VELTRI, VINCENZO (James Vincent Welch), entrepreneur ferroviaire et exploitant minier, né le 19 mars 1861 à Grimaldi (Italie), premier enfant de Raffaele Veltri et de Maria Potestio ; décédé célibataire le 31 janvier 1913 à Port Arthur (Thunder Bay, Ontario).
Pour ceux qui grandirent dans un village calabrais après l’unification de l’Italie, l’avenir était sombre. La pauvreté écrasante, le chômage chronique et l’injustice provoquèrent dans le sud du pays de fortes vagues d’émigration qui commencèrent pour de bon dans les années 1880. Fuyant cette existence misérable, Vincenzo Veltri, comme tant d’autres, dont beaucoup d’habitants de Grimaldi, quittèrent leur village au début de la décennie pour aller commencer une nouvelle vie aux États-Unis.
Peu instruit, sans grande expérience de travail et sans qualification, Veltri chercha un emploi dans la construction ferroviaire, secteur où se retrouvaient beaucoup de terrassiers italiens. Dès 1885, il travaillait dans le territoire du Montana comme contremaître à la Keefer and Larson, sous-traitante du Montana Central Railway. Un an plus tard, avec son frère, Giovanni, il s’établit à Anaconda, où il resta jusqu’en 1887. Ensuite, durant huit ans, il travailla dans le nord-ouest des États-Unis à partir de Spokane, dans l’État de Washington.
Pendant la décennie où il travailla sur des chemins de fer américains, Veltri acquit la compétence nécessaire pour passer de la condition de terrassier à celle de constructeur ferroviaire. Il se fit remarquer par la Serra and Dini, firme d’entrepreneurs italiens de San Francisco dont deux sous-traitants s’étaient enfuis avec le salaire des ouvriers. Après avoir désamorcé cette crise, ces entrepreneurs confièrent à Veltri, reconnu pour son autorité parmi les terrassiers, la mission de terminer le contrat. Veltri devint réputé pour sa facilité à trouver du travail à ses compatriotes, surtout grâce à ses liens avec de nombreux entrepreneurs. Dès le début, le fait qu’il savait lire et écrire lui fut très utile, particulièrement dans l’administration des chantiers et magasins qu’il devait mettre sur pied pour ses collègues. L’obtention d’un contrat de défrichage de la Keefer and Company sur la ligne de Butte à Jefferson City, dans le Montana, accéléra son ascension dans la hiérarchie des constructeurs ferroviaires.
Vincenzo et Giovanni Veltri commencèrent à travailler au Canada en 1895. À titre de sous-traitants de la Guthrie, Foley and Folette, ils construisirent une ligne de huit milles de Kaslo à Three Forks, à l’intérieur de la Colombie-Britannique. Quatre mois plus tard, avec un associé du nom de Gaetano Iachetta, lui aussi originaire de Grimaldi, Vincenzo Veltri obtint le contrat de construction de 15 autres milles, de Three Forks à Sandon, dans la région aurifère. Au cours des quatre années suivantes, Vincenzo, qui acheta les intérêts de Iachetta en 1898, travailla sur plusieurs chantiers de la région de Kootenay et se mit à s’intéresser à l’exploration minière. Partout où ils travaillaient, les Veltri et leurs terrassiers étaient exposés au danger ; dans ses mémoires, Giovanni a relaté de façon poignante bon nombre d’incidents malheureux. Une fois, il y eut dans une mine peu profonde une explosion « qui tua deux ouvriers – l’un d’eux mourut sur le coup tandis que l’autre fut projeté dans le fleuve Columbia, de sorte qu’on ne put retrouver ses restes ».
En 1899, Vincenzo Veltri décida d’installer son entreprise en Ontario. En 1901 (il était alors connu aussi sous le nom de James Vincent Welch), il obtint de la Canadian Northern Railway un petit contrat aux environs de Fort Frances. C’est là que, après avoir découvert certains « minerais de valeur » dans une île près du lac à la Pluie, il eut des démêlés au sujet des droits miniers avec deux des entrepreneurs les plus rusés du Canada, William Mackenzie* et Donald Mann* de la Canadian Northern. En janvier 1904, le commissaire provincial des terres de la couronne donna tort à la Canadian Northern et concéda à Vincenzo Veltri un permis d’exploitation minière. Peu après eut lieu la fondation de la New Ontario Gold Mining Company ; Vincenzo détenait 650 000 $ du million de dollars de capital-actions, mais la société fit faillite par la suite. Supporter cet échec tout en continuant de s’occuper de son entreprise de construction ferroviaire s’avéra être trop pour lui. Frappé de dépression nerveuse, il dut passer six mois dans un hôpital psychiatrique à Selkirk, au Manitoba.
Une fois remis, Veltri reprit ses activités et réinstalla le siège social de son entreprise à Winnipeg. En 1906, lui-même et son frère, qui avait adopté le nom de John Welch, obtinrent un contrat important qui consistait à terminer un tronçon de 58 milles pour le chemin de fer national transcontinental à l’est de la rivière Winnipeg. En exécutant ces travaux, qui commencèrent en 1907, Vincenzo découvrit de l’or dans une coupe rocheuse près de Rennie, au Manitoba. Sans attendre, il entreprit ce qui allait être sa deuxième aventure désastreuse dans le secteur minier. Pendant les quelques années suivantes, la Compagnie du chemin de fer national transcontinental adjugea plusieurs contrats plus petits à la J. V. Welch Company au nord de Kenora, en Ontario. L’un d’eux se révéla particulièrement peu lucratif à cause d’un incendie qui détruisit tout un campement et, au printemps de 1907 ; des frais occasionnés par l’embauche de quelques terrassiers anglais – de « vrais fainéants » selon Giovanni – qui partirent au bout d’une semaine.
Malgré ces graves revers, Veltri fut en mesure de payer ses sous-traitants et de continuer à soumissionner pour des contrats dans le nord-ouest de l’Ontario. Grâce au rôle plus actif de Giovanni au sein de la compagnie, celle-ci eut plusieurs nouveaux contrats, ce qui poussa les deux frères à déménager de nouveau. En 1912, ils établirent le siège social de leur entreprise à Port Arthur et, avec des équipes de travail composées en grande partie de terrassiers italiens, ils obtinrent des marchés de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique.
Le 26 janvier 1913, Vincenzo Veltri fut frappé de péritonite ; après cinq jours de souffrances, il mourut au Railway, Marine and Général Hospital. Les Chevaliers de Colomb lui firent à Port Arthur des funérailles pleines de dignité et lui rendirent hommage de nouveau à Winnipeg, où sa dépouille fut inhumée. Giovanni Veltri prit l’entreprise en main et la dirigea jusqu’après les tumultueuses années de la Première Guerre mondiale.
Grâce à son esprit d’initiative, Vincenzo Veltri avait pu quitter son rôle de paysan et transformer en une organisation productive un groupe de paesani et de compatriotes ayant quelques antécédents ethniques et professionnels communs. Sans attaches familiales ni ancestrales – il ne se maria jamais et ne retourna pas une seule fois dans son pays natal –, il consacra tout son talent et toutes ses énergies à son entreprise, devenant ainsi l’un des premiers immigrants italiens à apporter une contribution importante à la construction ferroviaire tant aux États-Unis qu’au Canada.
Les réminiscences de Giovanni Veltri, frère de Vincenzo Veltri, ont été publiées conjointement par la Multicultural Hist. Soc. of Ontario et la Ontario Heritage Foundation sous le titre The memoirs of Giovanni Veltri, J. [A.] Potestio, édit. ([Toronto], 1987).
AO, RG 80–8-0-507, no 32357.— Thunder Bay Hist. Museum Soc. (Thunder Bay, Ontario), Welch papers.— J. A. Potestio, « From navvies to contractors : the history of Vincenzo and Giovanni Veltri, founders of R. F. Welch Limited, 1885–1931 » (mémoire de ma., Lakehead Univ., Thunder Bay, 1981).
John Potestio, « VELTRI, VINCENZO (James Vincent Welch) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/veltri_vincenzo_14F.html.
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Auteur de l'article: | John Potestio |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
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