WILLSON, HUGH BOWLBY (Bowlsby, Boultby), avocat, auteur, journaliste et homme d’affaires, né dans le canton de Saltfleet, Haut-Canada, le 15 septembre 1813, troisième fils de John Willson* et d’Elizabeth Bowlby, oncle de Thomas Leopold « Carbide » Willson*, décédé à New York le 29 avril 1880.
Hugh Bowlby Willson fit ses études à l’école secondaire du district de Gore à Hamilton et se lia d’amitié avec John Rae, directeur de l’école. De Rae et de son propre père il acquit son grand intérêt pour les théories économiques d’Adam Smith. Au point de vue politique, Willson fut tout d’abord un conservateur, appuyant les idées politiques de sir Robert Peel, et, en janvier 1836, il signa avec Rae une pétition réclamant une démonstration publique de fidélité au roi contre les réformistes du Haut-Canada. À l’occasion de la rébellion de 1837, il servit comme lieutenant dans le 3e régiment de la milice de Gore. Au cours des années 1840, bien qu’il fût en relation avec des réformistes comme Hamilton Hartley Killaly, William Hamilton Merritt* et Francis Hincks*, il se défiait de leur chef, Robert Baldwin*. Il préférait rester indépendant de tout parti politique et préconisait des mesures tendant à encourager le développement économique de la province du Canada.
En 1834, pendant une courte période, Willson avait été commissaire à bord d’un bateau à vapeur sur le lac Ontario. Il commença à étudier le droit en 1836 et fut admis au barreau en 1841 mais, avant d’exercer sa profession, il fit pour des raisons de santé un voyage aux Antilles. Il passa quelque temps à Trinidad et publia sur les « curiosités de la nature » à cet endroit, des articles qui parurent dans l’Albion de New York.
Il semble que Willson ne réussit guère dans la profession d’avocat. Vers la fin des années 1840, il se lança dans la spéculation foncière et dans la construction immobilière près de Hamilton. Il réalisa un quartier résidentiel dans l’est de la ville, puis fit des lotissements pour des villas dans le village d’Ontario (connu plus tard sous le nom de Winona). En 1847, il fut secrétaire de la Compagnie des mines du Haut-Canada. Il se tourna aussi vers le journalisme, car il avait toujours été passionnément intéressé par les questions d’actualité et, pendant plusieurs années, il écrivit des articles pour le Hamilton Spectator, dès que celui-ci fut fondé en 1846.
Lorsque, vers la fin des années 1840, le parlement britannique rejeta le système mercantile, le Canada perdit sa situation préférentielle sur le marché anglais et souffrit d’une crise économique grave. C’est alors que des commerçants et des hommes politiques mécontents commencèrent à envisager une orientation économique différente qui profiterait à la colonie, c’est-à-dire l’annexion du Canada aux États-Unis. C’est ainsi qu’en 1849 la British American League fut formée, en grande partie par des tories, pour examiner le nouveau problème auquel le Canada avait à faire face. La ligue se réunit à Kingston en juillet, sous la présidence de George Moffatt*, et Willson y représenta le canton de Saltfleet. Il parla en faveur de l’annexion et, comme cette organisation en repoussait l’idée, Willson se retira de la ligue en septembre. Dans les mois qui suivirent, il fit entendre sa voix aux côtés de celles de Luther Hamilton Holton et d’Alexander Tilloch Galt*, qui préconisaient la séparation du Canada de l’Empire britannique et son annexion aux États-Unis. En octobre 1849, il fonda et rédigea à Toronto l’hebdomadaire annexionniste, l’Independent. Cette feuille tint bon jusqu’en avril 1850, alors que, devant le peu d’intérêt manifesté par le public et l’absence d’aide financière, elle tomba ; Willson perdit dans cette affaire une somme considérable. La même année, il était l’un des secrétaires de la section torontoise du comité en faveur de l’annexion.
C’est vers 1852 que Willson abandonna l’exercice du droit pour devenir courtier en valeurs, à Londres, avec William Shaw et Malcolm Cowan. Il est possible que lors de ce séjour en Angleterre il ait écrit des articles pour le Times de Londres. En 1855, il fut nommé délégué à l’exposition universelle de Paris par le gouvernement canadien et, la même année, on le retrouve à Hamilton, où il semble s’être établi définitivement vers 1857. Il fut le premier rédacteur en chef du Hamilton Times en 1858 et quitta ce poste en 1860. Le journal, de tendance libérale indépendante, avait remplacé le Banner (Hamilton) et favorisait fortement le développement commercial du Canada. Willson écrivit également de nombreux articles sur les questions monétaires, les questions bancaires et les avantages qu’une constitution écrite apporterait au Canada. L’un des premiers partisans de la construction du Great Western Railway, il fit des démarches pour que la ville souscrivît des actions de la compagnie. Il s’occupa aussi activement des préparatifs en vue de la construction du Hamilton and Port Dover Railway (qui devint plus tard le Hamilton and Lake Erie).
Au début des années 1860, Willson habitait à Québec où il était correspondant parlementaire pour le Morning Chronicle de cette ville, et pour d’autres journaux. Il écrivit pour le Chronicle une série d’articles sur les problèmes de la défense du Canada, qui furent publiés sous forme de brochure en 1862. Lorsqu’il habitait Québec en 1864, il se disait : « Avocat, conseiller juridique, mandataire du gouvernement et commissaire des brevets d’invention, &c. &c. »
Vers la fin de la guerre de Sécession, Willson alla s’établir à Washington, D.C., où il épousa Harriot Conway Ladde, originaire de cette ville. Il s’installa par la suite à New York, mais continua de suivre l’évolution de la vie canadienne et d’écrire dans le Hamilton Spectator. Il avait des idées compliquées et avancées sur le système monétaire et fut toujours un chaud partisan d’une réforme monétaire et bancaire tant aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne. Il fut sérieusement impliqué dans l’affaire des « Greenbacks » (billets ayant cours légal émis par le gouvernement américain) qui souleva une vive controverse aux États-Unis après la guerre de Sécession. Dans de nombreuses brochures et dans un témoignage devant un comité du Congrès en 1879, il soutint fermement que les billets émis par l’État devraient seuls avoir cours et cela de façon permanente. Il suggéra la création d’un comité de contrôle de la monnaie pour surveiller l’émission du papier-monnaie et proposa que la quantité de billets dépende du volume des transactions effectuées dans le pays. À son avis, la mauvaise gestion monétaire était la principale cause des dépressions économiques qui se produisaient périodiquement en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Willson était en conflit avec la Bank of England et désirait l’adoption de billets d’une livre destinés à l’usage courant « assez petits pour pouvoir être aisément mis dans la poche ».
Les écrits de Willson en matière monétaire et bancaire sont d’excellente qualité ; il prévit un certain nombre de changements heureux qui devaient être adoptés après sa mort. Il entretint des relations suivies avec son mentor et ami John Rae jusqu’à la mort de celui-ci en 1871 et, bien qu’il ne fît pas à proprement parler allusion à Rae dans ses écrits, il fut manifestement influencé par ses vues pénétrantes en économique. Willson mourut à New York en 1880 ; sa femme et deux enfants adoptifs lui survécurent.
H. B. Willson est l’auteur de : Canada and the United States : [a letter] to the editor of the National Intelligencer (Washington, 1849) ; Currency ; or, the fundamental principles of monetary science postulated, explained and applied (New York, 1882) ; Great Western Railway of Canada (Hamilton, Ont., 1860) ; The Great Western Railway of Canada : its proposed branches and extensions (Londres, 1854) ; High speed steamers ; or, how to build a river boat to run thirty miles an hour (Albany, N.Y., 1866) ; Industrial crises, their causes and remedies [...] from the report of the congressional committee on depression in labour and business (Washington, 1879) ; The military defences of Canada, considered in respect to our colonial relations with Great Britain, in a series of letters published in the Quebec « Morning Chronicle » (Québec, 1862) ; The money question considered scientifically and practically [...] (Londres, 1874) ; A plea for Uncle Sam’s money : or greenbacks versus bank notes (New York, 1870) ; The proposed Hamilton and South-western Railway (Hamilton, Ont., 1854) ; Reports and correspondence on the « Patent Compound Rail » (Londres, 1851) ; The science of money considered [...] (Washington, 1869) ; The science of ship-building, considered in its relations to the laws of nature (Londres, 1863).
Hamilton Public Library (Hamilton), Land papers, 1838, p.34 ; 1849, p.6 ; 1850, p.3.— New York County, Surrogate’s Court (New York), testament de Harriot C. Willson.— PAO, William Hamilton Merritt papers, H. B. Willson à W. H. Merritt, 17 déc. 1842, 2 avril 1859.— The annexation movement, 1849–50, A. G. Penny, édit., CHR, V (1924) : 236–261.— [Bruce et Grey], Collection Elgin-Grey (Doughty), I : 446.— Hamilton Spectator, 1er mai, 4 mai, 5 mai 1880.— Montreal Gazette, 19 janv. 1836.— Canada directory [...] 1851, R. W. S. Mackay, édit. (Montréal, 1851), 108.— A supplement to the Canada directory [...] 1853, R. W. S. Mackay, édit. (Montréal, 1853).— Arthur papers (Sanderson).— C. D. W. Goodwin, Canadian economic thought : the political economy of a developing nation, 1814–1914 (Durham, C.N., et Londres, 1961).— Middleton, Municipality of Toronto, I : 241.— C. D. Allin, The British North American League, 1849, Ont. Hist., XIII (1915) : 74–115.— Annals of the forty (Grimsby), IX (1958) : 66.— News Notes (Association canadienne des bibliothèques, comité des microfilms, Ottawa), septembre 1959.
R. Warren James et John S. Moir, « WILLSON, HUGH BOWLBY (Bowlsby, Boultby) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/willson_hugh_bowlby_10F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
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