YOUNG, GEORGE PAXTON, ministre de l’Église libre d’Écosse, professeur, inspecteur d’écoles et auteur, né le 9 novembre 1818 à Berwick upon Tweed, Angleterre, décédé célibataire le 26 février 1889 à Toronto.
George Paxton Young naquit au sein de la famille d’un ministre de l’Église d’Écosse et fit ses premières études à Berwick upon Tweed. Il fréquenta ensuite la célèbre Royal High School d’Édimbourg et l’University of Edinburgh où il obtint une maîtrise ès arts. En 1843, il enseigna quelque temps les mathématiques à la Dollar Academy, puis entra au Theological Hall de l’Église libre, nouvellement fondé à Édimbourg. Reçu aspirant au pastorat dans l’Église libre à la fin de son cours de théologie, il occupa sa première charge à l’église Martyrs, à Paisley. En 1847 ou 1848, il immigra au Canada et, le 22 novembre 1850, il fut installé ministre de l’église Knox, à Hamilton, Haut-Canada. Il remplit la fonction de président du consistoire de Hamilton pour l’année 1851–1852. En 1853, il démissionna de son pastorat et fut nommé professeur au Knox College, à Toronto.
Young enseigna dans les départements de théologie et des études préparatoires de ce collège pendant les dix années suivantes. Puis, en 1864, il abandonna le professorat et accepta l’invitation d’Egerton Ryerson à devenir le premier inspecteur à plein temps des écoles secondaires du Haut-Canada. En 1865, Ryerson le nomma aussi inspecteur des écoles « séparées ». En 1868, Young revint au Knox College pour prendre la direction du département des études préparatoires et, en 1870, il fut nommé professeur de morale et d’histoire de la philosophie. L’année suivante, il refusa le poste de professeur de mathématiques au Victoria College, à Cobourg, puis succéda à James Beaven* à la chaire de métaphysique et d’éthique de l’University College, à Toronto, poste qu’il conserva jusqu’à la fin de sa vie.
Les contemporains de Young le décrivirent parfois comme un homme timide, réservé, qui menait la vie d’un célibataire rangé et préférait par-dessus tout la solitude de son cabinet de travail. Ce jugement reposait peut-être plus sur son comportement que sur les faits et gestes de sa vie, car Young se trouva toujours engagé dans les affaires publiques et dans les courants du savoir de son époque. Jusqu’à sa mort, il fut un membre actif du Canadian Institute (qui devint plus tard le Royal Canadian Institute) ; il présenta un grand nombre de communications devant cet organisme et y occupa plusieurs postes entre 1856 et 1871. Ardent partisan de l’union des divers groupes presbytériens en une seule Église, il exhorta sa congrégation à la réaliser dès 1853, écrivit des articles approuvant cet objectif dans le Globe et parraina des motions à cet effet au synode. Comme inspecteur des écoles secondaires entre 1864 et 1867, Young fit à plusieurs reprises des tournées d’inspection au Haut-Canada, visitant chaque école et examinant la compétence des professeurs et le progrès des élèves. S’appuyant sur les données qu’il amassait, il écrivit une série de rapports fouillés et extrêmement critiques sur les déficiences des écoles secondaires et donna un exposé sommaire des changements qu’il jugeait nécessaires. Son analyse des problèmes procura à Ryerson à la fois les armes et les idées pour faire la réforme de l’éducation ; bon nombre des suggestions de Young furent inscrites dans la loi sur les écoles de 1871, laquelle remplaça les écoles de « grammaire » par des écoles de niveau secondaire, qui donneraient l’enseignement général, et des « instituts collégiaux », qui prépareraient les élèves à entrer à l’université. Même s’il démissionna de son poste d’inspecteur d’écoles en 1867, Young ne rompit pas ses liens avec le système scolaire provincial. Il exerça les fonctions de président de l’Ontario Teachers’ Association en 1871 et fit partie du conseil de l’Instruction publique en 1871–1872. Comme membre du comité des examinateurs après 1871, il continua également à jouer, jusqu’à quelques mois avant sa mort, un rôle important dans l’élaboration de la politique concernant l’éducation en Ontario.
L’activité et les intérêts de Young dans le domaine du savoir étaient étendus et variés. Il publia d’abord un recueil de sermons, Miscellaneous discourses and expositions of Scripture, volume qui révèle une grande culture, un talent pour l’exégèse et une prose agréable. Durant toute sa vie, il ne cessa de se passionner pour les mathématiques auxquelles il s’était intéressé dès sa jeunesse, faisant paraître dans des revues canadiennes, américaines et anglaises un certain nombre d’articles sur la théorie des équations, qui suscitèrent de grands éloges de la part d’éminents mathématiciens de l’époque. Il publia relativement peu sur la philosophie, matière qu’il enseigna la plus grande partie de sa vie ; néanmoins ce fut peut-être dans ce domaine qu’il exerça le plus d’influence sur la pensée au Canada. Formé à l’époque de ses études à Édimbourg selon la philosophie écossaise du bon sens, il ne commença pas moins à critiquer celle-ci au début de sa carrière de professeur au Knox College et, en 1862, il l’avait rejetée en grande partie. Comme bien d’autres personnes de sa génération, il se tourna plutôt vers Kant puis vers l’idéalisme britannique d’Edward Caird et de Thomas Hill Green. Grâce à Young, une génération d’étudiants à l’University of Toronto s’initia aux théories politiques et éthiques d’hommes qui tentaient de préserver les croyances chrétiennes tout en se mettant en accord avec la pensée moderne.
Le changement de philosophie de Young influença également ses propres opinions théologiques. Il ne devint jamais un sceptique, car l’idéalisme britannique fournit un nouveau soutien philosophique à sa foi. Mais ce changement l’amena, semble-t-il, à refuser d’adhérer à certains aspects de la doctrine presbytérienne, ou du moins à contester les fondements traditionnels de cette doctrine. Il se peut que ses doutes l’aient incité à démissionner du Knox College en 1864. Il ne devait plus jamais enseigner la théologie et, plus tard, il refusa même d’exercer les fonctions de conseiller presbytéral ou de professeur à l’école du dimanche de l’église St Andrew à Toronto, à laquelle il appartenait. D’un autre côté, il demeura jusqu’à la fin de sa vie, non seulement à ses yeux mais à ceux de ses élèves et de sa communauté, un chrétien convaincu et pratiquant.
Young fut par-dessus tout un professeur. Les mémoires laissés par ses élèves, dont un grand nombre n’avaient aucun intérêt particulier ni aucune aptitude pour la philosophie, évoquent un personnage doué d’un charisme qui pouvait soulever leur enthousiasme pour des idées difficiles, clarifier même le passage philosophique le plus complexe et apporter dans la classe une chaleur et une humanité auxquelles peu d’élèves pouvaient résister. Young légua un nombre considérable de travaux d’érudit, en particulier des travaux portant sur les mathématiques. Il laissa son empreinte sur le système scolaire de l’Ontario. Mais ce fut son talent de professeur qui le fit entrer vivant dans la légende et lui permit d’exercer cette emprise dont il jouissait sur le progrès intellectuel d’une génération d’étudiants de l’University of Toronto.
George Paxton Young est l’auteur de : The ethics of freedom notes selected, translated and arranged by his pupil James Gibson Hume (Toronto, 1911) ; Freedom and necessity : a lecture, delivered in Knox’ College on the 6th April, 1870, at the close of the college session (Toronto, 1870) ; « Lecture on the philosophical principles of natural religion », Home and Foreign Record of the Canada Presbyterian Church (Toronto), 2 (1862–1863) : 29–38 ; et de Miscellaneous discourses and expositions of Scripture (Édimbourg et Hamilton, Ontario, 1854).
AO, MU 134, G. P. Young ; RG 2, C-2, box 16, no 1 316 ; C-6-C, Young à Egerton Ryerson, 12 avril 1864.— APC, MG 24, B40 : 199–201.— UTA, A73-0 026, Dept. of Graduate Records, G. P. Young file.— Doc. hist. of education in U.C. (Hodgins).— Varsity (Toronto), 1er déc. 1888, 2 mars 1889.— Weekly Globe, 25 août 1876.— Dent, Canadian portrait gallery, III.— Canadian education : a history, J. D. Wilson et al., édit. (Scarborough, Ontario, 1970).— McKillop, Disciplined intelligence.— The University of Toronto and its colleges, 1827–1906, [W. J. Alexander, édit.] (Toronto, 1906), 353s.— H. Calderwood, « Professor George Paxton Young, LL.D. », Knox College Monthly and Presbyterian Magazine (Toronto), 10 (mai–oct. 1889) : 1–4.— William Caven, « Professor Young », Knox College Monthly and Presbyterian Magazine, 9 (nov. 1888–avril 1889) : 265–268.— J. A. Irving, « The development of philosophy in central Canada from 1850 to 1900 », CHR, 31 (1950) : 252–287.
R. D. Gidney, « YOUNG, GEORGE PAXTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/young_george_paxton_11F.html.
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Auteur de l'article: | R. D. Gidney |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
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