PEARSON, GEORGE FREDERICK, avocat, rédacteur en chef et propriétaire de journal, éminence grise politique et administrateur d’université, né le 5 octobre 1876 à Truro, Nouvelle-Écosse, aîné des enfants et seul fils de Benjamin Franklin Pearson* et de Julia Reading ; le 20 décembre 1900, il épousa dans le comté de Halifax Ethel Rebecca Belcher Miller (décédée le 5 février 1912), et ils eurent une fille, puis le 30 avril 1913, au même endroit, Agnes Crawford (décédée en 1966), et ils eurent une fille et un fils ; décédé le 21 septembre 1938 à Halifax.
George Frederick Pearson naquit au sein de la noblesse libérale. Son trisaïeul du côté paternel avait été membre de la Chambre d’assemblée de la Nouvelle-Écosse de 1806 à 1818, son grand-père était devenu le député libéral de Colchester en 1870, et son père, avocat et homme d’affaires, serait ministre dans le cabinet du premier ministre provincial George Henry Murray*. Le succès en affaires de Benjamin Franklin Pearson permit à son fils, G. Fred, prénom sous lequel on le connaissait, d’étudier à l’école de droit de la Dalhousie University à Halifax, où il obtint son diplôme en 1900. Admis au barreau le 24 mars de la même année, il fit son stage dans le cabinet de son père, Pearson and Covert, et en prendrait plus tard la direction. Il travailla aussi pour un des journaux de son père ; il devint directeur général et rédacteur en chef (puis propriétaire et éditeur) du Morning Chronicle de Halifax, qui comprenait des éditions du matin et du soir, ainsi qu’une édition hebdomadaire. Pendant les années 1840, le Morning Chronicle avait été dirigé par le réformiste Joseph Howe*, que Pearson père admirait beaucoup ; en 1909, la maison d’édition familiale, la Chronicle Publishing Company, fit paraître une imposante nouvelle édition en deux volumes de l’ouvrage The Speeches and public letters of Joseph Howe. La même année, Pearson fils fonda la Eastern Press Association, qui comptait parmi ses membres des quotidiens des Maritimes. Il supervisa sa fusion, et celle d’autres associations, avec la Canadian Press Limited [V. John Ross Robertson*] en septembre 1917, quand la collecte coopérative et centralisée de l’information débutait vraiment au Canada. Il fut le premier vice-président de l’organisme (reconstitué sous le nom de Canadian Press en 1923) jusqu’en 1926, moment où, en raison de maladie ou de problèmes financiers, il vendit ses journaux à son beau-frère, l’homme d’affaires Fleming Blanchard McCurdy*.
Pearson avait commencé à participer à des œuvres caritatives pendant la Première Guerre mondiale, quand il prit activement part aux efforts de Halifax pour aider la Belgique. Son rôle dans l’envoi du bateau à vapeur Tremorvah, le premier navire nord-américain chargé de provisions à atteindre le pays occupé, fut reconnu par la nation qui, en marque de gratitude, le nomma officier de l’ordre de la couronne de Belgique le 14 novembre 1919. Il prêta assistance à sa propre communauté en présidant le Reconstruction Committee, à la suite de l’explosion dévastatrice de Halifax le 6 décembre 1917. Il prit également la tête de la Massachusetts-Halifax Health Commission. Créé en 1919, l’organisme avait pour but de gérer la distribution des fonds qu’offrirent des donateurs américains, la Halifax Relief Commission et la ville pour subvenir aux problèmes de santé publique à long terme attribuables à la catastrophe. La commission cessa ses activités après dix ans ; Pearson, qui était devenu président du conseil d’administration de la Dalhousie University vers la fin de 1927, transféra le reste de l’argent à la Dalhousie Public Health Clinic, qui offrait des services médicaux gratuits aux gens dans le besoin.
Contrairement à son père, Pearson n’était pas particulièrement intéressé par les affaires ; il suivit cependant ses traces d’une autre façon, soit en contribuant assidûment à l’héritage politique familial. La crise de la conscription de 1917 [V. sir Robert Laird Borden] divisa les libéraux tant provinciaux que fédéraux. Pearson fut l’un des rares à passer outre aux désaccords et à travailler dans le but de réunifier le parti. Conseiller personnel de George Henry Murray durant ses dernières années comme premier ministre et de William Stevens Fielding* pendant son deuxième mandat comme ministre fédéral des Finances, il fut le libéral non élu le plus puissant en Nouvelle-Écosse jusqu’à la fin de sa vie. L’écrasante défaite des libéraux aux élections provinciales de 1925 fut un dur coup. Pearson se lança dans la reconstruction. Il vit ses efforts récompensés par la victoire d’Angus Lewis Macdonald* aux élections provinciales de 1933 et par le triomphe des libéraux, qui remportèrent les 12 sièges de la Nouvelle-Écosse deux ans plus tard aux élections fédérales.
En dehors de la politique, le principal intérêt de Pearson était la Dalhousie University ; il fut membre du conseil d’administration durant près de 16 ans, vice-président pendant huit ans et président pendant quatre ans et demi. Il dirigea avec succès la campagne d’un million de dollars de la Dalhousie University, en 1920, qui conduisit à l’agrandissement du campus Studley, et joua un rôle important dans l’acquisition des fonds de la Rockefeller Foundation et de la Carnegie Corporation of New York. Il milita en faveur de la fédération des universités des Maritimes, qui aurait permis aux établissements d’enseignement supérieur de la région d’obtenir un financement (principalement de la Carnegie Corporation of New York) dont ils avaient grandement besoin. La University of King’s College élut domicile sur le campus de la Dalhousie University en 1923, mais des préoccupations sectaires et la réticence des autres écoles à se réinstaller et à s’unir sous le nom de Dalhousie empêchèrent la réalisation des objectifs plus larges du plan. L’emprise de Pearson sur les affaires universitaires prit fin de manière désagréable en 1932. En tant que président du conseil d’administration, il avait joué un rôle clé dans la décision du conseil de nommer Carleton Wellesley Stanley pour succéder à Arthur Stanley Mackenzie au poste de recteur, Charles Vincent Massey* ayant décliné l’honneur. Dans les quelques mois qui suivirent cette nomination, cependant, Pearson se rendit compte que Stanley, qui avait étudié à la University of Toronto et à la University of Oxford, présidait d’une façon impériale, sinon pontificale, le conseil de l’université et le conseil d’administration n’ayant que le rôle d’approuver les décisions et de réunir des fonds. Pendant une réunion du conseil, le 6 juin 1932, Pearson tenta d’obtenir une enquête sur l’administration de Stanley. Il ne reçut pas l’appui des autres administrateurs et fut en réalité forcé de démissionner.
Célèbre pour ses plaidoyers en faveur des infrastructures, en particulier les routes et le logement, Pearson devint, en 1934, le premier président de la Nova Scotia Housing Commission. Il consacra ses dernières années à la planification de l’élimination des taudis et à la création de logements à prix abordable pour les familles à faible revenu. Ses recherches et ses propositions menèrent à la prise de contrôle de l’industrie de l’essence par le Board of Commissioners of Public Utilities ; le Gasoline Licensing Act 1934 durerait 60 ans. La promotion et la réglementation des services publics étaient les seuls domaines du droit et des affaires qui intéressaient Pearson ; son père et le cabinet d’avocats de la famille Pearson avaient joué un rôle de premier plan dans la création du Board of Commissioners of Public Utilities, de la Maritime Telegraph and Telephone Company Limited et de la Nova Scotia Tramways and Power Company Limited (qui deviendrait la Nova Scotia Power Corporation) – tout cela entre 1909 et 1914. Pearson fit partie de peu de conseils d’administration, mis à part celui de la Maritime Telegraph and Telephone Company Limited, dont il fut élu vice-président en 1936.
George Frederick Pearson fut l’exemple par excellence de l’avocat d’élite qui était aussi un homme public et un citoyen modèle. Anglican évangélique de la Basse Église et libéral progressiste doté d’une conscience sociale aiguë, il sut conjuguer le service public désintéressé avec une vive partisanerie politique dans les coulisses.
De nombreuses sources indiquent que George Frederick Pearson serait né en 1877 ; pour donner une date antérieure dans la présente biographie, nous nous appuyons sur ses actes de baptême et de sépulture. Seule une poignée de ses papiers semble avoir été conservée. La plupart ont été détruits par Pearson lui-même ou par sa veuve, qui lui a survécu de 28 ans. Pearson est l’auteur de Statistical studies of the colleges situated in the Maritime provinces (Halifax, 1923).
DUA, UA-1 (Board of Governors of Dalhousie Univ. fonds), 1916–1932.— NSA, Churches, St John’s Anglican (Truro, N.-É.), RBMS (mfm) ; MG 1, vol. 748 (G. Fred Pearson papers) ; vol. 1190, folder 3 (Hector McInnes papers, Dalhousie Board of Governors file) ; vol. 1406–1409 (W. S. Fielding fonds) ; MG 2, vol. 423, 425–484, 488, 493–502, 504–541, 784–790 (W. S. Fielding fonds) ; « Nova Scotia hist. vital statistics », Halifax County, 1938 : www.novascotiagenealogy.com (consulté le 20 févr. 2013).— W. J. Buxton, « Private wealth and public health : Rockefeller philanthropy and the Massachusetts-Halifax Relief Committee/Health Commission », dans Ground zero : a reassessment of the 1917 explosion in Halifax Harbour, Alan Ruffman et C. D. Howell, édit. (Halifax, 1994), 183–193.— W. [D.] March, Red line : the « Chronicle-Herald » and the « Mail-Star », 1875–1954 (Halifax, 1986).— Mass.-Halifax Health Commission, Final report […] with appendices : October 1919 to October 1929 (Halifax, 1932).— M. E. Nichols, (CP) : the story of the Canadian Press (Toronto, 1948).— N.S. Housing Commission, Report (Halifax), 1935–1938.— P. B. Waite, The lives of Dalhousie University (2 vol., Montréal et Kingston, Ontario, 1994–1998), 2.
Barry Cahill et Philip Girard, « PEARSON, GEORGE FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pearson_george_frederick_16F.html.
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Auteur de l'article: | Barry Cahill et Philip Girard |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
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