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BAKER, HUGH COSSART, homme d’affaires et homme politique, né en 1818 en Angleterre, fils aîné de George William Baker et d’Ann Cole ; le 18 novembre 1845, il épousa à Wellington Square (Burlington, Ontario) Emma Wyatt, et ils eurent deux fils et quatre filles ; décédé le 2 mars 1859 à Savannah, Géorgie, et inhumé à Hamilton, Haut-Canada.
Le père de Hugh Cossart Baker, qui était capitaine à la demi-solde dans le Royal Régiment of Artillery, immigra avec sa famille dans le Haut-Canada en 1832 et s’établit à Bytown (Ottawa), où il devint deux ans plus tard maître de poste. Baker travailla tout d’abord avec son père au bureau de poste, mais, vers 1838, il trouva un emploi de commis à la Bank of the People à Toronto. Pendant son séjour là-bas, il devint secrétaire de la Home District Mutual Fire Insurance Company. Lorsque la Banque de Montréal, qui avait absorbé la Bank of the People en 1840, ouvrit une succursale à Hamilton trois ans plus tard, Baker en assuma le premier la direction.
L’année même où il se maria, soit en 1845, Baker décida de s’assurer sur la vie. L’agence la plus proche au Canada à offrir de telles assurances était située à Québec ; il choisit donc de faire affaire avec le bureau d’une société britannique établie à New York, et parce qu’il souffrait d’asthme, on l’obligea à subir un examen médical à cet endroit. Bien qu’il ait obtenu une police d’assurance, l’agence lui réclama une prime additionnelle de 1 p. cent en raison du risque que comportait le climat canadien. En plus des frais de change, on lui demanda probablement, comme c’était l’usage en Grande-Bretagne, « 40 p. cent de plus qu’il n’était nécessaire » afin d’assurer sa couverture en l’absence de données actuarielles pour le Canada.
Ces difficultés convainquirent Baker de l’avantage qu’il y aurait à former une société d’assurance-vie possédant son centre d’affaires au Canada. Se disant animé des « plus purs sentiments d’humanité » et faisant montre « de grands talents en mathématiques », il soutint qu’en dressant des tables actuarielles détaillées et en plaçant ses capitaux dans des valeurs canadiennes rentables, une telle société pourrait fonctionner au Canada plus efficacement que les compagnies britanniques ou américaines et pourrait utiliser les sommes épargnées pour baisser le montant des primes payées par les assurés. Son expérience dans les banques et dans l’assurance contre l’incendie l’amena également à la conclusion qu’une compagnie d’assurances était un excellent outil pour mobiliser des capitaux de placement. En 1846, il prit des mesures pour mettre sur pied une société d’assurances mutuelles, ne nécessitant pas un capital initial important de la part des promoteurs, n’émettant aucune action et dont l’actif appartiendrait aux détenteurs de police. Le projet obtint l’appui d’un certain nombre d’hommes d’affaires en vue de Hamilton, dont sir Allan Napier MacNab* et John Young* ; le printemps suivant, ils demandèrent au Parlement provincial d’être constitués juridiquement en société. Les députés craignirent cependant que les détenteurs de police ne soient exposés à une trop grande part du risque inhérent à ce nouveau type d’entreprise, et la demande fut rejetée.
Nullement ébranlé par ce refus et n’ayant pas encore obtenu de charte, Baker mit sur pied en août 1847 la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie, société par actions disposant d’un capital de £50 000 divisé en actions de £100. La demande de constitution en société reçut un meilleur accueil à l’Assemblée l’année suivante, même si on souleva certaines questions. L’inspecteur général des comptes publics, Francis Hincks*, rappela qu’à la différence des chartes des sociétés d’assurance-vie anglaises qui rendaient chaque actionnaire responsable de la valeur totale du capital social, la charte de la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie limitait la responsabilité de l’actionnaire au montant de ses actions. Hincks craignait que cela ne puisse inciter les membres du conseil d’administration à prendre des risques avec l’actif de la société. Pour protéger les détenteurs de police, il voulait limiter les investissements de la société à des valeurs qu’il considérait comme tangibles et sûres (placements immobiliers et hypothécaires) et il proposa un amendement au projet de loi visant à empêcher la compagnie d’investir du capital dans des actions de banques privilégiées et de sociétés établies. MacNab et Henry Sherwood défendirent cependant le projet de loi original avec succès, et la reconnaissance juridique fut accordée en 1849.
À titre de président, de directeur général et d’actuaire, Baker géra la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie presque à lui seul et consacra énormément d’énergie à sa promotion. L’une de ses premières tâches fut d’essayer de vaincre la résistance du public à l’assurance sur la vie, réaction fondée en partie sur l’ignorance générale des principes économiques en jeu et sur la traditionnelle confiance en la richesse personnelle et aux legs. En dépit de l’opposition de certains membres du conseil d’administration, Baker lança une dynamique campagne de marketing. Il fit paraître des annonces dans les journaux à travers toute la province du Canada, il distribua de la documentation sur le sujet et avec son frère George William, qui avait été engagé comme agent général chargé de la promotion de la compagnie, il prononça des conférences pour souligner les « grands avantages moraux et sociaux de l’assurance-vie ». En 1848, la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie avait délivré 117 polices et établi un réseau d’agents depuis Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, jusqu’à Port Sarnia (Sarnia, Ontario). La plupart de ces agents représentaient diverses compagnies d’assurances, mais en dehors de leur travail régulier dans le domaine commercial, juridique ou administratif.
Baker, dont les « talents d’homme d’affaires étaient hors du commun », selon le Times de Hamilton, passait le plus clair de son temps à réviser progressivement les tables actuarielles britanniques devant être utilisées au Canada. Dans un discours prononcé devant le Hamilton Mechanics’ Institute en 1848 (et publié la même année sous le titre de Alecture on life assurance [...]), il déclara qu’aucune table de mortalité « n’avait été établie au Canada, à l’exception des calculs de la santé comparative des troupes britanniques en garnison dans les colonies du vaste Empire ». Baker fut le premier citoyen de l’Amérique du Nord britannique à être reconnu pour son travail par l’Institute of Actuaries of Great Britain and Ireland, qui l’élut membre correspondant en 1851 et fellow l’année suivante. Il trouva sans aucun doute ce contact professionnel utile et, dès la fin des années 1850, il s’était fait une réputation pour ses « innombrables calculs concernant les primes, les fonds de réserve et les valeurs sous forme d’obligations ».
Le Canada connut au début et au milieu des années 1850 une période de spéculation optimiste et une forte hausse des valeurs immobilières. Avec les primes d’assurance que Baker avait investies dans des débentures municipales et, de plus en plus, dans des hypothèques, la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie ne cessa de prospérer, grâce en partie à l’absence de concurrence sérieuse. Toutefois, après avoir assisté en 1857 à l’effondrement du marché foncier et au déclin des valeurs immobilières, ce qui eut pour effet d’entraîner la dépréciation progressive de l’actif de la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie, certains observateurs jugèrent que Baker aurait pu être plus prudent. Pour protéger la compagnie durant la récession qui suivit, Baker prit des mesures afin de réduire la quantité de primes impayées par les détenteurs de police.
Les problèmes de la compagnie à la fin des années 1850 étaient dus en grande partie à une conjoncture économique défavorable. En 1862, Allen Good, fermier de la région de Brantford qui avait de l’expérience dans l’assurance et le domaine bancaire, émit toutefois l’opinion que Baker avait pris trop de responsabilités sur ses épaules. En plus de ses fonctions au sein de la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie, il fut l’un des fondateurs de l’Ontario Marine and Fire Insurance Company en 1849 et continua de diriger la Banque de Montréal à Hamilton jusqu’en 1850. Il participa à la formation et à la gestion de la Hamilton Building Society, de la Gore District Building Society et de la Western Building Society. Il fit partie également du conseil d’administration de la Hamilton Gas Light Company et de la Gore Bank, occupa le poste de vice-président de la Hamilton and Port Dover Railway Company et fut un important actionnaire de la Great Western Railway Company. Membre de diverses associations commerciales, il exerça les fonctions de secrétaire trésorier du Hamilton Board of Trade et de membre du Board of Arts and Manufactures for Upper Canada.
La réputation de Baker comme président de la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie fut ternie par un incident qui ne fut mis en lumière qu’après sa mort. Lorsque la société racheta la Hamilton and Gore District Savings Bank en 1856, Edward Cartwright Thomas, John Young et William Paterson McLaren* (qui étaient membres du conseil d’administration des deux établissements) recherchèrent la complicité de Baker pour dissimuler le détournement de fonds de 30 000 $ commis par le trésorier de la banque, Richard Porter Street. Thomas, Young et McLaren avaient l’intention d’éponger le déficit par des biens immobiliers que leur avait cédés Street, mais dans le marché déprimé d’après 1857 l’entreprise s’avéra impossible. Bien que Baker n’ait pas participé activement à cette dissimulation, des soupçons commencèrent à planer en 1863 sur son rôle de président lorsque des actionnaires inquiets poursuivirent en justice les trois membres du conseil d’administration, les rendant responsables du reste des fonds manquants.
Même si, d’après le Times de Hamilton, ses « manières réservées et [son] zèle pour les affaires l’avaient empêché d’être aussi connu en général que nombre de ses concitoyens moins éminents », Baker prenait au sérieux ses responsabilités sociales et publiques. Il fut membre de la Hamilton Mercantile Library Association, président du Hamilton Mechanics’ Institute, vice-président de la St George’s Society, trésorier de la City Tract and Missionary Society et marguillier de l’église Ascension à Hamilton. « Peu de gens, en dehors de ses amis les plus intimes, étaient au courant des grosses sommes qu’il dépensait constamment dans des œuvres charitables et chrétiennes », rapporta le Times au lendemain de sa mort. En 1857, après qu’il eut exercé les fonctions d’échevin de la ville, l’organisation tory de la région le choisit comme candidat dans la circonscription qui venait d’être laissée vacante par MacNab ; désigné, d’après la rumeur, comme « un agent d’assurances ayant une sacrée assurance », il fut défait par un de ses concurrents d’affaires, Isaac Buchanan*.
En dépit de son énergie et de sa capacité de travail, Hugh Cossart Baker se tua à la tâche. Comme son frère George William, qui mourut de bronchite en 1853, Baker avait souffert par le passé de problèmes respiratoires et il mourut de tuberculose en 1859, au retour d’une période de convalescence en Floride. John Young lui succéda au poste de président de la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie et Alexander Gillespie Ramsay, ancien secrétaire de la Scottish Amicable Assurance Society de Glasgow, au poste de directeur général.
Hugh Cossart Baker est l’auteur de : A lecture on life assurance, delivered before the Mechanics’ Institute of Hamilton, on the 5th April, 1848 […] (Hamilton, Ontario, 1848).
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David G. Burley, « BAKER, HUGH COSSART », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/baker_hugh_cossart_8F.html.
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Auteur de l'article: | David G. Burley |
Titre de l'article: | BAKER, HUGH COSSART |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |