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WALKER, ANNA LOUISA (Coghill), institutrice et auteure, née vers 1836 dans le Staffordshire, Angleterre, benjamine des filles de Robert Walker, ingénieur civil, et d’une prénommée Anna ; le 29 janvier 1884, elle épousa à Londres Harry Coghill (décédé en 1897), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 7 juillet 1907 à Bath, Angleterre.
Anna Louisa Walker arriva au Bas-Canada dans son enfance, avec sa famille. D’abord, les Walker vécurent à Pointe-Lévy (Lévis), puis, en 1858, ils s’installèrent à Sarnia, dans le Haut-Canada, où Robert Walker continua de travailler pour le chemin de fer du Grand Tronc. La même année, Anna Louisa et ses sœurs, Isabella et Frances, ouvrirent une école privée pour filles. Une ancienne élève allait dire : « Elles étaient Anglaises jusqu’au bout des ongles, très dignes, un peu hautaines, mais c’étaient d’excellentes institutrices, surtout en histoire et en littérature anglaise. Anna était la [...] plus jolie [...]. Par moments, son visage prenait une expression pensive, un peu rêveuse. Elle était douce et gentille. » Lorsque ses sœurs moururent, quelques années plus tard, l’école ferma.
En 1861, Anna Louisa Walker, qui publiait des poèmes dans des revues et des journaux depuis son adolescence, fit paraître un recueil, Leaves from the backwoods, offert sous forme d’abonnement par l’éditeur montréalais John Lovell*. Peu après, elle rentra en Angleterre avec ses parents. La mort n’ayant pas tardé à les emporter, elle communiqua avec sa petite-cousine, l’auteure à succès Margaret Oliphant. Veuve et mère de famille, celle-ci l’accueillit chez elle vers 1865. À compter de 1866, en qualité de demoiselle de compagnie, de gouvernante et de secrétaire, Anna Louisa veilla sur les enfants pendant les longues et fréquentes absences de sa cousine et fit divers travaux de plume, dont de la correction d’épreuves. En retour, bien qu’elle n’ait pas semblé prendre au sérieux les ambitions littéraires d’Anna Louisa, Mme Oliphant lui conseilla fortement d’abandonner la poésie pour la fiction et la recommanda à des éditeurs. De 1873 à 1881, Anna Louisa Walker fit paraître cinq romans et un volume de pièces de théâtre pour enfants. Après avoir épousé un riche veuf, Harry Coghill, et s’être établie dans le Staffordshire, elle publia encore un roman, au moins une histoire et un deuxième recueil de poésie.
Paru en 1890, ce recueil, Oak and maple : English and Canadian verses, se composait pour les deux tiers de morceaux déjà publiés dans Leaves. La plupart des poèmes d’Anna Louisa Walker portent sur la religion ou la nature. Les plus réussis sont ceux qui sont simples et directs. Cependant, la plupart sont conventionnels, tant par leur style et leur forme que par leur sujet. Par moments, la manière dont elle évoque la présence du spirituel dans la nature rappelle les transcendantalistes. Les paroles d’un hymne célèbre, Work, for the night is coming, proviennent d’un poème d’elle, The night cometh, paru pour la première fois dans Leaves. Dans Oak and maple, elle note avoir vu ces vers dans un recueil d’hymnes, sans mention de l’auteur. Dans une méditation poétique intitulée In the Canadian backwoods, elle déplore, comme tant de poètes, que les pays neufs n’aient pas de mythologie, et fait observer que les forêts du Canada n’abritent pas de nymphes – sans doute, suggère-t-elle simplement, parce qu’il y fait trop froid.
Le premier roman d’Anna Louisa Walker, A Canadian heroine, paru en 1873, se déroule dans un lieu qui lui était familier, une petite ville des rives du Saint-Laurent. Innocence du Nouveau Monde, superficialité et corruption de l’ancien, le contraste éclate lorsque l’héroïne de 16 ans s’éprend d’un aristocrate anglais de passage. Cet homme se révèle indigne de confiance et la jeune fille manque perdre son prétendant canadien. L’auteure emprunte au roman « gothique » en entourant de mystère la naissance de la jeune fille. Son père, découvre-t-on, était un Amérindien instruit par les jésuites ; sa mère l’avait quitté parce qu’il était devenu ivrogne et violent. Quand l’entourage de la jeune fille et son amoureux apprennent qu’elle est Métisse, ils acceptent la chose. Les autres romans d’Anna Louisa Walker se situent en Angleterre et, à une exception près, évoquent une perspective féminine. Dans le plus intéressant d’entre eux, Against her will, publié en 1877, la protagoniste est une jeune femme aux prises avec les problèmes qu’engendre la santé fragile de son père. Intelligente, responsable, plus douée de ressources que tous les personnages masculins, elle préfigure la « nouvelle femme » de la fin du xixe siècle.
Anna Louisa Walker commença sa carrière d’écrivaine au Canada, et ses poèmes de jeunesse sur la nature canadienne demeurent les plus évocateurs. Cependant, ses vers les plus connus sont ceux de l’hymne Work, for the night is coming. Elle fut l’une des premières à développer, dans A Canadian heroine, le thème universel du choc du Nouveau Monde et de l’ancien – thème que l’Américain Henry James allait populariser par la suite et que la Canadienne Sara Jeannette Duncan* exploiterait dans les années 1890.
Leaves from the backwoods (Montréal, 1861), d’Anna Louisa Walker a paru sous le couvert de l’anonymat, tout comme la deuxième édition de cet ouvrage publiée l’année suivante, et le premier de ses romans, A Canadian heroine, a novel ; by the author of « Leaves from the backwoods » (3 vol., Londres, 1873). Quatre autres romans en trois volumes ont paru à Londres sous son nom de jeune fille, Hollywood [...] (1875), Against her will [...] (1877), Lady’s Holm [...] (1878), et Two rival lovers [...] (1881), ainsi qu’un volume intitulé Plays for children (Londres et New York, 1876 [en fait, 1875]). Une édition subséquente de ce dernier ouvrage (Londres, 1896) a été publiée sous le nom de Mrs Coghill (son nom de femme mariée), tout comme l’ont été sa deuxième série de poèmes, Oak and maple : English and Canadian verses (Londres, 1890), un autre roman, The trial of Mary Broom ; a Staffordshire story (Londres, 1894), ainsi qu’un bref conte, « The vicar of Moor Edge », publié dans Leisure Hour (Londres), 1895 : 683–693, 751–760. Sous le nom de « Mrs Harry Coghill », Anna Louisa Walker a édité l’ouvrage de sa cousine Margaret Oliphant Wilson (Oliphant) intitulé Autobiography and letters of Mrs. M. O. W. Oliphant (Édimbourg et Londres, 1899).
AN, RG 31, C1, 1861, Sarnia.— GRO-L, Death certificate, A. L. Coghill, 7 juill. 1907.— National Library of Scotland (Édimbourg), Dept. of Manuscripts, Acc. 5793 (Margaret Oliphant papers) ; Blackwood mss.— A history of Sarnia to 1900, G. L. Smith et L. K. Smith, compil. (Bright’s Grove, Ontario, [1973 ?]).— Vineta Colby et R. A. Colby, The equivocal virtue ; Mrs. Oliphant and the Victorian literary market place ([Hamden, Conn], 1966).— A. W. Mahon, Canadian hymns and hymn-writers (St Andrews-by-the-Sea [St Andrews, N.-B.], 1908).— Merryn Williams, Margaret Oliphant : a critical biography (Basingstoke, Angleterre, 1986).
Lorraine McMullen, « WALKER, ANNA LOUISA (Coghill) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/walker_anna_louisa_13F.html.
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Auteur de l'article: | Lorraine McMullen |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |