WARD, EDMUND, imprimeur, journaliste, éditeur, fonctionnaire, auteur et représentant d’éditeur, né le 24 juin 1787 à Halifax, fils d’Edmund Ward et de Hannah Rogers ; le 9 novembre 1817, il épousa dans cette ville Eleanor Bowers Jackson, et ils eurent cinq fils et deux filles ; décédé le 31 octobre 1853 à Hamilton, Bermudes.

Edmund Ward père, qui était un loyaliste du Connecticut, fit la connaissance de sa femme pendant qu’il était prisonnier dans la maison de ‘son futur beau-père au cours de la guerre d’Indépendance américaine. Le capitaine Ward fut plus tard fonctionnaire au service des casernes en Nouvelle-Écosse où il reçut des concessions de terre une fois la guerre terminée. Le jeune Edmund apprit le métier d’imprimeur chez William Minns*. En 1809, le gouverneur des Bermudes, le général de brigade John Hodgson, l’invita à venir dans la colonie diriger un journal qui prit le nom de Royal Gazette. Ward y publia aussi la Weekly Gazette et le Gleaner, journal littéraire qui n’eut qu’une brève existence. En outre, il exerça les fonctions de greffier à la Cour du banc du roi, occupa un emploi au service des douanes et participa à l’organisation d’une école du dimanche. Parce qu’il était associé à l’impopulaire Hodgson, Ward fut mêlé à des controverses dans la colonie ; la chambre d’Assemblée, qui retenait parfois les sommes dues aux imprimeurs, refusa en 1815 de lui accorder le contrat d’impression des documents parlementaires.

La carrière de Ward aux Bermudes prit fin à la suite de la capture du vaisseau de guerre américain President par la frégate Endymion et par d’autres navires de l’escadre britannique, qui firent le blocus de l’île Long les 14 et 15 janvier 1815. Lorsque le President fut conduit aux Bermudes, Ward raconta que sa capture était due uniquement à l’Endymion (ce que nièrent les rapports officiels américains) et que l’on avait découvert 68 matelots qui s’étaient cachés dans la cale du vaisseau américain dans le vain espoir de le reprendre. Le gouverneur sir James Cockburn ordonna à Ward de se rétracter, mais ce dernier, s’étant fié à la parole d’un lieutenant britannique, s’en tint à ce qu’il avait affirmé. Il fut alors roué de coups par un midshipman américain et se vit enlever sa charge d’imprimeur du roi le 12 avril. En colère, Ward publia une brochure racontant toute l’affaire. Il continua ensuite, mais pour peu de temps, à publier la Weekly Gazette, puis revint à Halifax.

En avril 1816, Ward lança le Free Press. Ce journal tory faisait le compte rendu des débats de la chambre d’Assemblée et s’intéressait de près aux questions économiques et culturelles. Cependant, l’entêtement et le tempérament irascible de Ward, et le besoin qu’il avait d’accroître le nombre de ses abonnés, eurent tôt fait de valoir au journal la réputation de se complaire dans des querelles politiques et de se livrer à des attaques personnelles. L’éditeur de l’Acadian Recorder, Anthony Henry Holland*, et les autres collaborateurs de ce journal libéral furent les plus grands adversaires de Ward. Cette guerre ouverte atteignit son paroxysme en 1820 lorsque Ward fut frappé à coups de cravache par George Renny Young, le fils de John Young*, collaborateur à l’Acadian Recorder. En 1821, Ward fut battu parle frère de Holland, Philip John. La même année, Ward fut condamné à une amende de £2 pour diffamation à l’endroit de James Irving, qui était aussi collaborateur à l’Acadian Recorder, tandis que Philip John Holland dut verser £9 3 pence pour avoir agressé Ward. En 1838, les successeurs des frères Holland, John English et Hugh William Blackadar*, allaient publier dans l’Acadian Recorder une lettre écrite par un certain A. H. Duncan qui, selon toute évidence, avait eu des mots avec Ward à Fredericton et qui affirmait que celui-ci était « renommé pour plusieurs hauts faits d’escroquerie ». Duncan disparut ensuite, mais English et Blackadar furent condamnés pour diffamation en juin 1840 et se virent imposer une amende de £40.

Ward publia aussi le Nova-Scotia almanack, le Farmer’s almanack, le Ward’s almanack et un numéro du British North American Magazine, and Colonial Journal, en février 1831. Élu secrétaire de la Halifax Temperance Society en 1834, il lança en mai de cette année-là le Temperance Recorder, dans le but de réunir les 10 000 membres de quelque 90 sociétés de tempérance de la province et dans l’espoir d’obtenir leur clientèle grâce à un prix d’abonnement modique. Ward eut toujours de la difficulté à se faire payer par les abonnés et, dès 1837, il ressentit les effets de la concurrence que lui livrait un nouveau journal baptiste, le Christian Messenger. Ses locaux furent mis en vente en mai et vendus aux enchères à la fin d’octobre ; le Temperance Recorder avait alors cessé de paraître. Pendant plusieurs années, Ward avait parcouru les Provinces maritimes et prononcé des conférences sur la tempérance. Après l’un de ces voyages au Nouveau-Brunswick en 1837, il commença à publier le 16 décembre à Fredericton le Sentinel and New Brunswick General Advertiser. En 1840, Ward fut nommé agent adjoint d’émigration pour le Nouveau-Brunswick, grâce à son ami le lieutenant-gouverneur sir John Harvey. En témoignage de sa reconnaissance, il lui dédia sa brochure An account of the River St John, with its tributary rivers and lakes, qui fut publiée à Fredericton en 1841 et dans laquelle il prônait la mise en valeur des terres de l’intérieur. On dit que Ward est aussi l’auteur de Solitude and other poems, publié en 1842 sous le pseudonyme de An old resident of New Brunswick et imprimé dans son établissement.

Quand le Sentinel ferma ses portes au début de 1844, Ward alla s’installer à Halifax afin de publier l’Evening Gazette, journal trihebdomadaire qui n’eut qu’une brève existence. Il partit peu après pour New York où il travailla en qualité de représentant d’un éditeur de réimpressions, emploi qui l’amena à parcourir les États du Sud. En juin 1846, il était de retour dans les Maritimes comme représentant du journal new-yorkais Anglo-American. À la fin de 1848, il représentait une firme de New York, la Leonard Scott and Company, qui venait tout juste d’obtenir les droits de réimpression pour les États-Unis des principaux périodiques britanniques. Comme ces réimpressions avaient alors le droit d’entrer en Nouvelle-Écosse, Ward demanda instamment une réduction des tarifs postaux, afin que les abonnés demeurant à l’extérieur de Halifax puissent recevoir les périodiques aux tarifs en vigueur dans cette ville. Il perdit son emploi à la Leonard Scott and Company au début de 1850, au moment où il était éprouvé par la mort de trois de ses fils. Contraint de faire un travail manuel, il tenta d’échapper à sa pénible condition en faisant appel à Harvey, qui était alors lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse.

On connaît peu de chose de la vie d’Edmund Ward au cours des années qu’il passa ensuite à New York avant de se rendre à Hamilton, aux Bermudes, en octobre 1853. Il allait aider son fils Robert, rédacteur en chef du Bermuda Herald, qui avait contracté la fièvre jaune. Ward attrapa lui aussi cette maladie et mourut subitement. Il fut inhumé dans la paroisse de Pembroke. Même s’il s’était montré publiquement querelleur et vindicatif, ses enfants gardèrent de lui un souvenir affectueux. Bon chroniqueur parlementaire et apôtre de la tempérance et du progrès social, il était aussi un journaliste maniant une plume simple et directe.

George L. Parker

Edmund Ward est l’auteur de : Report of a debate on the quit rent, which took place in the House of Assembly, in the province of Nova Scotia [...] (Halifax, 1830) ; et An account of the River St John, with its tributary rivers and lakes (Fredericton, 1841). Le récit qu’il fit de sa carrière aux Bermudes, rédigé, semble-t-il, dans les années 1840, a été publié sous le titre de « Seven years résidence in Bermuda », dans Bermuda Hist. Quarterly (Hamilton), 5 (1948) : 183–198 ; 6 (1949) : 34–49. Une note dactylographiée insérée à la page 238 d’un exemplaire de l’ouvrage de Robert James Long, Nova Scotia authors and their work, a bibliography of the province (East Orange, N.J., 1918) que possède l’Acadia Univ. Library (Wolfville, N.-É.), considère Ward comme l’auteur de Solitude and other poems (Fredericton, 1842). L’ajout est probablement de Long ; il est possible que cette affirmation soit erronée, mais il n’existe aucune autre preuve pour l’étayer.  [g. l. p.]

APC, MG 23, D1, sér. 1, 61, book 3, Robert Ward à J. W. Lawrence, 24 sept. 1880 ; MG 24, B 1, 3 : 255a–c ; 176 : 6002–6005.— PANS, MG 100, 243, nos 35–36 ; RG 1, 120 : 239 ; 227, no 113 ; 258, no 93 ; RG 5, GP, 9, pétitions d’Edmund Ward, 17 nov. 1818, 19 août 1820, 10 avril 1821, 3 mai 1822 ; RG 7, 19, Ward à Howe, 17 oct. 1848 ; RG 20A, Ward, Edmund, 1804, 1805 ; RG 24, 2 : 207.— William James, A full and correct account of the chief naval occurrences of the late war between Great Britain and the United States of America [...] (Londres, 1817), 449–451 ; An inquiry into the merits of the principal naval actions, between Great-Britain and the United States [...] (Halifax, 1816), 90–91.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1832, app. 16.— Acadian Recorder, 27 oct. 1821, 10 nov. 1838, 2, 9 mai 1840, 3 févr. 1849.— Daily Sun (Halifax), 31 [sic] nov. 1853.— Free Press (Halifax), 20 oct. 1818, 19 juin, 30 oct. 1821.— New-Brunswick Courier, 9 avril 1831, 27 juin 1846, 19 nov. 1853.— New Brunswick Reporter and Fredericton Advertiser, 18 nov. 1853.— Novascotian, 23 avril 1834, 10 sept. 1835, 1er oct. 1840, 6 mai, 23 juin, 8 juill. 1844, 19 févr., 5, 19 mars, 24 déc. 1849, 25 févr. 1850, 14 nov. 1853.— Times (Halifax), 24 mars 1846.— An historical directory of Nova Scotia newspapers and journals before confederation, T. B. Vincent, compil. (Kingston, Ontario, 1977), nos 26, 46, 50, 126.— J. R. Harper, Historical directory of New Brunswick newspapers and periodicals (Fredericton, 1961), no 96.— W. G. MacFarlane, New Brunswick bibliography : the books and writers of the province (Saint-Jean, N.-B., 1895), 82.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 387.— G. E. N. Tratt, A survey and listing of Nova Scotia newspapers, 1752–1957, with particular reference to the period before 1867 (Halifax, 1979), nos 144, 192, 200, 342, 344.— Duncan Campbell, Nova Scotia, in its historical, mercantile and industrial relations (Montréal, 1873), 297.— V. L. O. Chittick, Thomas Chandler Haliburton : a study in provincial toryism (New York, 1924), 69.— W. H. Kesterton, A history of journalism in Canada (Toronto, 1967), 17.— Beamish Murdoch, A history of Nova-Scotia, or Acadie (3 vol., Halifax, 1865-–1867), 3 : 450.— William Smith, The history of the Post Office in British North America, 1639–1870 (Cambridge, Angl., 1920), 186–187.— H. C. Wilkinson, Bermuda from sail to steam ; the history of the island from 1784 to 1901 (2 vol., Londres, 1973), 1 : 233–234, 273, 350–353 ; 2 : 680, 834–835.— M. L. Chase, « Edmund Ward and the Temperance », N.S. Hist. Quarterly (Halifax), 5 (1975), particulièrement le suppl. : 19–36.— D. C. Harvey, « The intellectual awakening of Nova Scotia », Dalhousie Rev. (Halifax), 13 (1932–1933) : 18 ; « Newspapers of Nova Scotia, 1840–1867 », CHR, 26 (1945) : 294.— J. S. Martell, « The press of the Maritime provinces in the 1830’s », CHR, 19 (1938) : 35–36, 38–39.

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George L. Parker, « WARD, EDMUND », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ward_edmund_8F.html.

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Année de la publication:    1985
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