VIENNE, FRANÇOIS-JOSEPH DE, écrivain au bureau de la Marine, garde-magasin, auteur probable d’un journal relatant le siège de Québec en 1759, né à Paris vers 1711, fils de Jean de Vienne et de Françoise Perdrigean ; il épousa à Québec, le 20 août 1748, Marie-Ursule-Antoinette Vaillant ; décédé en France vers 1775.
Les motifs qui ont amené François-Joseph de Vienne à immigrer en Nouvelle-France sont inconnus. Arrivé à Québec vers 1738, il est enrégimérité comme soldat dans les troupes de la Marine et n’obtient son congé qu’en 1744, alors qu’il est déjà employé comme écrivain au bureau de la Marine. Parallèlement à son travail dans l’administration, de Vienne se livre à certaines activités commerciales. C’est ainsi qu’avec Pierre Glemet il exploite, à compter de 1753, la concession de François Martel* de Brouague à la baie de Phélypeaux (baie de Brador). La pêche y occupe une cinquantaine d’hommes entre le 20 juin et le 10 juillet et produit de 400 à 500 barriques d’huile de loup marin ainsi que 4 000 à 5 000 peaux.
De Vienne semble destiné à une carrière sans grand avenir jusqu’à l’arrivée en Nouvelle-France de son cousin Bougainville*, en mai 1756. Pendant son séjour à Québec, ce dernier se retire chez de Vienne, se prend d’amitié pour son parent et décide de lui procurer l’avancement qu’il croit lui être dû. Quelques jours après le décès de Pierre Claverie*, en août 1756, l’intendant Bigot nomme de Vienne à la charge importante et lucrative de garde-magasin à Québec. Bougainville se réjouit, mais il voudrait que la nomination vienne de la cour, rendant ainsi le poste permanent. Cependant ni ses recommandations à son frère Jean-Pierre et à sa protectrice, Mme Héraut de Séchelles, ni ses pressions auprès de l’intendant ne portent fruit. De Vienne occupe le poste par intérim jusqu’à la Conquête. L’auteur anonyme du « Mémoire du Canada » écrit que « l’intendant n’a jamais fait remplir les places que par intérim, afin d’avoir tous les sujets à dévotion ». C’est le cas de François-Joseph de Vienne. Au moment de l’Affaire du Canada, près du tiers des accusés sont des gardes-magasins et il est bien possible que de Vienne ait été mêlé à quelques irrégularités. Il ne semble pas toutefois avoir été inquiété ; tout au plus son nom apparaît-il à trois reprises dans les notes du procureur général Moreau.
Après la chute de Québec, de Vienne reste encore cinq ans au Canada, ce qui lui permet de régler ses affaires. Il vend sans doute à ce moment-là ses deux maisons de la rue des Pauvres (côte du Palais). Le 8 septembre 1764, il vend à William Grant*, futur seigneur de Saint-Roch, l’arrière-fief de la Mistanguienne – aussi connu sous les noms de Grandpré et de Montplaisir – dépendant de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, qu’il avait acquis de Guillaume Estèbe en 1757. Quelques jours plus tard, il cède à un neveu sa maison de la rue de la Fabrique. Avant son départ pour la France, en cet automne de 1764, il remet une procuration à Colomban-Sébastien Pressart. Installé avec sa femme et ses enfants à Saint-Servan, faubourg de Saint-Malo, de Vienne entretient une correspondance avec le supérieur du séminaire de Québec. En 1775, ses débiteurs finissent de le payer et Pressart lui envoie l’état de compte final qui reste apparemment sans réponse. On perd sa trace à partir de ce moment.
Pierre-Georges Roy* et Amédée-Edmond Gosselin* ont attribué à de Vienne le manuscrit anonyme intitulé « Journal du siège de Québec du 10 mai au 18 septembre 1759 ». Écrit dans un style alerte, ce journal est un témoignage remarquable sur les événements survenus durant ces quelques mois et une source précieuse de renseignements sur la vie des assiégés. C’est en se basant sur des allusions de l’auteur à ses activités et à sa famille et en comparant l’écriture de de Vienne à celle du manuscrit que ces historiens ont identifié le garde-magasin à l’auteur de cette relation. Toutefois cette hypothèse ne fait pas l’unanimité. Ægidius Fauteux* ne s’y est pas rallié, trouvant ces preuves insuffisantes et faisant remarquer que l’auteur anonyme blâme l’attitude du garde-magasin lors de la reddition de la ville.
Bougainville, Journal (A.-E. Gosselin), ANQ Rapport, 1923–1924, 245.— Inv. de pièces du Labrador (P.-G. Roy), I, : 246–250.— Journal du siège de Québec (Æ. Fauteux), ANQ Rapport, 1920–1921, 137–241.— Mémoire du Canada, ANQ Rapport, 1924–1925, 96–198.— Les « papiers » La Pause, ANQ Rapport, 1933–1934, 218.— Recensement de Québec, 1744, 30.— Tanguay, Dictionnaire, III : 411 ; VII : 402.— P.-G. Roy, Inv. concessions, I : 23s. ; Inv. jug. et délib., 1717–1760, V : 245 ; Inv. ord. int., III : 187s.— Frégault, François Bigot.— P.-G. Roy, Bigot et sa bande, 271–278, 330.— François-Joseph de Vienne, BRH, LIV (1948) : 259–263.— A. [-E.] Gosselin, François-Joseph de Vienne et le journal du siège de Québec en 1759, ANQ Rapport, 1922–1923, 407–416.
François Rousseau, « VIENNE, FRANÇOIS-JOSEPH DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vienne_francois_joseph_de_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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