WHITE, SOLOMON, avocat, fermier, homme d’affaires et homme politique, né le 8 octobre 1836 dans la Huron Réserve près d’Amherstburg, Haut-Canada, fils de Joseph White, chef wyandot, et d’Angélique Fortier ; en janvier 1867, il épousa Mary L. Drew (décédée en 1896), de Detroit, puis le 25 septembre 1898, Elizabeth Whitmore, aussi de Detroit, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 11 novembre 1911 à Cobalt, Ontario.

Formé dans les écoles du comté d’Essex et parlant couramment le français et l’anglais, Solomon White fut reçu au barreau en 1865 et se mit à pratiquer le droit à Windsor avec John O’Connor*, catholique comme lui. En 1868, il s’installa à Cooksville (Mississauga), où il exploita avec succès une entreprise vinicole. En 1873, pendant son séjour à cet endroit, il se présenta sous la bannière conservatrice dans une élection partielle provinciale, mais fut défait. De retour à Windsor en 1876, il reprit la pratique du droit. En outre, il exploitait en bordure de la ville une ferme où il cultivait du raisin et élevait du bétail et des trotteurs. Il devint président de la North Essex Agricultural Society, de la Windsor Land and Improvement Company et de la Windsor Driving Park Association, qui commanditait des courses professionnelles de chevaux.

En 1878, White fut élu député d’Essex North à l’Assemblée législative de l’Ontario. Il occuperait ce siège jusqu’en 1886, puis de 1890 à 1894. Ses critiques à l’endroit du gouvernement libéral d’Oliver Mowat* réjouissaient la majorité des tories, mais non certaines de ses autres prises de position. La plupart des conservateurs réclamaient que l’anglais devienne la langue d’enseignement des écoles françaises de la province. Lui, fidèle à ses ancêtres maternels et à ses nombreux électeurs francophones, résista à ce courant en 1891. Son appui à l’annexion aux États-Unis, la même année, l’isola plus encore. D’après lui, le Canada devait devenir un État américain pour être prospère et se libérer du statut de colonie. Le chef conservateur William Ralph Meredith* répudia son opinion en février 1892 et les libéraux s’empressèrent d’exploiter le conflit.

White manifestait également son indépendance lorsqu’il était question des autochtones. En 1877, en vertu de la loi sur les Indiens adoptée l’année précédente, lui-même et son père avaient pu obtenir le droit de suffrage en échangeant des droits sur la Huron Réserve, dont les terres étaient détenues collectivement par les membres de la bande, contre des concessions foncières individuelles. Grâce à cette transaction, il avait pu acquérir 167 acres de terre et sa femme, 50 ; tous deux avaient par le fait même collaboré à l’assimilation des Wyandots de la réserve. Cependant, White fut à peu près le seul, en tant que premier député amérindien de l’Ontario, à défendre les droits des autochtones. En 1884, il s’en prit aux libéraux parce qu’ils refusaient à certains Indiens le droit de voter aux élections provinciales. Deux ans plus tard, il défendit les revendications territoriales des autochtones de l’Ontario et, à l’encontre de l’opinion publique, réclama la clémence à l’égard des autochtones emprisonnés pour avoir résisté pendant le soulèvement du Nord-Ouest [V. Mistahimaskwa*]. À cause de cette proposition impopulaire, il subit la défaite en 1886.

En 1890, lorsque White retourna siéger à l’Assemblée, après avoir été maire de Windsor pendant une courte période, il reprocha encore une fois au gouvernement Mowat de s’ingérer dans les affaires territoriales des autochtones. Cette question, fit-il valoir en 1891, « regardait uniquement les Indiens et le dominion ». Il perdit son siège définitivement en 1894 en partie à cause des controverses que soulevait ce genre de position.

En 1905, White s’installa dans le nord de l’Ontario, à Cobalt. C’était un centre en pleine expansion où l’on exploitait des mines d’argent. Favorisé par son bilinguisme, il se constitua une clientèle lucrative en tant qu’avocat. En outre, il acquit des intérêts miniers ainsi qu’un certain nombre de magasins et maisons, tout en gardant son domicile et ses propriétés commerciales à Windsor. En 1908, il reçut le titre de conseiller du roi. Défait dans la course à la mairie de Cobalt en 1907, il fut élu en 1911, mais mourut dans le courant de l’année. On conduisit sa dépouille dans le comté d’Essex pour l’inhumer dans le canton d’Anderdon.

Personnage politique mineur, Solomon White se fit connaître comme franc-tireur conservateur et comme premier défenseur des autochtones à l’Assemblée législative de l’Ontario.

Peter E. Paul Dembski

AO, RG 22-366, no 549.— Cobalt Daily Nugget (Cobalt, Ontario), 13 nov. 1911.— Daily Mail and Empire, 14 nov. 1911.— Evening Record (Windsor, Ontario), 13, 15 nov. 1911.— Globe, 14 nov. 1911.— Hamilton Spectator 13 nov. 1911.— Toronto Daily Mail, 1880–1886, 1890–1894.— C. R. W. Biggar, Sir Oliver Mowat [...] a biographical sketch (2 vol., Toronto, 1905).— Canada, Indian treaties and surrenders [...] [1660–1906] (3 vol., Ottawa, 1891–1912 ; réimpr., Toronto, 1971), 2 : 66s., 118, 154s.—Canadian album (Cochrane et Hopkins), 2 : 223.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).—Charles Clarke, Sixty years in Upper Canada, with autobiographical recollections (Toronto, 1908).— CPG, 1880–1887, 1890–1895.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— P. E. P. Dembski, « William Ralph Meredith : leader of the Conservative opposition in Ontario, 1878–1894 » (thèse de ph.d., Univ. of Guelph, Ontario, 1977).— Dominion annual reg., 1883–1884, 1886.— A. M. Evans, Sir Oliver Mowat (Toronto, 1992).— Ontario, Chief election officer, Hist. of electoral districts (1969) ; Legislature, « Newspaper Hansard » (mfm des débats conservé aux AO, 1867–1943), 1880–1886, 1890–1894.

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Peter E. Paul Dembski, « WHITE, SOLOMON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/white_solomon_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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