GUITON DE MONREPOS, JACQUES-JOSEPH, lieutenant général civil et criminel de la juridiction royale de Montréal, originaire de la province de Guyenne, France, circa 1740–1764.
Le 16 octobre 1740 décédait à Montréal le lieutenant général civil et criminel de la juridiction royale, Pierre Raimbault*. Il n’était pas question de le remplacer par le lieutenant particulier Jean-François Malhiot car, à l’été de 1740, à la suite de nombreuses irrégularités de procédure commises par celui-ci, on avait été obligé de nommer le conseiller Jacques de Lafontaine de Belcour, pour exercer les fonctions de lieutenant général par intérim. Par conséquent devant l’incompétence juridique de Malhiot et l’impossibilité de trouver dans la colonie quelqu’un qui eût exercé la charge adéquatement, les autorités coloniales demandèrent au ministre de la Marine, Maurepas, de « trouver dans les Provinces » un juge qui joindrait à la probité « l’expérience dans les affaires de Judicature ». Le 1er février 1741, le ministre accordait le poste de lieutenant général civil et criminel de la juridiction royale de Montréal au sieur Jacques-Joseph Guiton de Monrepos, avocat au parlement de Paris. Embarqué sur le vaisseau du roi le Rubis, au mois de mai 1741, il arriva dans la colonie au cours de l’été. Reçu officiellement dans sa charge le 18 septembre 1741, il commença à exercer effectivement ses fonctions de juge à compter du 13 novembre.
Noble, tout frais arrivé de la Métropole, « plein de lui-même », il crut de par sa fonction avoir prééminence sur tous les autres fonctionnaires de Montréal. Il exigea d’eux une déférence qui le rendit ridicule auprès des Montréalais. Le commissaire ordonnateur et subdélégué de l’intendant à Montréal, Honoré Michel de Villebois, n’accepta pas que Guiton de Monrepos eût la préséance dans les cérémonies publiques. Il s’ensuivit entre les deux hommes un différend que Louis XV fut obligé de régler. À cet effet, le roi rédigea un règlement établissant les pouvoirs et prérogatives de chacun. C’est ainsi qu’il accorda tout naturellement la préséance dans les cérémonies publiques au commissaire ordonnateur, le juge étant son subordonné.
Tartuffe au caractère hautain, Guiton de Monrepos se mit à dos presque tout le monde lorsqu’en 1743, il traîna en justice pour l’avoir « excédé en poussant et allongeant sa canne contre lui », le sieur Timothy Sullivan. dit Timothée Silvain, médecin du roi à Montréal. Jean-Baptiste Adhémar, juge intérimaire du tribunal montréalais, condamna Sullivan à deux ans de prison, mais en appel le Conseil supérieur « mit les parties hors de cour » considérant qu’il n’y avait pas « matière suffisante » pour instruire un procès. Encore une fois, Guiton de Monrepos se rendit ridicule par son attitude intransigeante lors de ce procès. Les Montréalais composèrent sur lui à cette occasion des poèmes et des chansons satiriques.
Doté d’appointements annuels de 450# et d’émoluments variant entre 700 et 800# par année, le sieur Guiton de Monrepos se considérait « hors d’Estat de se soutenir un peu honorablement dans son Employ avec les modiques appointements et les emoluments qui y sont attachez ». C’est pourquoi il demanda fréquemment une augmentation de ses gages aux autorités métropolitaines. Grâce à ses appuis à la cour, il obtint à quelques occasions une gratification de 400#.
De retour en France après la capitulation de Montréal, il manifesta le désir, le 12 juillet 1761, de se retirer dans sa famille en Guyenne. Le roi cependant ayant besoin de lui pour témoigner au procès de « Bigot* et sa bande » le retint à Paris. Il lui procura une gratification extraordinaire de 1 000ª. Juge appliqué et intègre, il se vit accorder par le roi, le 28 novembre 1764, une fois l’Affaire du Canada terminée, une pension de 600# en considération des services rendus au Canada en qualité de lieutenant général civil et criminel de la juridiction royale de Montréal. Nous perdons sa trace par la suite.
AN, Col., B, 72, f.38v. ; 73, f.428v. ; 78, ff.22–22v. ; 81, ff.293 v., 304–304v. ; 82, f.94 ; 85, ff.201–201 v. ; 91, f.259v. ; 109, f.341 ; 113, f.202 ; 115, ff.187v., 211v. ; 117, f.155v. ; 120, f.354 ; Col., C11A, 73, ff.15v.–16, 40–40v. ; 75, ff.16v.–17 ; 78, ff.56–56v. ; 79, ff.296v.–298 ; 81, ff.329v.–339v. ; 85, ff.270–279 ; 93, f.299v. ; 99, ff.409–409v. ; 100, f.127 ; 101, ff.131–131v. ; 115, f.53v. ; 120, f.351 ; Col. F3, 11, ff.2–2v., 173–174v., 244–245v.— ANQ, NF, Arrêts du Conseil d’État du Roi, V : 51v. ; NF, Coll. de pièces jud. et not., 2 098 ; NF, Ins. Cons. sup., VIII : 65v.s.— ANQ-M, Documents judiciaires, 13 nov., 13 déc. 1741, 31 déc. 1742, 2, 3, 4, janv., 9, 11, 12, 14, 15, 16 févr. 1743.— Documents relatifs à la monnaie sous le régime français (Shortt), II : 636, 638.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib. 1717–1760, IV : 44, 127s., 131s., 196.
André Lachance, « GUITON DE MONREPOS, JACQUES-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/guiton_de_monrepos_jacques_joseph_3F.html.
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Auteur de l'article: | André Lachance |
Titre de l'article: | GUITON DE MONREPOS, JACQUES-JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |