroit. C’est là que le rencontre le père Albanel en 1670, et qu’il obtient de lui deux Français pour compagnons de voyage. En 1672, le même missionnaire trouve passage de Chicoutimi à Tadoussac sur le bateau de Nicolas Juchereau qu’il qualifie alors de « capitaine de Tadoussac ».
En 1679, Juchereau reçut chez lui son beau-frère, Charles Legardeur de Tilly, membre du Conseil souverain, exilé de Québec par Frontenac. En 1684, il fut au nombre des 18 notables que l’intendant consulta sur les finances du pays. La même année, Denis Riverin*, agent des fermiers de la Traite, lui contesta le droit de faire la pêche, de chasser et de conduire la traite à son fief Saint-Denis ; ces privilèges, « oubliés » en 1679 lors de la concession du fief, devaient être officiellement accordés à la femme de Juchereau en 1697.
Il se distingue aussi comme soldat. En 1666, à la tête d’une compagnie de milice, il participe à l’expédition du gouverneur de RÉmy de Courcelle et à celle de M. de Prouville de Tracy contre les Iroquois. Il gardera par la suite le commandement de cette compagnie. Quand Phips attaque Québec en 1690, Nicolas Juchereau est posté, avec ses quelque 80 miliciens, au point de débarquement des troupes anglaises, avec mission de les harceler et de barrer leur route. Il se fait casser un bras d’un coup de feu alors qu’il tente de repousser les envahisseurs. Les milices de Beauport et de Beaupré s’étant rendues maîtres de six canons ennemis, il en reçoit un comme trophée. En février 1692, il est anobli en récompense de ses services comme colonisateur et soldat.
Il décéda à Québec le 4 octobre 1692 et fut inhumé au cimetière de Beauport. Le 22 septembre 1649, il avait épousé Marie-Thérèse Giffard, dont il eut 12 enfants. Sa femme mourut en 1714.
AN, Col., C11A, 6, ff.437s., Déclaration de Nicolas Juchereau sur la traite de Tadoussac, 18 oct. 1684.— Coll. de manuscrits relatifs à la Nouv.-France, I : 523 ; II : 53.— JR (Thwaites).— Jug. et délib., passim.— Papier terrier de la Cie des I. O. (P.-G. Roy) ; P.-G. Roy, Inv. concessions, I–III. [Mme Pierre [F.L.] Montagne, Tourouvre et les Juchereau ... (Québec, 1965).]
Bernard Weilbrenner, « JUCHEREAU DE SAINT-DENIS, NICOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/juchereau_de_saint_denis_nicolas_1F.html.
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Auteur de l'article: | Bernard Weilbrenner |
Titre de l'article: | JUCHEREAU DE SAINT-DENIS, NICOLAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |