YOUNG, JOHN, commerçant, promoteur d’entreprises et manufacturier, né le 30 janvier 1808 à Galston, dans le Ayrshire, en Écosse, le plus jeune fils de James Young, commerçant de Galston, et de Margaret Mason, décédé le 20 mars 1873, à Hamilton, Ont.

En 1825, après avoir terminé ses études à Galston, John Young ouvrit près de là, à Kilmarnock, une modeste quincaillerie, de concert avec son frère James. Il semble toutefois que l’affaire ne fut pas florissante car, peu de temps après, il était à la recherche d’un emploi. En 1828, il obtint une place chez Pollok, Gilmour and Company, propriétaires de navires et marchands de bois de Glasgow [V. John Gilmour], qui l’envoyèrent à Montréal comme commis dans leur nouvelle filiale, William Ritchie and Company. William Ritchie* décida en 1832 d’ouvrir une succursale à Hamilton, localité qui, malgré son peu d’importance, semblait la mieux située pour attirer le commerce de l’ouest du Haut-Canada, région alors en pleine expansion. Pour diriger le nouveau magasin, il choisit John Young qui, à cause de son ambition, de ses talents et peut-être aussi du modeste capital dont il disposait, était le gérant idéal. Cette maison de commerce, connue pendant une courte période sous le nom de Young and Weir puis sous celui de John Young and Company, vendait au détail des tissus, de la mercerie, de l’épicerie et de la quincaillerie, se livrait au commerce de gros dans l’ouest du Haut-Canada, achetait ou sollicitait des consignations de blé, de farine, de douves et de potasse pour William Ritchie and Company.

L’ouest du Haut-Canada connaissait alors une croissance rapide ; ainsi, à Hamilton, la population doubla à deux reprises dans l’espace de cinq ans, et Young, avec le solide appui financier dont il jouissait, sut profiter au maximum de toutes les occasions. Mais c’est alors que ses associés eurent des difficultés et l’avenir s’annonça incertain. En 1840, Peter* et Isaac Buchanan*, les plus importants grossistes de Toronto, fondèrent une succursale à Hamilton ; afin d’en assurer la bonne administration et d’écarter un concurrent, ils invitèrent Young à se joindre à eux. Celui-ci accepta promptement, car Isaac Buchanan possédait à Glasgow des appuis financiers considérables et garantissait l’expansion de l’entreprise. En juin 1840, Isaac Buchanan et John Young fondèrent la société Buchanan, Harris and Company dont le magasin fut décrit par Peter Buchanan comme étant « le plus grand établissement de l’Amérique du Nord britannique ».

En 1840, le capital que possédait Young s’élevait à $22 000. Pendant la durée de son association avec les Buchanan, le commerce, tout comme l’ouest de la province, continua à se développer et son capital atteignit $120 000 et même davantage. Au cours des années 50, Young et James Law, associé des Buchanan à Montréal, voulurent obtenir plus de considération dans la société. Il s’ensuivit, avec les Buchanan, des conflits qui allèrent en s’aggravant ; vers la fin de 1853, Young et Law se retirèrent de l’entreprise commerciale des Buchanan et fondèrent les sociétés Young, Law and Company à Hamilton et à Glasgow, et Law, Young and Company à Montréal. Glasgow, où les deux hommes étaient bien connus dans les milieux d’affaires, devint le siège de la finance et du commerce ; leur firme de Hamilton, dirigée par Young, vendait en gros des articles d’épicerie et de mercerie, celle de Montréal, administrée par Law, vendait en gros des articles d’épicerie et de quincaillerie, faisait le commerce des produits du Haut-Canada et expédiait les marchandises à Hamilton. Les trois années qui suivirent, marquèrent le point culminant de la vague de prospérité des années 50 ; cela permit aux deux associés d’établir solidement leur entreprise.

À l’instar des autres marchands prospères du Canada, Young avait à cœur de créer de nouvelles sociétés financières. Important actionnaire de la Gore Bank, il fut élu membre de son premier conseil d’administration en 1836. En 1837, il démissionna de son poste en guise de protestation contre la politique de prêt de la banque, mais se fit réélire après la crise de 1837–1838, puis démissionna à nouveau au début des années 40 pour sauver sa réputation d’homme d’affaires, après qu’il eut échoué dans une nouvelle tentative pour obliger la banque à modifier sa pratique de consentir des prêts considérables aux membres de son propre conseil d’administration. En 1847, il joua un rôle prépondérant dans la fondation de la Canada Life Assurance Company ; il en fut le vice-président pendant les 20 ans qui suivirent, puis le président pendant cinq ans.

Bien qu’il eût souscrit en 1834 à la London and Gore Railroad Company qui fut dissoute par la suite et qu’il eût pris part, grâce à son association avec les Buchanan, à la fondation de la Great Western Railway Company qui lui succéda, il ne s’intéressa pas sérieusement aux chemins de fer avant 1856. À cette époque des actionnaires britanniques mécontents qui cherchaient à consolider la position de la Great Western, se livrèrent à d’importants changements au sein de la compagnie. Ils prièrent Young, actionnaire de peu d’importance non impliqué dans les difficultés passées, d’accepter la vice-présidence de la société ferroviaire et la présidence de son conseil d’administration canadien. Il cumula les deux fonctions pendant dix ans et fit également partie du conseil d’administration de la Hamilton and Lake Erie Railway Company. En 1850 Young fonda la Hamilton Gas Light Company et en fut le président pendant les 23 années qui suivirent. Membre du bureau de direction du Board of Trade de Hamilton dès sa fondation en 1845, il le demeura jusqu’à la fin de sa vie ; il fut président de cette association de 1846 à 1852, puis de nouveau en 1857 et 1858.

Young avait épousé en 1835, Anne Coleman, fille d’un gentleman anglais qui possédait une ferme à Paris dans le Haut-Canada ; plusieurs enfants naquirent de cette union. En 1837, il prit le commandement d’une compagnie de miliciens. Au cours des années 40, sa famille, ses affaires et son prestige dans la société s’étant accrus, il se fit construire, à flanc de montagne, dans un nouveau et élégant quartier de Hamilton, une maison spacieuse qu’il nomma Undermount. En dehors de ses affaires, Young s’occupa tout particulièrement de l’Église d’Écosse. Il participa à la fondation de l’église St Andrew à Hamilton en 1833 et dans les années 50 il contribua substantiellement aux fonds nécessaires à la construction. Pendant de nombreuses années, il fut son administrateur et premier conseiller presbytéral. À Hamilton, il contribua à l’établissement du Mechanics’ Institute, de la Mercantile Library Association et du Protestant Orphan Asylum. John Young ne s’occupa jamais activement de politique ; même s’il était un ami d’Allan Napier MacNab*, il réprouvait le torysme du « Family Compact » et demeura toujours un conservateur modéré.

Comme toutes les maisons d’affaires du Haut-Canada, le commerce de Young souffrit durement de la crise économique de 1857–1858 ; la fin de la crise n’amena toutefois pas la reprise du commerce à Hamilton et la lutte que cette ville avait livrée aux villes de Montréal et de Toronto pour prendre la tête du commerce de gros était maintenant terminée. Young, Law and Company réduisit considérablement son capital mais réussit à survivre et en 1866 Young put se retirer. Trois employés, Alexander Thomson, William Birkett et John Bell, prirent la succession du commerce de mercerie et on liquida complètement le commerce d’épicerie. Young se tourna alors vers l’industrie manufacturière et prit possession de la fabrique de Joseph Wright : Dundas Cotton Mills. C’était un changement plutôt inusité pour un homme qui occupait une place aussi importante dans le monde du commerce, et on peut supposer qu’il agit ainsi pour recouvrer un capital immobilisé, probablement investi comme prêt commercial à court terme consenti par Young, Law and Company à Wright et que ce dernier n’avait pu rembourser. Young, Law and Company continua à exister, mais en qualité de manufacturiers et non plus comme négociants.

En 1873 on pouvait dire de Young qu’il avait réussi dans l’industrie manufacturière ; il avait conservé la présidence de la Canada Life Assurance et de la Gas Light Company. Au moment de sa mort, il occupait la première place dans les milieux d’affaires de Hamilton, cette ville à la prospérité de laquelle il avait si largement contribué.

Douglas McCalla

APC, FM 24, D16 (Papiers Buchanan).— Hamilton Public Library, A. W. Roy, Newspaper clippings scrapbook, 13.— Directories (Hamilton), 1853, 1856, 1858, 1862, 1865–1866, 1870, 1871–1872, 1872–1873.— Directories (municipalité de Hamilton et comté de Wentworth), 1867–1868, 1868–1869.— Report of the directors of the Great Western Railway of Canada, 1852, 1856–1866.— Scobie & Balfour’s Canadian almanac, and repository of useful knowledge [...] (Toronto), 1850–1852.— M. F. Campbell, A mountain and a city, the story of Hamilton (Toronto, 1966).— A. W. Currie, The Grand Trunk Railway of Canada (Toronto, 1957).— C. M. Johnston, The head of the lake, a history of Wentworth County (Hamilton, 1958).— John Rankin, A history of our firm, being some account of the firm of Pollok, Gilmour and Co. and its offshoots and connections, 1804–1920 (2e éd., Liverpool, 1921).— Ross et Trigge, History of the Canadian Bank of Commerce, I.— [W. J. Shaw], A century of service ; St Paul’s Church (Presbyterian), Hamilton, Ontario (Hamilton, 1933).— G. R. Stevens, Canadian National Railways (2 vol., Toronto, 1960), I.— J. R. Holden, Historical data re state and church in the county of Wentworth, Wentworth Hist. Soc. Papers and Records (Hamilton), III (1902) : 44–71.

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Douglas McCalla, « YOUNG, JOHN (1808-1873) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/young_john_1808_1873_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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