MORRISON, JOSEPH WANTON, officier, né le 4 mai 1783 à New York, fils unique de John Morrison, sous-commissaire général en Amérique du Nord, et de Mary Wanton qui mourut deux jours après sa naissance ; le 25 avril 1809, il épousa Elizabeth Hester Marriott, fille de feu Randolph Marriott, de Worcester, Angleterre, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé en mer le 15 février 1826.

En 1793, Joseph Wanton Morrison entra dans l’armée comme enseigne dans le 83rd Foot et fut promu lieutenant dans le 84th Foot l’année suivante. Toutefois, étant donné son jeune âge, il ne fit pas vraiment partie de ces deux unités, mais il fut affecté à une compagnie indépendante et mis à la demi-solde. Sa carrière militaire débuta véritablement en 1799, lorsqu’il fut nommé au 17th Foot. Il servit alors avec le 2e bataillon aux Pays-Bas où il fut blessé à la bataille d’Egmond aan Zee le 2 octobre 1799 [V. sir Isaac Brock*]. Son régiment était déjà de retour en Angleterre à la fin de novembre et, à partir d’avril 1800, Morrison fut inscrit dans les registres comme capitaine dans cette unité. Le mois suivant, le 17th Foot arriva à Minorque où Morrison commanda une compagnie qui y tint garnison jusqu’à la signature du traité d’Amiens. Après son rapatriement en Irlande en août 1802, le 2e bataillon fut licencié. Morrison reçut alors le grade honoraire de major et fut placé sur la liste des militaires en demi-solde qui relevaient de l’Irlande.

En 1804, après la reprise des hostilités entre la Grande-Bretagne et la France, Morrison fut nommé officier inspecteur de la yeomanry en Irlande et, en juin 1805, il fut muté au 2e bataillon du 89th Foot. Promu lieutenant-colonel en novembre 1809 dans le 1st West India Regiment, il rallia immédiatement cette unité à Trinidad. En juillet 1811, il revint au 89th Foot à la suite d’un échange d’officiers et, l’année suivante, il conduisit le 2e bataillon à Halifax où il arriva le 13 octobre 1812. Après avoir hiverné dans cette ville, le bataillon partit pour Québec qu’il atteignit le 15 juin 1813, pour se mettre en route 19 jours plus tard vers Kingston, dans le Haut-Canada. Morrison y passa l’été, siégeant aux conseils de guerre, accomplissant les tâches inhérentes à la vie de garnison et exerçant son bataillon à participer à une attaque prévue contre le fort Niagara (près de Youngstown, New York).

À l’automne de 1813, les troupes américaines lancèrent une double offensive contre Montréal. Venant du sud, le major général Wade Hampton descendit la rivière Châteauguay afin de rejoindre le major général James Wilkinson et le commodore Isaac Chauncey qui, partis de Sackets Harbor, dans l’état de New York, descendaient le Saint-Laurent. Face à cette menace, le commandant en chef, sir George Prevost*, décida de confier à Morrison son premier commandement sur un théâtre d’opérations. Placé à la tête d’un « corps d’observateurs », Morrison avait pour mission de suivre Wilkinson le long du Saint-Laurent et, si possible, de ralentir son avance. Ce n’était pas une mince tâche, car les envahisseurs étaient de beaucoup supérieurs en nombre aux défenseurs britanniques et coloniaux. Néanmoins, Wilkinson était tellement harcelé par Morrison qu’il ordonna au brigadier général John Parker Boyd de toucher terre et de mettre en déroute l’exécrable petite force britannique qui était sur leurs talons.

Malheureusement pour les Américains, Morrison put livrer combat sur les lieux de son choix, à quelque 25 milles à l’ouest de Cornwall. Ce terrain, presque entièrement à découvert, s’étendait sur environ 700 verges de long et faisait partie de la propriété de John Crysler* ; il était bordé d’un côté par un bois et, de l’autre, par un fleuve d’où la flottille de canonnières que dirigeait le commander William Howe Mulcaster, et qui s’était avancée de concert avec les forces de Morrison, pouvait lui prêter main-forte. Morrison parvint à tirer parti de l’expérience et de la discipline de ses réguliers, en attirant les Américains dans une bataille rangée à la façon européenne. Les tireurs d’élite de l’ennemi, qui excellaient sur des lieux propices à l’embuscade, se trouvèrent désavantagés en rase campagne. En conséquence, malgré de lourdes pertes, le « corps d’observateurs » de Morrison infligea une cuisante défaite tactique au détachement de Boyd qui était pourtant presque cinq fois plus nombreux. Venant s’ajouter au revers subi par Hampton à Châteauguay 17 jours plus tôt [V. Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry], à l’indécision des commandants américains et à leur mésentente, la victoire remportée par Morrison le 11 novembre évita à Montréal de subir une attaque cette année-là. Quant à Morrison, il reçut une médaille d’or, un sabre offert par les marchands de Liverpool, en Angleterre, et les remerciements de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada.

Après la victoire de Crysler’s Farm, nom donné à cette bataille, Morrison servit à Québec, à Montréal, à Cornwall et, à Coteau-du-Lac, dans le Bas-Canada, en qualité de commandant de la garnison et de préposé aux communications dans cette section du Saint-Laurent, ainsi qu’au fort Wellington, dans le Haut-Canada. C’est à ce dernier endroit qu’il reçut l’ordre de se rendre à Kingston avec son bataillon à la fin de juin 1814, effectuant ainsi la première étape d’un voyage qui allait le conduire jusqu’à la frontière du Niagara, à temps pour participer à la bataille de Lundy’s Lane. Lors de ce combat qui eut lieu le 25 juillet, Morrison et le 89th Foot occupaient une position clé au centre de la ligne de défense, pendant que les troupes du lieutenant général Gordon Drummond* réussissaient à tenir le sommet de la colline. À l’instar des autres troupes de l’armée britannique ce jour-là, le 89th Foot soutint brillamment les assauts successifs et impétueux des Américains. Le lieutenant-colonel fut lui-même blessé « grièvement, [mais] non dangereusement ».

Bien que sa blessure l’ait obligé à quitter le champ de bataille, Morrison ne fut pas frappé d’invalidité. Il continua à commander son unité dans les deux provinces et, en décembre 1814, il fit partie du conseil de guerre qui jugea le major général Henry Procter à Montréal. L’année suivante, il retourna en Grande-Bretagne avec son bataillon. Cependant, en 1816, sa blessure n’était pas suffisamment guérie pour lui permettre d’accompagner en Inde le 1er bataillon de son régiment et, en avril, il fut mis à la demi-solde. Le 12 août 1819, il devint colonel honoraire et, en avril 1821, il reprit son service à plein temps en qualité de lieutenant-colonel du 44th Foot qui se trouvait alors en Irlande.

En juin 1822, Morrison s’embarqua avec le 44th Foot à destination de l’Inde et arriva à Calcutta en novembre. Dès juillet 1823, il servit à Dimapore (Dinapur) avec ce régiment jusqu’à son retour à Calcutta. En juillet 1824, il fut nommé général de brigade et commandant de la division du sud-est des troupes qui se trouvaient en Inde. C’est à ce titre qu’il prit la tête de l’expédition d’Arakan contre les Birmans qui s’avéra un succès malgré la morbidité aiguë qui l’entoura. Comme bon nombre de ses hommes, Morrison tomba malade dans cette région où sévissait le paludisme et, espérant qu’un voyage en mer lui rendrait la santé, il décida de rentrer au bercail. Malheureusement, ce brillant officier, dont chaque commandement avait été un succès, « mourut en mer sur le Cara Brea Castle le 15 février 1826 ».

On ne sait rien de la vie privée ni du caractère de Joseph Wanton Morrison. Cependant, son existence illustre comment un officier dévoué et compétent peut, en menant sa carrière avec sérieux, assurer son succès personnel et la gloire militaire. À la mort de Morrison, on déplora le fait que la nation avait prématurément perdu les services d’un bon officier supérieur qui commençait à peine à donner sa pleine mesure. Malgré la brièveté de chacune de ses affectations, Morrison contribua de façon importante au développement de plusieurs parties de l’Empire, dont le Haut et le Bas-Canada.

Carl A. Christie

APC, RG 8, I (C sér.), 167 : 21 ; 232 : 142 ; 363 : 87–92 ; 679 : 480 ; 681–684 ; 1171 ; 1172 : 54 ; 1203 1/2H : 89 ; 1203 1/2J : 125 ; 1203 1/2K : 5, 56 ; 1203 1/2L : 154, 171 ; 1203 1/2R : 41, 95 ; 1222.— Annual reg. (Londres), 1799–1827.— Doc. hist. of campaign upon Niagara frontier (Cruikshank).— Select British docs. of War of 1812 (Wood).— G.-B., WO, Army list, 1793–1827.— H. J. Morgan, Sketches of celebrated Canadians.— J. W. Fortescue, A history of the British army (13 vol. en 14, Londres, 1899–1930), 9–11.— Historical record of the Forty-Fourth, or the East Essex Regiment, Thomas Carter, compil. (2e éd., Chatham, Angl., 1887).— Hitsman, Incredible War of 1812.— G. F. G. Stanley, The War of 1812 : land operations ([Toronto], 1983).

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Carl A. Christie, « MORRISON, JOSEPH WANTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/morrison_joseph_wanton_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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