CONSTANTIN, PIERRE (on trouve quelquefois Lavallée Constantin), pêcheur et traiteur, officier de milice, baptisé à Sillery le 21 avril 1666, fils de Guillaume Constantin et de Jeanne Masse, décédé le 20 mars 1751 et inhumé le jour suivant dans le cimetière de la paroisse Saint-Augustin-de-Desmaures.

On ne connaît rien de Pierre Constantin avant le 6 novembre 1696, date de son mariage à Marguerite-Susane Derouvray, dans la paroisse Saint-Augustin-de-Desmaures. Peu après, il acheta une maison à Québec ; il était connu comme voyageur. En 1700, il fut engagé par Augustin Le Gardeur* de Courtemanche pour se rendre à la rivière des Esquimaux (St Paul) afin d’y faire la traite avec les Premières Nations et d’y ériger un poste ; il devenait ainsi l’un des premiers Canadiens à explorer cette région rébarbative de la rive nord du Saint-Laurent. Au printemps suivant, son nouvel employeur, Mme Le Gardeur de Courtemanche, l’envoya trafiquer et repérer des postes de traite d’été et d’hiver dans la même région. Il reçut en retour de ses services la somme de 600#, plus une barrique de vin, et se vit promettre la moitié des profits des futures chasses.

Constantin continua à travailler pour Mme Courtemanche, tout en faisant des démarches auprès de François Hazeur*, entrepreneur et membre du Conseil souverain, en vue d’obtenir une concession sur la côte nord-ouest de Terre-Neuve. Au printemps de 1705, Hazeur se vit finalement concéder la seigneurie de Portachoix. Constantin vint alors travailler avec lui comme associé en retour de la moitié des profits de la pêche côtière, de la pêche au loup marin et de la traite avec les Premières Nations. Cette entente fut renouvelée en mai 1708, alors qu’ils comptaient quatre employés à Portachoix. Lorsque Hazeur mourut en juin, ses créanciers abandonnèrent leur demi-part pour 100# et Constantin se retrouva seigneur. Deux ans plus tard, il conclut une entente avec son beau-frère, Jean Guion Durouvray, en vue d’exploiter la seigneurie pendant cinq ans : Guion devait demeurer à Terre-Neuve, y établir un poste et faire la pêche et le commerce dans la région. Constantin, quant à lui, restait à Québec pour s’occuper des cargaisons et des approvisionnements.

En novembre 1710, Constantin vendit sa propriété de Québec et alla vivre sur la seigneurie de Maure. C’est peut-être à la suite de sa promotion sociale qu’il fut nommé capitaine de milice dans la paroisse de Saint-Augustin-de-Desmaures ; il devint par la suite marguillier.

Constantin déplaça le centre de ses investissements de Terre-Neuve au Labrador. En mai 1713, il obtint pour dix ans une concession de 30 lieues de long et de 10 de profondeur sur le détroit de Belle-Isle, dans une région non développée par Courtemanche. Pendant les quatre saisons qui suivirent, il pêcha la morue et chassa le loup marin à partir des postes qu’il avait établis près de l’embouchure de la rivière des Français (Pinware) et à la baie Rouge (Red Bay). Ce dernier poste fut détruit par les Inuits en 1719 et reconstruit deux ans plus tard. En 1716, il reçut une concession à vie, s’étendant sur deux lieues le long des rives de la rivière des Français et sur quatre à l’intérieur des terres, dans les limites de l’ancienne concession. Constantin tira, semble-t-il, certains profits de ces entreprises.

Au début des années 1720, Constantin s’associa avec un marchand de Saint-Malo, en France, le sieur Desferières Renaud, pour faire la pêche à la morue, mais, à l’été de 1723, ce dernier rompit l’entente, laissant Constantin avec une dette de 5 800#. En 1729, Maurepas, ministre de la Marine, refusa la demande de Constantin de prolonger la durée de sa concession, sous prétexte que la seigneurie n’était pas complètement développée. Il semble que la principale difficulté de Constantin ait été le manque de capitaux ; même s’il avait obtenu d’importantes concessions de terre, il avait peu de chose à offrir sinon des parts dans des profits futurs.

En 1732, il loua pour sept ans son poste de la baie Rouge et ceux de Terre-Neuve à son gendre, Pierre Hamel, ainsi qu’à François et Pierre Trefflé, dit Rottot, pour la somme de 200# par année. Sa concession de la rivière des Français fut presque immédiatement contestée par Nicolas-Gaspard Boucault et François Foucault ; ceux-ci organisèrent dans la région une expédition qui nuisit à la chasse au loup marin pratiquée par les locataires de Constantin. En 1735, Boucault et Foucault se virent concéder l’île de Grand Saint-Modet qui, selon Constantin, était située dans les limites de sa concession de 1716. L’intendant ordonna aux trois réclamants de développer conjointement cette île, mais, malgré l’appui que le gouverneur Beauharnois et l’intendant Hocquart* offrirent à Boucault et à Foucault, Maurepas, à qui Constantin s’était adressé en appel, statua en sa faveur, et leur concession fut révoquée en septembre 1740. L’importance de ce jugement réside dans le fait qu’il favorisait un petit entrepreneur d’origine paysanne aux dépens de deux éminents personnages supportés par les plus hauts fonctionnaires de la colonie.

Pierre Constantin mourut le 20 mars 1751. Le 27 mars, à la demande de sa veuve, on fit l’inventaire des biens qu’il avait possédés en commun avec son épouse.

James S. Pritchard

ANQ, Greffe de J.-N. Pinguet de Vaucour, 20 août 1746 ; Greffe de Simon Sanguinet, 27 mars 1751.— Documents sur Pierre Constantin, P.-G. Roy, édit., BRH, XXXIV (1928) : 257–263.— Inv. de pièces du Labrador (P.-G. Roy), I : 16s., 24–26, 29s., 48s., 167–174, 273–275, 287–289 ; II : 17–19, 114–139, 183–186.— Relation par lettres de lAmérique septentrionale, années 1709 et 1710, Camille de Rochemonteix, édit. (Paris, 1904).— Bonnault, Le Canada militaire, RAPQ, 1949–1951, 372s.— A. Roy, Inv. greffes not., XIX : 336.— P.-G. Roy, Inv. concessions, IV : 180, 183s.— Tanguay, Dictionnaire.— Benoît Robitaille, L’habitation de Constantin et la possession du Grand Saint-Modet, BRH, LXI (1955) : 163–168.

Bibliographie de la version révisée :
AAQ, 1 US (registre de Sillery).Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch de Québec, CE301-S1, 27 nov. 1719 ; CE301-S17, 6 nov. 1696, 21 mars 1751.

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James S. Pritchard, « CONSTANTIN (Lavallée Constantin), PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/constantin_pierre_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    2018
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