WILLIAMS, RICHARD, ministre méthodiste wesleyen, né vers 1790 en Angleterre ; décédé le 1 er août 1856 à Bridgetown, Nouvelle-Écosse.

Richard Williams grandit dans une famille anglicane d’Angleterre et, encore jeune, il se convertit au méthodisme au cours d’une assemblée. Au début, il travailla comme class leader et prédicateur local au sein de la Conférence wesleyenne britannique. En 1813, il fut pris à l’essai comme ministre itinérant. Deux ans plus tard, il se porta volontaire pour aller en mission et fut nommé à Montréal.

La guerre de 1812 avait temporairement perturbé, dans le Haut et le Bas-Canada, le travail de l’Église méthodiste épiscopale, dont le siège se trouvait aux États-Unis, et provoqué une pénurie de prédicateurs. Ce dérangement, ainsi que les tendances méthodistes wesleyennes de certains immigrants britanniques, décidèrent le comité des missions de la Conférence wesleyenne britannique à envoyer des missionnaires dans les Canadas, et Williams fut l’un des premiers à se rendre au Bas-Canada. Cette mesure du comité suscita une forte rivalité entre les branches américaine et anglaise du méthodisme. Toutefois, cet antagonisme s’apaisa temporairement à la suite d’une entente conclue entre les deux factions en 1820 ; en conséquence, le Bas-Canada se trouva placé sous la juridiction des wesleyens. De 1815 à 1825, Williams desservit les circonscriptions ecclésiastiques de Québec, de Trois-Rivières, du canton de Melbourne, de Saint-Armand, dans le Bas-Canada, ainsi que Kingston, dans le Haut-Canada. Il alla ensuite s’installer à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

Dès le début, Williams se révéla un prédicateur itinérant énergique qui, sans aucun doute, considérait que le méthodisme wesleyen était supérieur à celui de la branche américaine. Il trouva que les méthodistes de Kingston étaient « très impatients d’avoir un missionnaire anglais », et il aurait bien aimé « se rendre à leur désir ». Il constata à Montréal et dans les environs la présence d’un grand nombre de protestants tombés dans l’erreur, et il décrivit Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu) comme un gros village dont « la perversité des habitants [était] proverbiale », caractéristique qu’il retrouvait aussi chez la population de Chambly.

Le 18 février 1819, à l’occasion d’une réunion de district à Kingston, Williams fut élu président du district du Canada. Lors de cette assemblée, les missionnaires rédigèrent une adresse au duc de Richmond [Lennox*], le gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique, et assurèrent ce dernier que leur objectif était de faire en sorte qu’un grand nombre passent « des ténèbres à la lumière », et qu’ils ne manqueraient pas de servir « des exhortations énergiques aux fidèles confiés à [leurs] soins afin qu’ils apprennent, par les préceptes et par l’exemple, à craindre Dieu et, par le fait même, à respecter le roi [...] et à faire honneur à [la] sainte religion par une conduite toujours pacifique et une soumission sereine à l’autorité légitime ». En ayant recours à de tels moyens, Williams et ses collègues contribuèrent à former dans le Bas-Canada une communauté loyale, orientée vers le méthodisme britannique. Ils entretinrent ainsi la controverse entre les méthodistes wesleyens britanniques et les méthodistes canadiens, laquelle allait durer jusqu’en 1847.

L’arrivée de Williams au Nouveau-Brunswick coïncida avec la décision du comité des missions de séparer en deux le district de la Nouvelle-Écosse, initiative qui se révéla impopulaire chez les missionnaires et leurs ouailles. En mai 1826, Williams fut nommé président du district du Nouveau-Brunswick, qui venait d’être créé et qui comprenait aussi la vallée d’Annapolis en Nouvelle-Écosse. Par cette mesure, le comité montrait qu’il était déterminé à promouvoir l’indépendance et l’initiative dans chacune de ses missions. Malheureusement, cette ligne de conduite n’était pas associée à une volonté d’écouter les missionnaires et d’approuver les dispositions qu’ils avaient prises pour raffermir la cause méthodiste. En fait, l’attitude du comité était dictée par le manque de fonds chronique de la société et par son insistance à vouloir établir dans les colonies le méthodisme wesleyen.

Dès sa nomination au Nouveau-Brunswick, Williams et ses collègues se trouvèrent en difficulté avec les secrétaires et le comité. Celui-ci durcissait le régime des allocations destinées aux missionnaires, mais ces derniers soutenaient que les nouveaux arrangements allaient créer des ennuis sur le plan personnel et gêner l’établissement de nouvelles circonscriptions ecclésiastiques. Ils exhortèrent les secrétaires à tenir compte de leur juste appréciation. Williams lui-même défendit énergiquement les dépenses qu’il avait faites au cours de sa dernière année à Québec. En 1832, les secrétaires prétendirent que le bilan du district du Nouveau-Brunswick était trompeur et non orthodoxe, et que Williams était « tout à fait inapte » à administrer des fonds. Cette année-là, il fut remplacé à la présidence par un ancien collègue du Bas-Canada, le révérend John Bass Strong.

Après 1832, Williams ne tint pas une place importante aux réunions de district, ni dans la correspondance échangée avec les secrétaires à Londres. Il œuvra dans plusieurs circonscriptions du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. En 1840, parce qu’il avait été ordonné en Angleterre, on lui permit de retourner dans ce pays. Il passa les années de 1840 à 1842 en Cornouailles avant d’être réaffecté au Nouveau-Brunswick. En 1844, il fut nommé président du district de Terre-Neuve. Il exerça cette fonction jusqu’en 1849, année où il devint ministre surnuméraire pour raison de santé. En 1852, il se fixa à Bridgetown, en Nouvelle-Écosse, et continua à prêcher régulièrement, même s’il était à la retraite. Il prononça son dernier sermon à Tupperville, cinq jours avant sa mort ; sa femme lui survécut.

Richard Williams était un homme costaud, brusque et fortement attaché aux dogmes et aux pratiques du méthodisme wesleyen. Selon le révérend George Oxley Huestis, « ni l’homme ni la présence du démon ne pouvaient le détourner de son objectif ni le faire changer d’avis quand il croyait avoir raison ». Il contribua à établir solidement quelques circonscriptions ecclésiastiques sur le sol peu prometteur du Bas-Canada, consolida l’influente circonscription de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, et dirigea de manière discrète les districts du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve. Williams ne doutait nullement que le méthodisme wesleyen était le meilleur, mais il reconnaissait quand même la nécessité de l’adapter aux conditions prévalant en Amérique du Nord britannique. Sa prédication, « toujours émaillée de vérités évangéliques, était caractérisée par [...] l’importance qu’il accordait à ces grands préceptes des saintes Écritures que sont la justification par la foi et l’absolue sainteté ». Bien qu’il ait été lui-même prédicateur, il croyait que les oraisons funèbres étaient un mal : « à la vie et à la mort, je suis opposé aux oraisons funèbres et, lorsque je mourrai, que l’on ne récite pas d’oraison pour moi ». Son désir fut exaucé : on ne prononça à ses obsèques qu’une simple allocution.

Goldwin French

SOAS, Methodist Missionary Soc. Arch., Wesleyan Methodist Missionary Soc., corr., North America, New Brunswick District, minutes, mai 1826, mai 1828 ; lettre à Strong, 13 juill. 1832 (mfm aux UCA).— Wesleyan Methodist Church, Minutes of the conférences (Londres), 2 (1799–1807) : 272–273 ; 4 (1814–1818) : 107 ; 6 (1825–1830) : 37, 142 ; 9 (1840–1843) : 24 ; 10 (1844–1847) : 50 ; 11 (1848–1851) : 220 ; 12 (1852–1854) : 62.— Wesleyan Methodist Church of Eastern British America, Minutes (Halifax), 1857 : 4–5.— Provincial Wesleyan (Halifax), 14 août 1856.— Carroll, Case and his cotemporaries, 2 : 23.— French, Parsons & politics, 6774.— G. O. Huestis, Memorials of Wesleyan missionaries & ministers, who have died within the bounds of the conference of Eastern British America, since the introduction of Methodism into these colonies (Halifax, 1872), 128.— J. G. Reid, Mount Allison University : a history to 1963 (2 vol., Toronto, 1984), 1, chap. 1.

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Goldwin French, « WILLIAMS, RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/williams_richard_8F.html.

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Auteur de l'article:    Goldwin French
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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