GAULTIER DE VARENNES, RENÉ, officier du régiment de Carignan-Salières, seigneur, gouverneur de Trois-Rivières, né vers 1635 à Bécon (Anjou) d’Adam-Pierre Gaultier de La Vérenderie et de Bertrande Gourdeau, décédé le 4 juin 1689.

Il appartenait, comme lieutenant, à la compagnie d’Arnoult de Loubias de Broisle, cantonnée à Trois-Rivières à l’automne de 1666. Le 26 septembre 1667, il épousa Marie, âgée de 12 ans, fille de Pierre Boucher*, gouverneur de Trois-Rivières. Le contrat de mariage, passé devant le notaire Séverin Ameau* le 22 septembre, stipulait que Boucher nourrirait sa fille et le futur époux durant une période de six mois et que l’on prierait M. de Rémy de Courcelle, gouverneur de la Nouvelle-France, de bien vouloir obtenir pour Varennes la charge et les provisions de son beaupère.

Pierre Boucher avait en effet décidé de quitter Trois-Rivières pour s’établir dans sa seigneurie de Boucherville, ce qu’il fit en 1667. René Gaultier assuma probablement la charge de gouverneur dès son départ, mais il ne figure comme tel, dans les registres conservés, que le 10 juin 1668. Sa nomination officielle viendra en 1672.

En 1671, Gaultier de Varennes prend part à l’expédition de Courcelle au lac Ontario, où il fait bonne figure. En octobre de l’année suivante, Talon lui accorde les seigneuries de Varennes et de Du Tremblay « en considération des bons, utiles et louables services qu’il a rendus à Sa Majesté en différents endroits, tant en l’ancienne France qu’en la Nouvelle... ». En outre, le gouverneur de Buade de Frontenac lui concède en fief noble, en 1673, la seigneurie de La Vérenderie, dite aussi La Gabelle.

En 1681, ce dernier écrit à Colbert que les « sieurs de Varennes et Boucher, son beau-père, ont chacun cinq canots et dix hommes de traite dans les bois ». Ce supplément de revenus n’empêche pas le gouverneur trifluvien de vivre dans la pauvreté, tant ses appointements sont médiocres. Comme gouverneur, il reçoit, au début, 1 200# par année, puis à partir de 1685, 3 000. Par surcroît, il doit entretenir à ses frais l’officier et les sept soldats de la garnison de Trois-Rivières. D’autre part, ses trois seigneuries rapportent fort peu, puisque leur population totale, en 1681, est de 101 habitants. Du Tremblay en groupe alors 30, n’a que 67 arpents de terre cultivée et 3 bêtes à cornes pour tout bétail. À Varennes, il n’y a que 71 habitants, 218 arpents de terre en culture et 57 bêtes à cornes. Quant au fief de La Gabelle, il n’est pas peuplé.

Gaultier s’y rend parfois pour rencontrer les Indiens et faire avec eux une traite clandestine qui lui vaut d’ailleurs des remontrances de la cour. L’intendant de Meulles*, en particulier, s’en plaint vivement dans une lettre datée du 28 septembre 1685 : « M. De Varennes, gouverneur des Trois-Rivières, écrit-il, se sert de son autorité pour faire seul le commerce avec les Sauvages dans un lieu nommé la Gabelle à quatre lieues des Trois Rivières, ce qui est déffendu par les ordonnances de Sa Majesté qui ne le permettent qu’aux Trois-Rivières. je nay pas laissé d’en dire plusieurs fois mon sentiment au d. sieur de Varennes, qui na pas paru en estre fort satisfait. » Et ce, tellement que de Meulles doit, s’il faut l’en croire, subir les foudres du cousin de Gaultier, M. de Montortier, et du gouverneur de Brisay* de Denonville. Ce dernier aurait même fait remarquer à l’intendant qu’en France « les Intendants allaient après le gouverneur », ce à quoi il lui fut rétorqué « qu’il fallait proprement regarder ces gouverneurs [tel celui des Trois-Rivières] icy comme des Majors ou simples commandans ». D’ailleurs, M. de Varennes n’a-t-il pas épousé « la fille d’un homme qui a esté engagé des Jésuites trente-six mois, et qui les a servy en qualité de cuisinier, ce mesme homme, en premieres noces a espousé une femme sauvage ».

En mars de l’année suivante, le roi faisait savoir au gouverneur de Trois-Rivières qu’il avait été informé du commerce qu’il faisait et qu’il espérait que cela n’arriverait plus. Quoi qu’il en soit, M. de Denonville devait recommander le renouvellement de la commission de Gaultier de Varennes en soulignant : « c’est un très-bon gentilhomme qui n’a de vice que la pauvreté ». Celui-ci vît donc sa commission renouvelée tous les trois ans jusqu’à sa mort.

Sa jeune veuve lui survécut 44 ans. Elle passa d’abord quelques années chez son père, à Boucherville, s’installa ensuite à Varennes et, en 1712, gagna définitivement Montréal. Elle appartenait à l’une des plus illustres familles du Canada, les Boucher, à la renommée de laquelle elle contribua largement, car ses neufs enfants jouèrent, pour la plupart, un rôle prédominant en Nouvelle-France.

Albert Tessier

Documents inédits, Les Gaultier de La Vérenderie en France et au Canada et leurs relations par delà l’Océan, éd. Antonio Champagne, RHAF, XII (1958–59) : 262–267, 411–427 ; XIII (1959–60) : 97–122 ; Documents et renseignements inédits sur La Vérendrye et sa famille, éd. Antonio Champagne, BRH, LXII (1956) : 60–75, 171–193.— Documents sur Pierre Gaultier de La Vérendrye, éd. Jean-Jacques Lefebvre, RAPQ, 1949–51 : 33–67.— NYCD (O’Callaghan and Fernow), IX.— Ivanhoë Caron, René Gaultier de Varennes, gouverneur des Trois-Rivières, BRH, XXIII (1917) : 117–125.— Ægidius Fauteux, Les Gaultier de Varennes et de La Vérendrye BRH, XXIII (1917) : 244–249.— Benjamin Sulte, Les Gaultier de Varennes, RC, X (1873) : 781–789, 849–856, 935–950 ; Les Gouverneurs des Trois-Rivières, BRH, II (1896) : 69, 72 Officiers de Carignan, BRH, XVII (1911) : 193–197 La Vérenderie avant ses voyages au Nord-Ouest, BRH, XXI (1915) : III.

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Albert Tessier, « GAULTIER DE VARENNES, RENÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gaultier_de_varennes_rene_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    28 novembre 2024