WELLS, EMMA LUCY (Dickson), romancière, née le 21 novembre 1854 en Nouvelle-Écosse, fille de Stanford Wells et d’une prénommée Alvira ; le 11 janvier 1872, elle épousa à Truro, Nouvelle-Écosse, William John Dickson, et ils eurent cinq enfants survivants ; décédée le 19 mars 1926 à Dartmouth, Nouvelle-Écosse.
Née à Truro, dit-on, Emma Lucy Wells semble avoir passé ses premières années dans le Maine puis à l’Île-du-Prince-Édouard, où en 1864 son père possédait une marbrerie à Charlottetown. Après avoir fréquenté l’école publique dans l’île, elle s’installa à Truro avec ses parents ; par la suite, son père aurait été « fabricant de métiers à tisser automatiques » et maçon. À l’âge de 17 ans, elle épousa un homme âgé de dix ans de plus qu’elle, William John Dickson, qui avant 1881 cessa d’être dessinateur de patrons pour devenir conducteur au chemin de fer Intercolonial. En juillet 1896, elle s’établit à Halifax. Les avis parus dans les journaux du 24 août 1897 au sujet du décès de sa fille Bertha suggèrent que, à cette époque, toute la famille habitait Halifax.
En 1895, chez l’éditeur torontois William Briggs, Emma Lucy Wells Dickson avait publié sous le pseudonyme de Stanford Eveleth un livre remarqué, Miss Dexie, a romance of the provinces. Bien qu’elle l’ait situé dans des lieux qu’elle connaissait bien – le Maine, Halifax et l’Île-du-Prince-Édouard –, ce roman présente des similitudes avec les Quatre filles du docteur March de Louisa May Alcott. Il se passe à l’époque de la guerre de Sécession, dans une famille unie, et met en vedette un personnage féminin au prénom androgyne (Dexie pour Dexter), épris d’indépendance (« Il n’est pas nécessaire d’être un garçon pour être utile en ce monde […] dans toutes les matières où il a besoin d’aide, je suis le fils de mon père. »), et cette jeune fille a une histoire d’amour sans lendemain avec son jeune voisin. Cependant, Mme Dickson a su ajouter, à ces conventions, des touches distinctives : voyage en train, vie mondaine de Halifax, culte pratiqué par les disciples de Donald McDonald* à l’Île-du-Prince-Édouard, cuisine aménagée à la mode victorienne. Le 6 avril 1895, le Saturday Night de Toronto vantait plusieurs aspects du roman, soit le « personnage bien campé » de Mlle Dexie, l’exposé d’une conduite mesquine et l’humour (par exemple, un cultivateur de pommes de terre de l’île, naïf et ivre, confond le wagon de passagers avec une chapelle, les sièges avec des bancs d’église et le conducteur avec le sacristain). En rapportant le 22 juin des propos de l’auteure, à savoir qu’elle avait jugé nécessaire de marier son héroïne « comme si le mariage était le principal objectif de la femme », le Saturday Night indiquait que, si le roman était un succès, il aurait une suite. Dès la fin de novembre, il en était à sa troisième édition et avait également fait l’objet de recensions dans le Toronto Week, le Portland Transcript de Portland, dans le Maine, l’Orillia Packet d’Orillia, en Ontario, le Christian Guardian de Toronto et le Halifax Herald. Il se vendait un dollar sous reliure en toile et 50 cents en édition brochée. Briggs continua de le relier par lots de 100 exemplaires brochés et 100 exemplaires entoilés jusqu’au 16 février 1907, date de la clôture du compte.
La description d’un office religieux chez les disciples de McDonald constitue l’un des épisodes les plus réussis de Miss Dexie et, selon le Saturday Night, cette scène « attira les foudres de la congrégation » sur l’auteure. Le même magazine publia le 7 décembre 1895 un article intitulé « The Jerkers » dans lequel Emma Lucy Wells Dickson racontait ce qu’elle avait vu en septembre à un office des disciples de McDonald à Birch Hill, près de Pownal, à l’Île-du-Prince-Édouard. Bien qu’elle ait dit désapprouver que de telles gesticulations évangéliques soient permises, elle brossa un portrait vivant de ses sujets. Au sujet d’une participante, elle écrivait : « En tournant encore une fois, des deux bras elle fit des salamalecs à l’intention du moulin à paroles qui se tenait en chaire, puis, après une courbette, elle reprit son numéro au bénéfice de ceux qui étaient à l’arrière, sans que ses pieds et son corps ne cessent de bouger en cadence. » Dans un article tout aussi caustique, paru le 10 août 1895 sous le titre « The new man » dans le Halifax Herald Woman’s Extra, Mme Dickson avait prédit que la « nouvelle femme » préférerait le célibat jusqu’à ce que le « nouvel homme » ait évolué suffisamment pour respecter son individualité et son droit d’exercer sa liberté en matière de procréation.
Apparemment, Emma Lucy Wells Dickson écrivit aussi des histoires pour enfants, mais elle semble avoir disparu de la scène littéraire à la fin des années 1890. Membre active de la congrégation St Paul de Halifax et vouée à des œuvres de bienfaisance jusqu’à ce qu’elle soit frappée d’invalidité vers la fin de sa vie, elle mourut en 1926, trois ans après son mari. Dans sa nécrologie, le Morning Chronicle de Halifax signala qu’elle « croyait fermement en l’Israël britannique et étudiait les écrits prophétiques », mais ne parla nullement de sa production littéraire. Par ses dialogues pleins de vivacité, son ton humoristique et l’intelligence de son héroïne, Miss Dexie témoigne pourtant que son auteure était très douée pour la fiction populaire.
AN, RG 31, C1, Truro, N.-É., 1871, 1881, 1891 ; 1901, Halifax, subdist. E, subdiv. 4 : 7.— NSARM, Churches, St Andrew’s United (Truro), reg. of marriages, 11 janv. 1872 (mfm) ; St John’s Anglican (Truro), reg. of burials, 1897 (mfm) ; RG 32, WB, Colchester County, nº 29/1872.— EUCC, Fonds 513/1, 83.061C, v. 43–44.— Halifax Herald Woman’s Extra, 10 août 1895.— Morning Chronicle (Halifax), 19, 22 mars 1926.— « “A romance of the provinces,” from the Christian Guardian, Toronto », Halifax Herald, 22 nov. 1895 : 8— Truro Daily News, 26 août, 1er nov. 1895; 20 juill. 1896 ; 25 août 1897.— Annuaires, Halifax, 1897–1898 : 198 ; 1898–1899 : 209 ; 1900–1901 ; N.-É., 1871 : 376 ; Î.-P.-É., 1864.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— M. B. DesBrisay, History of the county of Lunenburg (2e éd. Toronto, 1895 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1980), publicité, « Some well-known writers of or from the maritime provinces and their books », dans les pages de garde.— Saturday Night (Toronto), 6 avril, 22 juin, 7 déc. 1895.
Gwendolyn Davies, « WELLS, EMMA LUCY (Dickson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wells_emma_lucy_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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