WHITE, JOHN, peintre anglais et premier artiste à dessiner des Esquimaux au Canada, né vers 1540–1550 ; circa 1593, dans le comté de Cork, en Irlande.

White était peut-être originaire de Cornouailles, mais on n’a que de vagues renseignements sur sa famille et sur les débuts de sa carrière. Il est presque certain toutefois qu’il s’agit du même John White qui était membre de la Société des Peintres-Héraldistes de Londres en 1580. Il prit une part active aux expéditions de colonisation de Sir Walter Raleigh en Caroline du Nord et en Virginie entre 1584 et 1590, tout d’abord comme artiste-peintre puis comme gouverneur de la nouvelle colonie (1587–1590). De ses œuvres exécutées en Virginie, à l’époque de Raleigh, il ne nous reste qu’un certain nombre d’aquarelles habilement peintes et représentant d’une manière convaincante les Indiens, la faune et la flore de cette région côtière. Elles sont conservées au British Museum.

Il est presque certain toutefois que ces œuvres ne sont pas les premières qu’il ait consacrées au Nouveau Monde. Bien qu’on ne puisse relever son nom dans les archives, il semble bien qu’il ait accompagné Frobisher lors de son deuxième voyage au sud de la terre de Baffin en 1577. Ceci semble confirmé par un lavis représentant un combat d’Esquimaux et d’Anglais et faisant partie d’un album de copies de dessins de White faites au xviie siècle. Les descendants de l’artiste cédèrent cet album à Sir Hans Sloane un siècle plus tard. L’authenticité des détails laisse supposer que White a été témoin oculaire de l’incident évoqué. Cette supposition est confirmée par le fait que, dans leurs relations de voyages, Dionise Settle et George Best décrivent une scène analogue. La scène se passe dans une baie de la terre de Baffin. Un groupe d’Esquimaux, montés dans leurs kayaks, armés d’arcs et de flèches, et dont on voit les tentes au fond et au-dessus de la baie, se portent à l’attaque d’un groupe d’Anglais qui, de leur pinasse, se défendent à coups de mousquets. Tous ces détails sont mentionnés dans les relations écrites de l’engagement et sont aussi reproduits dans l’aquarelle. Deux dessins originaux de White, l’un d’un Esquimau, l’autre d’une femme esquimaude et de son enfant, faisant partie d’une collection où figurent aussi ses Indiens de la Virginie, représentent presque certainement les indigènes que l’on sait avoir été faits prisonniers par Frobisher en 1577. Leur costume est sans aucun doute celui des Esquimaux de la terre de Baffin.

Il se pourrait fort bien que White ait fourni les originaux dont auraient été faites ou devaient être faites des eaux-fortes pour une publication dont le contrat fut accordé par la Stationers Company à John Allde, le 30 janvier 1578. Cette publication devait être intitulée « A description of the purtrayture and Shape of those strange kinde of people whiche the worthie master martin fourbosier brought into England in Anno 1576 and 1577. » Si ce livre fut publié, on n’en connaît aucun exemplaire, mais les éditions française et allemande de la relation de la seconde expédition de Frobisher par Settle, publiées en 1578 et en 1580 respectivement, contiennent toutes deux des bois qui se ressemblent étrangement, même dans le détail, et qui. furent probablement reproduits d’après une gravure d’un livre disparu. Tous deux représentent, avec les mêmes détails, un Esquimau et une Esquimaude avec son enfant, et un homme en kayak, ce qui établit un lien de filiation avec les portraits de White dont il a été question plus haut. Comme, dans le même album de reproductions, il y a au moins un autre dessin qui représente un Esquimau vu de dos, on peut en conclure que White a fait d’autres portraits d’Esquimaux que les deux dont nous possédons des originaux. À en juger par son œuvre subséquente en Virginie, il semble qu’il a fait beaucoup d’autres dessins illustrant la vie des Esquimaux. Ces œuvres, publiées ou non, auront sans doute contribué a mieux faire connaître cette région lointaine du Canada parmi ceux qui étaient les plus intéressés à l’expansion anglaise outre-mer.

P. H. Hulton

Roanoke voyages (Quinn), I.— Kaj Birket-Smith, The earliest Eskimo portraits, Folk, I (1959) : 5–14.— E. Croft-Murray et P. H. Hulton, Catalogue of British drawings (London, British Museum, 1960), I : XVI & XVII centuries : 26–30.— P. H. Hulton, John White’s drawing of Eskimos, Beaver, outfit 292 (summer, 1961) : 16–20.— John Whites American drawings, 1577–1590, ed. P. H. Hulton and D. B. Quinn (2 vol., London and Chapel Hill, N.C., 1963), planches 62, 63, 84, 85, 147.

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P. H. Hulton, « WHITE, JOHN (circa 1577-1593) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/white_john_1577_1593_1F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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