WARREN, sir JOHN BORLASE, officier de marine, né le 2 septembre 1753 à Stapleford (Nottinghamshire, Angleterre), quatrième fils de John Borlase Warren et de Bridget Rossell ; le 13 décembre 1780, il épousa à Londres Caroline Clavering, et ils eurent trois filles et deux fils ; décédé le 27 février 1822 au Greenwich Hospital (Londres) lors d’une visite à sir Richard Goodwin Keats.

John Borlase Warren fut inscrit à titre de gabier breveté dans les registres du Marlborough le 24 avril 1771 même s’il avait été admis à l’Emmanuel College de Cambridge en 1769. Faisant alterner ses périodes d’études et de navigation, il obtint une licence ès arts en 1773 et une maîtrise ès arts en 1776. En 1774, il avait été élu député de la circonscription de Marlow, dans le Buckinghamshire ; à partir de cette année-là et jusqu’en 1807, il représenta diverses circonscriptions. Le le, juin 1775, il reprit le titre de baronnet qui était tombé en désuétude après la mort de son arrière-grand-père.

Warren fut affecté à la station de l’Amérique du Nord pendant la guerre d’Indépendance américaine, servant surtout à bord de frégates et de sloops. Il fut promu lieutenant en juillet 1778 et capitaine en avril 1781. Lors des guerres de la Révolution française, il commanda une escadre de frégates qui captura le 23 avril 1794 la plus grande partie d’une force française similaire, exploit qui lui valut la croix de chevalier de l’ordre du Bain. Dépêché sur les côtes de France avec une autre escadre de frégates en 1796, il captura 220 bateaux, dont 37 navires de la marine de guerre. Le 10 octobre 1798, à la tête de trois vaisseaux de ligne et de cinq frégates, il rejoignit au large de la côte ouest de l’Irlande une escadre française pourvue de 5 000 hommes, captura quatre navires et dispersa les autres. Il reçut des remerciements de la part du Parlement britannique et du Parlement irlandais ainsi qu’une médaille d’or. En 1801, il servit sur la Méditerranée et, en 1802, se rendit à Saint-Pétersbourg (Léningrad, Union soviétique) à titre d’envoyé spécial pour présenter ses hommages à l’empereur Alexandre Ier qui venait d’accéder au trône. Promu contre-amiral le 14 février 1799, il devint vice-amiral le 9 novembre 1805 et amiral le 31 juillet 1810. De novembre 1807 à juillet 1810, il agit à titre de commander en chef de la station de Halifax.

En Amérique du Nord, Warren se distingua surtout lors de la guerre de 1812. Le 3 août 1812, à titre d’amiral de l’escadre bleue, il fut affecté aux stations de Halifax, des îles Leeward et de la Jamaïque, l’Amirauté ayant unifié ces trois commandements pour lui permettre de diriger l’ensemble de la stratégie navale pendant les hostilités. La première tâche de Warren à son arrivée à Halifax en septembre fut de négocier l’arrêt du conflit avec le secrétaire d’État des États-Unis, James Monroe. Les pourparlers ayant échoué, il conçut une stratégie qui consistait d’une part à livrer une guerre défensive au large du littoral nord-américain pour protéger le commerce et d’autre part à maintenir dans les eaux américaines, pour bloquer l’accès à certains points de la côte, des bâtiments opérant à partir des deux bases principales, Halifax et les Bermudes. En décembre, dans une lettre personnelle à lord Melville, son protecteur à l’Amirauté, Warren affirma qu’en menant une série de raids sur la côte ennemie et en maintenant des blocus limités jusqu’à l’arrivée des renforts, la marine pourrait tenir les forces militaires américaines en échec et réduire la pression qu’elles exerçaient sur l’Amérique du Nord britannique. Pour consolider les défenses navales intérieures, Warren conseilla à l’Amirauté d’envoyer une force navale dans les lacs, ce qui fut fait en mars 1813, la flotte en question étant commandée par sir James Lucas Yeo*. Warren pressa également sir George Prevost*, commandant militaire de l’Amérique du Nord, d’intensifier la construction de navires destinés aux lacs et y dépêcha trois de ses lieutenants, Robert Heriot Barclay*, Daniel Pring* et Robert Finnis.

Malheureusement pour Warren, les navires, les marins, les provisions et le matériel mis à sa disposition furent toujours insuffisants, même après l’arrivée des renforts. Ses requêtes constantes irritaient probablement l’Amirauté, qui le réprimanda par la voie de son secrétaire, John Wilson Croker. Pourtant les navires de Warren avaient fort à faire : bloquer les principaux ports américains à partir de New York en allant vers le sud, surveiller et refouler des dizaines de bâtiments corsaires, se garder des raids menés par les frégates et les sloops américains, défendre les convois allant de la Jamaïque à Québec, protéger Halifax et les Bermudes et faire des incursions sur les côtes de la baie de Chesapeake et de la baie de la Delaware. Warren fut relevé de ses fonctions en mars 1814, l’Amirauté séparant de nouveau les trois stations et affectant sir Alexander Forrester Inglis Cochrane à celui de l’Amérique du Nord. Il en éprouva assez d’amertume pour protester auprès de lord Melville et refuser jusqu’au 1er avril de passer le commandement à Cochrane. Touché par le coup que la perte du commandement portait à son prestige, Warren craignait aussi de ne rien recevoir de l’argent des prises de guerre. Le commandant de la station avait droit à un pourcentage du produit de la vente de chacun des navires capturés, et Warren employait un secrétaire uniquement pour tenir un registre des prises et des gains potentiels.

Ceux qui ont écrit sur la guerre de 1812, William James, Alfred Thayer Mahan, Cecil Scott Forester et John K. Mahon par exemple, ont beaucoup sous-estimé l’apport de John Borlase Warren. Pourtant ses états de service antérieurs révèlent qu’il fut à l’occasion un tacticien audacieux et efficace. Sa conduite de la guerre navale, sans être marquée de succès retentissants, contribua à réduire la pression de l’ennemi sur le Canada et s’ajustait bien à la stratégie terrestre de Prevost. En permettant la réaffectation rapide d’une grande quantité d’hommes et de matériel, la défaite de Napoléon ier au printemps de 1814 autorisa l’Amirauté à envisager une stratégie plus agressive que celle que Warren avait appliquée avec des ressources limitées. À ce moment cependant, Warren était rentré en Angleterre ; il prit sa retraite après avoir reçu la grand-croix de l’ordre du Bain en 1815.

Frederick C. Drake

Un portrait de John Borlase Warren peint par John Opie s’est transmis dans la famille Warren ; une reproduction d’une lithographie se trouve dans W. L. Clowes, The Royal Navy : a history from the earliest times to the present (7 vol., Londres, 1897–1903), 4 : 253.

NMM, HUL/1–47 ; LBK/2.— PRO, ADM 1/502–503 ; 1/505 ; 2/162 ; 2/933 ; 2/1375.— Annual reg. (Londres), 1822 : 272–273.— É.-U., Congress, American state papers : documents, législative and executive, of the Congress of the United States [...], Walter Lowrie et al., édit. (38 vol. en 10 classes, Washington, 1832–1861), class 1.— William James, The naval history of Great Britain, from the declaration of war by France in 1793, to the accession of George IV [...] (nouv. éd., 6 vol., Londres, 1837), 6.— DNB.— C. S. Forester, The age of fighting sail : the story of the naval War of 1812 (Garden City, N.Y., 1956), 78–80, 88–89, 91, 132–134, 140–142.— A. T. Mahan, Sea power in its relations to the War of 1812 (2 vol., Londres, 1905), 1 : 389–392, 401–404, 2 : 155–169, 209–211.— J. K. Mahon, The War of 1812 (Gainesville, Fla., 1972), 54–55, 109–111, 115–117, 119–122.

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Frederick C. Drake, « WARREN, sir JOHN BORLASE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/warren_john_borlase_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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