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WILLSON, THOMAS LEOPOLD, inventeur, ingénieur et homme d’affaires, né le 14 mars 1860 près de Princeton, Haut-Canada, fils de Thomas Whitehead Willson et de Rachel Sabina Bigelow ; le 27 août 1895, il épousa à Marysville, Californie, Mary Parks, et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 20 décembre 1915 à New York et inhumé à Ottawa.
Le père de Thomas Leopold Willson exploitait une ferme près de Princeton, mais il la perdit à cause d’un mauvais investissement ; il décida alors de s’installer avec sa famille à Bridgeport, au Connecticut. Il tenta sa chance comme manufacturier, échoua et, de retour en Ontario, s’établit à Hamilton vers 1872. Le jeune Thomas Leopold s’intéressa tôt à l’électricité. Au sortir du Hamilton Collegiate Institute, il continua à travailler à ses inventions tout en étant employé chez un forgeron.
Devant l’absence de débouchés à Hamilton pour son système dynamoélectrique d’éclairage, qui en était encore au stade du prototype, Willson s’installa en 1882 à New York, où il fut inspecteur des installations électriques pour diverses compagnies et continua de s’occuper de ses propres projets. Il conclut des ententes avec des investisseurs pour réaliser ses plans, mais, comme aucun produit commercialisable n’en résultait, il forma en 1890 sa propre compagnie, la Willson Electric. Cette entreprise fut un échec, en partie parce que les manufacturiers hésitaient à investir dans des techniques non éprouvées.
En cherchant des applications pour sa dynamo, Willson avait commencé en 1888 à faire des expériences en vue de réduire des oxydes métalliques dans des fours électriques, appareils qui n’étaient pas encore très perfectionnés non plus. Avec un associé du nom de James Turner Morehead, qui avait de l’énergie hydroélectrique en surplus à sa filature de Spray, en Caroline du Nord, il fonda en 1891 la Willson Aluminum Company afin de trouver un moyen peu coûteux de produire de l’aluminium pur. Apparemment, une des méthodes mises à l’épreuve par Willson consistait à utiliser du calcium pour réduire du chlorure d’aluminium dans un four électrique.
Le 2 mai 1892, Willson essayait de produire du calcium métallique par réduction thermoélectrique de chaux et de carbone sous forme d’anthracite en poudre. Une mystérieuse substance lourde se forma accidentellement ; c’était du carbure de calcium. Immergée dans l’eau, cette substance produisait un gaz inflammable connu, de l’acétylène. La même année, le Français Henri Moissan produisit du carbure de calcium dans un laboratoire, mais le procédé de Willson donnait ce composé inhabituel à un coût bien moins élevé. Conscient de l’importance de sa découverte, Willson mit au point une technique qui permettait de produire du carbure à des fins commerciales à partir de matériaux courants et s’employa à trouver des applications commercialisables. Au début, l’acétylène s’avéra utile pour l’éclairage ; il brillait plus que le gaz de houille et les lampes électriques à incandescence (avant la mise au point du filament en tungstène). Sa principale utilisation, la soudure oxyacétylénique et le découpage au chalumeau, serait mise au point en 1903.
Un syndicat financier (la future Union Carbide) fut formé pour soutenir le développement des applications du carbure de calcium. En 1895, Carbide Willson, comme on l’appelait, vendit ses brevets américains à ce syndicat, épousa sa fiancée californienne, Mary Parks, et rentra au Canada pour y implanter l’industrie du carbure. La Willson Carbide Works Company de St Catharines, en Ontario, construisit sa première usine en 1895 dans une localité voisine, Merritton ; l’électricité dont elle avait besoin provenait des eaux du canal Welland. La demande mondiale de carbure excédait l’offre, car on installait de l’éclairage à l’acétylène dans les rues et les immeubles. Willson fit donc construire d’autres usines à Ottawa et à Shawinigan, dans la province de Québec. Un syndicat international réglementait les exportations, mais l’industrie canadienne demeurait rentable.
Installé à Ottawa en 1901, Willson, l’homme qui changeait « l’eau en lumière », continua de s’intéresser aux applications du carbure. Il fut pour beaucoup dans la fondation, à Ottawa, de l’Acetylene Construction Company (1903), qui construisit des installations d’éclairage pour des localités du Nord-Ouest, et de l’International Marine Signal Company (1906), qui produisait une bouée automatique sûre, éclairée à l’acétylène et employée dans le monde entier. À Ottawa, Willson menait l’existence d’un industriel à succès : il appartenait à plusieurs clubs, fut le premier à posséder une automobile dans la capitale et recevait une foule de débutantes, d’artistes et de personnages politiques. En 1907, il acheta une propriété estivale au lac Meech, dans les collines de la Gatineau. Il dota cette propriété et sa maison de la rue Metcalfe à Ottawa d’excellents laboratoires, où il faisait toutes sortes d’expériences, aussi bien sur les téléphones que sur les nouvelles applications du carbure. En 1909, la University of Toronto lui décerna le prix McCharles pour ses découvertes ; il était le premier à recevoir cette distinction.
Willson eut toujours un faible pour les projets d’envergure. À partir de carbure de calcium et d’azote, il produisit un solide azoté peu coûteux qui, une fois pulvérisé, pouvait servir d’engrais. Il n’avait pas tout à fait tort de rêver que cette technique révolutionnerait l’agriculture. Des chimistes de l’Interstate Chemical Corporation et de l’International Agricultural Corporation admettaient que le procédé breveté de Willson serait beaucoup moins cher que les leurs. En 1911, dans l’espoir de mettre sur pied une entreprise de pâtes et papiers, il vendit ses brevets canadiens de carbure à la Canada Carbide Company afin d’acheter des emplacements pour l’aménagement d’installations hydroélectriques sur les rivières Shipshaw et Saguenay au Québec, avec d’immenses concessions forestières.
Pour réaliser ses projets, Willson avait besoin d’énormes capitaux. Incapable de trouver des associés financiers, il conclut en 1912, avec l’Interstate Chemical Corporation et James Buchanan Duke, millionnaire américain du tabac et du textile, une entente en vertu de laquelle il hypothéquait ses brevets de fertilisants et ses propriétés au Québec afin de financer une petite usine d’engrais au lac Meech. Duke était prêt à acheter l’exploitation si les résultats lui convenaient. Un an plus tard, l’usine produisait au delà de toute attente, mais Willson, à court d’argent, manqua un versement d’intérêts, et Duke saisit ses biens.
Willson n’était pas homme à se laisser abattre. Ayant appris qu’il détenait encore les droits sur la production de carbure à Terre-Neuve et au Labrador, il se lança dans des projets qui mettraient à profit les énormes réserves d’énergie hydroélectrique de ces régions : barrages, chemins de fer, usines de carbure, de pâtes et papiers et d’engrais. S’il avait reçu l’appui financier du gouvernement de Terre-Neuve et les capitaux promis par des investisseurs britanniques, Willson aurait peut-être changé le cours de l’histoire industrielle de Terre-Neuve. Cependant, l’éclatement de la guerre contre l’Allemagne empêcha les Britanniques d’exporter des capitaux. En 1915, Willson tenta une dernière fois de rassembler des fonds en se rendant à New York. Il y mourut d’une crise cardiaque.
Grâce à ses dons d’inventeur, Thomas Leopold Willson devint riche et contribua beaucoup à la science et à la technologie canadiennes. Il perdit sa fortune faute d’avoir les deux éléments nécessaires à la réalisation des projets grandioses en lesquels il croyait : le sens des affaires et un associé solide. Les ruines d’une tour de condensation pour superphosphates, dans son ancienne propriété du lac Meech, rappellent son esprit d’entreprise et son ingéniosité.
Un rapport rédigé par T. L. Willson et J. J. Suckert intitulé « The carbides and acetylene commercially considered » a été publié dans Franklin Institute, Journal (Philadelphie), 139 (janv.–juin 1895) : 321–341, et a paru de nouveau dans Ontario, Bureau of Mines, Report (Toronto), 1895 : 152–66. Les papiers Willson sont conservés aux AN, MG 30, A85.
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Jennifer Paton, « WILLSON, THOMAS LEOPOLD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/willson_thomas_leopold_14F.html.
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Auteur de l'article: | Jennifer Paton |
Titre de l'article: | WILLSON, THOMAS LEOPOLD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |