Les fenians et les Irlando-Canadiens catholiques


On ne connaîtra jamais le nombre précis de fenians canadiens ; cependant, on sait que l’appui au nationalisme révolutionnaire irlandais était considérable parmi les Irlando-Canadiens catholiques. Beaucoup de ceux qui étaient en faveur d’une invasion se dissimulèrent si bien qu’ils échappèrent à l’attention des historiens canadiens ; c’est pourquoi leur histoire n’est pas rapportée dans le Dictionnaire biographique du Canada/Dictionary of Canadian Biography (DBC/DCB). Néanmoins, parmi ceux qui œuvrèrent pour une révolution en Irlande figurait le tonnelier et cabaretier torontois Michael Murphy :

Murphy fut probablement le personnage le plus marquant du petit groupe de Féniens canadiens. On connaissait sa sympathie pour le groupe rattaché au mouvement fénien et dirigé par John O’Mahony aux États-Unis, qui appuyait la révolution en Irlande, et les autorités étaient au courant du fait qu’il vendait des obligations féniennes et apportait une aide financière à O’Mahony. Cependant, Murphy condamna vigoureusement la faction du mouvement menée par William Randall Roberts, qui préconisait ouvertement l’invasion de l’Amérique du Nord britannique comme une étape vers la libération de l’Irlande.

 

Un des principaux alliés de Murphy était l’éditeur de l’Irish Canadian, Patrick Boyle, grand sympathisant du groupe de John O’Mahony de la Fenian Brotherhood :

Néanmoins, tout au long des années 1865 et 1866, Boyle continua de s’opposer à l’invasion et, tout en prônant la reconquête de l’Irlande par les féniens, protesta de sa loyauté envers le Canada. Sa position controversée et sa popularité auprès des nationalistes irlandais n’arrangeaient pas ses relations avec le clergé catholique de Toronto, et surtout pas avec l’archevêque John Joseph Lynch*. La lutte que se livraient le clergé et les laïques (chaque groupe espérant mener les catholiques irlandais de Toronto) en vint presque à se cristalliser autour de la rivalité entre Boyle et Lynch.

 

À l’instar du clergé catholique, des hommes politiques irlando-catholiques, comme John O’Connor, rejetèrent le fenianisme sous toutes ses formes :

[En] 1870, [O’Connor] publia les Letters of John O’Connor, esq., M.P., on Fenianism [...], qui renfermaient une attaque vigoureuse contre les Féniens et mettaient l’accent sur la loyauté des Canadiens irlandais ; il travailla pour les conservateurs au cours de la campagne provinciale de 1871 et il accorda une bonne partie de son temps aux questions concernant les Irlandais catholiques.

 

Pour en apprendre davantage sur les fenians, ainsi que sur leurs sympathisants et opposants irlando-catholiques, consultez les biographies ci-dessous.