SKINNER, ROBERT PRINGLE, officier, né en 1786 à Gibraltar, troisième fils de Thomas Skinner et d’une dénommée Power ; le 6 janvier 1810, il épousa à Québec Harriet McDonald, et ils eurent au moins un enfant ; décédé le 3 mai 1816 à St John’s.

Robert Pringle Skinner était issu d’une famille liée étroitement aux forces armées britanniques. Du côté paternel, son arrière-grand-père, William Skinner, avait été ingénieur en chef de la Grande-Bretagne, et son grand-père, capitaine d’infanterie ; son père était ingénieur, sous les ordres de Robert Pringle*, ingénieur en chef à Gibraltar, quand naquit Skinner qui reçut le nom de ce dernier. Trois de ses quatre frères entrèrent dans l’armée, l’autre préférant la marine. En 1790, la famille entière était allée s’installer à Terre-Neuve, où Thomas Skinner avait été nommé ingénieur en chef. Cinq ans plus tard, celui-ci leva le Royal Newfoundland Fencible Régiment, qui fut licencié en 1802. Toutefois, une autre unité lui succéda, parfois désignée comme le Royal Newfoundland Régiment of Fencible Infantry, mais plus souvent comme le Royal Newfoundland Régiment ; cette unité fut levée par le colonel John Skerrett en 1803. Trop jeune, Robert n’avait pu servir dans le régiment de son père, mais le fait d’être le fils de Thomas Skinner lui assura une commission de lieutenant, datée du 5 novembre 1803, dans le Royal Newfoundland Régiment. En 1805, cette unité fut affectée en Nouvelle-Écosse, puis en 1807, à Québec où elle passa cinq ans en garnison. On sait peu de chose de la vie de Skinner pendant cette période, sinon qu’il eut quelques légères difficultés, en 1806 et 1807, pour ne s’être pas rapporté à temps, après une période de congé. En novembre 1809, il fut promu capitaine.

Après qu’eut éclaté la guerre de 1812, le Royal Newfoundland Régiment fut divisé en détachements qui devaient servir tant sur terre que sur mer, et ses effectifs, officiers comme simples soldats, furent présents sur plusieurs fronts. Pour sa part, Skinner passa la plus grande partie de la guerre sur le haut Saint-Laurent, dans les environs de Prescott, au Haut-Canada. En juin 1812, il reçut ordre de prendre le commandement d’un détachement de canonnières naviguant de Québec à Montréal ; il semble avoir remonté bien au delà, puisqu’en octobre, avec 40 hommes du Royal Newfoundland Régiment, il prenait part à l’attaque lancée sans succès contre Ogdensburg, dans l’état de New York. Sa présence dans cette région fut confirmée de façon officielle le 23 mars 1813, au moment où il fut nommé sous-quartier-maître général par intérim (fonction courante pour les officiers de ce régiment) à Prescott et chargé du commandement des canonnières et de l’infanterie de marine qui y étaient stationnées. Pendant la campagne de 1813, l’action ne manqua pas sur le haut Saint-Laurent ; bien qu’assigné à un service non combattant, Skinner s’arrangea pour prendre part au combat. En octobre, avec cinq hommes de son régiment, il s’empara d’un Durham boat américain, au cours d’un bref engagement près de Prescott, et le mois suivant, il participa à la bataille de Crysler’s Farm. Même si les lieutenants-colonels Joseph Wanton Morrison* et George Richard John Macdonell* firent sur lui des rapports favorables, Skinner ne fut pas récompensé pour ses services ; au contraire, l’année suivante, on le critiqua. Un simple soldat de sa compagnie affirma avoir été « extrêmement maltraité » au moment où on l’arrêtait pour une offense mineure, ajoutant que Skinner avait, pendant six mois, retenu la solde de ses hommes. Cette dernière accusation peut bien avoir été fondée – on avait déjà averti les officiers du régiment que la liste de leurs frais était incomplète et soumise avec trop de retard –, mais comme les plaintes portaient sur des faits vieux de plus de deux ans, il ne semble pas qu’une autorité supérieure quelconque y ait porté attention.

Robert Pringle Skinner fut cantonné d’une façon plus ou moins permanente à Prescott durant l’année 1814, même si, en octobre, il n’était plus sous-quartier-maître général. La plus grande partie des effectifs de son régiment avait reçu l’ordre de rentrer à Terre-Neuve, à des fins de recrutement, mais Skinner resta dans le Haut-Canada jusqu’après la signature de la paix. En fait, il était en route pour Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan), avec 50 hommes du Royal Newfoundland Régiment destinés à y renforcer la garnison, quand il apprit la fin de la guerre. À l’automne de 1815, il était de retour au sein de son régiment, alors stationné à St John’s. Mais la guerre avait altéré sa santé et, le 3 mai 1816, trois semaines seulement avant que son régiment ne reçût l’ordre de partir pour Halifax, où il serait licencié, il mourut, recru de fatigue. Sa veuve retourna avec sa famille à Montréal, où elle put obtenir une pension.

Stuart R. J. Sutherland

ANQ-Q, CE1-61, 6 janv. 1810.— APC, RG 8, I (C sér.), 187 : 96 ; 224 : 74s. ; 231 : 220 ; 506 : 121 s. ; 678 : 100–103 ; 679 : 444 ; 695 : 1–4 ; 721 :2–23, 72–75 ; 1219 : 137s. ; 1220 : 355.— PRO, WO 17/1516–1518 ; 17/2356 ; 17/2361–2363 ; WO 28/304 : f.56 ; 28/307 : f.18.— DNB (biog. de William Skinner).— G.-B., WO, Army list.— G. W. L. Nicholson, The fighting Newfoundlander ; a history of the Royal Newfoundland Regiment (St John’s, [1964]).— Thomas Skinner, Fifty years in Ceylon : an autobiography, Annie Skinner, édit. (Londres et Calcutta, 1891), 320.

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Stuart R. J. Sutherland, « SKINNER, ROBERT PRINGLE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/skinner_robert_pringle_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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