BEST (Beste), GEORGE, auteur de relations décrivant les trois voyages que fit Frobisher « à la recherche d’un passage du nord-ouest vers le Cathay et les Indes orientales » ; décédé probablement vers mars 1583/1584.

Il prit part à la seconde expédition (1577) en qualité de lieutenant de Frobisher, et à la troisième (l578) comme capitaine du vaisseau Anne Francis et chef du détachement chargé d’établir un poste dans la « Meta Incognita » de Frobisher et de mieux connaître cette région. On ignore tout de sa carrière, avant les voyages de Frobisher ; on sait toutefois qu’il se donne lui-même comme « un soldat ayant embrassé la carrière des armes » et comme le protégé de Sir Christopher Hatton, favori de la reine Élisabeth, vice-chambellan de Sa Majesté et bailleur de fonds pour les expéditions de Frobisher. Comme c’est à Hatton que Best a dédié ses relations des expéditions de Frobisher, on peut supposer que c’est à la demande de Hatton qu’il a accepté de participer à la seconde expédition de Frobisher « afin d’en rapporter toutes les péripéties avec exactitude ».

Si Best passe à l’histoire, ce sera surtout pour nous avoir laissé des relations qui, tout en étant écrites sans élégance, témoignent d’un grand souci de précision, et aussi pour avoir su tirer de ses études et de ses voyages des conclusions judicieuses et des observations qui ne manquent pas d’étonner par leur étendue et leur exactitude. D’autres contemporains de Frobisher qui ont pris part à ces expéditions ont aussi raconté leurs voyages et décrit les terres explorées, mais seul Best semble avoir su regarder d’un œil attentif et tirer de ses observations des conclusions géographiques, météorologiques et sociologiques dont le temps à confirmé la justesse. Déjà dans ses études de « la science de la Cosmographie et des secrets de la Navigation », qui l’ont aidé à préparer son premier voyage avec Frobisher, il soutenait que ceux qui se rendent dans l’Arctique doivent, pour commencer, cesser de considérer cette région comme une zone glaciale qui serait la contrepartie des zones tropicales ou torrides (croyance fort répandue au xvie siècle). Si l’on comprend bien la forme de la terre et la place qu’elle occupe dans le système solaire, on peut en déduire, selon Best, que la chaleur des tropiques doit se faire sentir en été, dans les régions boréales, lorsque les jours ensoleillés atteignent leur durée maximum et les nuits glaciales leur durée minimum. Ayant observé que les Esquimaux de la terre de Baffin possédaient et employaient des objets de fer, il fut le premier à émettre l’opinion, confirmée par des anthropologues du xixe siècle, que ces indigènes, si nouveaux et étranges qu’ils aient pu sembler à Frobisher et à ses gens, avaient sans doute déjà trafiqué avec des Européens.

Best consacre le dernier chapitre de ses relations des voyages de Frobisher, « A generale and briefe Description of the Countrey, And condition of the people, which are found in Meta Incognita », à une étude fort pénétrante des qualités des indigènes et révèle ainsi un sens de l’observation peu commun au xvie siècle ; il y décrit très minutieusement leur apparence, leurs vêtements, leurs outils, leur comportement entre eux et avec les étrangers ainsi que leurs prouesses comme chasseurs et pêcheurs. Nombre des opinions qu’il avançait alors sur la géographie et la climatologie de l’île sont désormais acceptées. Les descriptions qu’il nous donne de la quantité et de la variété des oiseaux et des animaux à fourrure évoquent une époque d’abondance désormais révolue, mais le temps n’a pas eu raison de « cette petite mouche ou moustique dont la piqûre est si douloureuse », la bête la plus indésirable que Best ait eu à affronter dans ce monde encore inexploré au temps d’Élisabeth.

Best fut tué six ans après son retour en Angleterre, au cours d’un duel avec Oliver St. John, qui devint plus tard le vicomte Grandison. Après les expéditions de Frobisher, il semble qu’il soit retourné au métier des armes sous les ordres de Sir Christopher Hatton. Quelques mois après sa mort, Hatton en parle en le désignant comme « un de mes hommes ». En 1863, Charles Francis Hall* assurait à Best une place dans l’histoire en remettant au peuple britannique des reliques trouvées sur l’île Kodlunarn (que Frobisher appelait l’île de la Comtesse-de-Warrick) et qui provenaient, selon les mots mêmes de Frobisher : « d’un mur assez élevé [...] appelé le rempart de Best en l’honneur du lieutenant qui l’a conçu ». (Frobisher, Collinson, 374.)

Alan Cooke

Best, A true discourse, reproduit dans Three voyages of Frobisher (Stefansson), I ; dans Hakluyt, Principal navigations (1903–05), VII ; et dans The three voyages ol Martin Frobisher, in search of a passage ta Cathaia and India by the North-West, AD1576–8, reprinted from the first edition of Hakluyt’s Voyages, with selections from manuscript documents in the British Museum and State Paper Office, ed. Richard Collinson (Hakluyt Soc., 1st ser., XXXVIII, 1867).— Harris Nicolas, The life and times of Sir Christopher Hatton, K.G. (London, 1847).

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Alan Cooke, « BEST, GEORGE (mort en 1583/1584) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/best_george_1583_1584_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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