WETMORE, EDWARD LUDLOW, avocat, homme politique et juge, né le 24 mars 1841 à Fredericton, fils de Charles Peters Wetmore, avocat et greffier de la Chambre d’assemblée, et de Sarah Burr Ketchum ; le 25 avril 1872, il épousa à Oromocto, Nouveau-Brunswick, Eliza Jane Dickson, et ils eurent une fille et deux fils ; décédé le 19 janvier 1922 à Victoria.
Formé dans des grammar schools de Fredericton et de Gagetown, Edward Ludlow Wetmore reçut en 1859, du King’s College de Fredericton, une licence ès arts avec distinction. Après avoir fait son stage au cabinet juridique de John Campbell Allen*, il fut admis à exercer en qualité d’attorney en juin 1863 et reçu au barreau un an plus tard. Il travailla à Sussex durant cinq ans puis se réinstalla à Fredericton, où il finit par entrer au plus prestigieux cabinet de la capitale, celui de John James Fraser* et Edward Byron Winslow. Selon le Canadian biographical dictionary, il était « l’un des hommes les plus renommés de son époque et de sa profession dans cette partie de la province, avocat cultivé, bon logicien et orateur efficace ». Il se verrait conférer le titre de conseiller fédéral de la reine en 1881.
Tout en poursuivant sa pratique, Wetmore fut greffier adjoint de la couronne de 1869 à 1882, maire de Fredericton (« un dirigeant efficace et populaire ») de 1874 à 1876, membre de la commission de révision des statuts du Nouveau-Brunswick en 1877 et président de la Barristers’ Society en 1886 et en 1887. Il appartint de 1884 à 1887 au conseil universitaire de la University of New Brunswick ; cet établissement lui décernerait un doctorat honorifique en droit en 1908. Conservateur en politique, il avait été élu député provincial d’York en 1882 et placé à la tête de l’opposition en 1883. Il subit la défaite aux élections générales de 1886.
En 1887, Wetmore fut nommé juge puîné de la Cour suprême des Territoires du Nord-Ouest pour le district d’Assiniboia-Est et s’installa à Moosomin (Saskatchewan). Selon Charles Coursolles McCaul, avocat d’Edmonton, il était « pour ainsi dire le membre le plus fort du tribunal ». Il se tailla une réputation de juriste distingué, sévère mais juste, versé dans la jurisprudence autant civile que criminelle, dont l’attachement à la ponctualité et au respect des convenances conférait de la dignité à la cour. Ses jugements, rédigés en une langue concise et convaincante, étaient rarement renversés en appel. Il s’intéressait particulièrement à la procédure civile, et ses nombreuses ordonnances procédurales contribuèrent à façonner l’administration de la justice dans l’Ouest. En 1944, Hugh Amos Robson*, juge en chef de la Cour du banc du roi du Manitoba et ex-procureur général des Territoires du Nord-Ouest, rappellerait que, à l’époque de Wetmore, il y avait énormément à faire, dans les Prairies, en matière d’interprétation et d’application des lois. Ainsi, dans la Reine c. Nan-e-quis-a-ka en 1889, Wetmore fut appelé à se prononcer sur le statut légal des mariages selon la coutume amérindienne. Il conclut que ces mariages étaient valides dans les Territoires du Nord-Ouest ; ultérieurement, la cour en pleines assises appuya cette décision. En outre, Wetmore contribua grandement à la jurisprudence sur le système Torrens d’enregistrement des terres, mis en place dans tout l’Ouest canadien au cours des années 1880 [V. Louis William Coutlée*]. En 1907, il fut nommé juge en chef de la Cour suprême de la Saskatchewan, « à la grande satisfaction non seulement de la magistrature et du barreau, mais aussi de l’ensemble de la population », pour reprendre les termes de Robson. Il occupa ce poste jusqu’au début de sa retraite en octobre 1912.
Tout en remplissant ses fonctions de juge, Wetmore présida la commission royale d’enquête sur les « scandales Herchmer » en 1891–1892 [V. Lawrence William Herchmer*] et la commission royale de révision des statuts de la Saskatchewan de 1906 à 1909. Lui-même et son collègue le juge Hugh Richardson* avaient formé en 1897–1898 une commission de refonte des ordonnances des Territoires du Nord-Ouest. En 1909, avec un autre commissaire, il examina les contrats signés l’année précédente par le gouvernement de la Saskatchewan avec la Morang and Company à propos de livres de lecture. En 1907, il avait été élu sans opposition chancelier de la nouvelle University of Saskatchewan à Saskatoon ; il conserverait ce poste jusqu’en 1917. Fervent anglican, il fut délégué à la Diocesan Church Society, délégué substitut au synode et trésorier du diocèse de Qu’Appelle. Par ailleurs, il atteignit le troisième degré dans la franc-maçonnerie.
Une fois à la retraite, Wetmore s’établit en Colombie-Britannique. Sa femme était décédée en 1905 au cours d’un accident causé par des chevaux qui s’étaient emballés. Il habitait à Victoria chez sa fille Mary et l’époux de celle-ci, Albert Edward Christie. En 1913, il accéda à la présidence de la commission royale d’enquête sur les affaires indiennes de la province de la Colombie-Britannique [V. James Andrew Joseph McKenna*]. En 1916, il fut nommé à une commission dont le mandat consistait à déterminer si les contrats de voirie conclus par le gouvernement de la Saskatchewan étaient entachés de fraude. Il mourut en 1922 à l’issue d’une longue maladie. Il laissait dans le deuil sa fille et ses fils J. Allen et Valentine H., alors tous deux à Vancouver. Ses obsèques eurent lieu le 25 janvier en l’église St Alban de Moosomin. On inhuma sa dépouille aux côtés de celle de sa femme dans le cimetière North de cette ville.
La University of Saskatchewan avait témoigné sa reconnaissance à Edward Ludlow Wetmore en lui décernant en 1919 un doctorat honorifique en droit. Le conseil d’administration de cet établissement, à son assemblée du 3 avril 1922, consigna l’expression de sa gratitude envers le regretté juge en chef pour les services qu’il avait rendus à la province et à l’université. Le procès-verbal dit notamment : « L’une et l’autre bénéficient amplement des fruits du solide bon sens, du jugement et du haut degré de civisme [dont il a fait preuve] dans le façonnement de ces traditions fondamentales qui donnent leur caractère et leur sens aux activités de deux des institutions les plus influentes de l’État – l’appareil judiciaire et l’Université […] dans la période critique où il [a fallu] choisir l’emplacement et adopter les principes directeurs de la nouvelle Université, il a beaucoup usé de son influence pour amener l’opinion publique à placer le bien de l’Université au-dessus de toute considération confessionnelle, politique et locale. Son nom restera toujours associé, dans notre histoire, à ces institutions qui établissent et favorisent la justice, l’intelligence et le respect de la loi dans la vie de la population de notre province. »
APNB (Fredericton), MC 1156.— Saskatchewan Arch. Board (Saskatoon), Biog. and clippings files.— Univ. of Sask. Arch. (Saskatoon), RG M-1, 3 avril 1922.— Daily Gleaner (Fredericton), 20 janv. 1922.— Morning Leader (Regina), 20 janv. 1922.— W. F. Bowker, « Stipendiary magistrates and Supreme Court of the North-West Territories, 1876–1907 », Alberta Law Rev. (Edmonton), 26 (1987–1988) : 245–286.— Canadian biographical dictionary and portrait gallery of eminent and self-made men (2 vol., Toronto, 1880–1881), 1.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Michael Hayden, Seeking a balance : the University of Saskatchewan, 1907–1982 (Vancouver, 1983).— L. [A.] Knafla et Richard Klumpenhouwer, Lords of the western bench : a biographical history of the supreme and district courts of Alberta, 1876–1990 (Calgary, 1997).— C. C. McCaul, « Precursors of the bench and bar in the western provinces », Canadian Bar Rev. (Toronto), 3 (1925) : 25–40.— Political appointments and judicial bench (Coté).— The Queen v. Nan-e-quis-a-ka (1889), Territories Law Reports (Toronto), 1 : 211–216.— H. A. Robson, « Edward Ludlow Wetmore », Canadian Bar Rev. (Ottawa), 22 (1944) : 442–449.— Who’s who and why, 1917–1918.
Stanley D. Hanson, « WETMORE, EDWARD LUDLOW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wetmore_edward_ludlow_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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