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TREGILLUS, WILLIAM JOHN, fermier, éleveur, homme d’affaires et homme politique, né le 2 mai 1858 et baptisé à Plymouth, Angleterre, fils aîné de John Tregillus et d’Emma Daw ; en 1880, il épousa Lillian Chapman, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 12 novembre 1914 à Calgary.
William John Tregillus fit ses études à Plympton et à Plymouth, puis à la Taunton College School. Meunier comme son père, il travailla dans le Devonshire et y exploita une ferme avant de connaître la réussite, durant 12 ans, comme minotier à Southampton. Il devait avoir de bonnes réserves financières quand il décida de s’installer au Canada, car il arriva à Calgary en août 1902 avec sa femme, deux de leurs quatre enfants, une dame de compagnie pour Mme Tregillus et un valet d’écurie. Bientôt, il acheta de nombreuses terres à l’ouest de la ville, dans le secteur maintenant occupé par les banlieues de Rosscarrock, de Westgate et de Wildwood. Il fit construire en 1903 une magnifique résidence de style anglais, Rosscarrock.
Tregillus s’intéressa d’abord aux chevaux : il en faisait venir de la Colombie-Britannique pour les revendre aux nouveaux colons. En outre, il élevait de bons chevaux de route pour son propre usage. Ensuite, il se tourna vers la production laitière. À partir d’une soixantaine de vaches, il constitua l’un des meilleurs troupeaux de holsteins de la province et transforma par la suite son exploitation en une ferme d’élevage qui approvisionnait, en bêtes de pure race, bon nombre des meilleurs troupeaux de vaches laitières de l’Alberta. En 1905, il loua plusieurs bêtes au département provincial de l’Agriculture à des fins de démonstration. On le consultait beaucoup ; il sillonnait la province en exposant les avantages du bétail de pure race à des groupes de fermiers. Il fut le premier à produire du lait pasteurisé à Calgary. Son usine d’embouteillage et de stérilisation approvisionnait la clientèle locale et la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Pour accroître l’efficacité de son exploitation laitière, il fit venir d’Angleterre des jeunes gens qu’il forma et employa à des salaires décents. En 1912, il établit sur sa propriété la Tregillus Clay Products Company. Doté d’un laboratoire, ce complexe était l’un des plus modernes au Canada et pouvait produire chaque jour 150 000 briques taillées à surface rugueuse. Tregillus fut également à l’origine de l’un des premiers annuaires commerciaux de Calgary. Ces activités le distingueraient des autres leaders du milieu rural, même si les questions agricoles allaient demeurer sa principale préoccupation.
Souhaitant que les fermiers se fassent mieux entendre, Tregillus s’inscrivit en 1906 à la Canadian Society of Equity, qui s’intégra quelques années plus tard aux Fermiers unis de l’Alberta. Il fut élu vice-président de ce dernier organisme en 1910, puis président en 1912 ; il exerçait encore cette fonction au moment de sa mort. C’était un président énergique et très populaire. Grâce à son talent pour le recrutement, il contribua beaucoup à la force numérique des Fermiers unis de l’Alberta. En outre, il joua un rôle important dans la fondation de la très prospère Alberta Farmers Co-operative Elevator Company, dont il devint le premier président en 1913. Dès 1915, cette compagnie aurait 40 élévateurs dans les Prairies. Tregillus avait du flair. En 1910, il s’était rendu à Vancouver à la tête d’une délégation de fermiers afin d’étudier le transport du grain vers l’Ouest. Cette possibilité acquérait de l’attrait à mesure que progressait la construction du canal de Panama, mais pour la réaliser, il fallait plus d’élévateurs dans le port. En 1911, Tregillus assista à une conférence internationale sur l’agriculture à Rome. Il fut également vice-président du Canadian Council of Agriculture où, selon le Grain Growers’ Guide de Winnipeg, il « défendit avec force la réforme démocratique, non seulement dans l’intérêt des fermiers mais aussi des citoyens canadiens en général ».
Homme infatigable et bien enraciné dans son milieu, Tregillus œuvra dans d’autres secteurs de la vie publique. Il fut président du conseil des écoles publiques de Calgary. Dans le cadre du projet de création d’une université dans cette ville, il donna 160 acres de terres pour un campus et 50 000 $ pour l’établissement d’une chaire, mais le projet avorta. Partisan de l’autonomie locale, il appartint au Local Improvement Council et fut président d’une ligue en faveur de la législation directe. En plus, il occupa la présidence de la Calgary Horticultural Society et de la Calgary Choral Society. Conseiller municipal de 1913 à sa mort, il fut un temps maire suppléant.
Tregillus avait les idées claires et ne craignait pas d’exprimer publiquement son opinion. Il collaborait fréquemment à des journaux et à des périodiques agricoles. À propos de la nécessité, pour Calgary, de se doter d’un plan global d’urbanisme, il écrivit en 1911 au Morning Albertan : « les Calgariens [...] manqueraient ignominieusement à leur devoir s’ils ne regardaient pas au moins un siècle en avant ». À l’approche de la guerre en Europe, il adopta une position surprenante étant donné ce que l’on sait de ses antécédents et de son rang social : il s’opposa farouchement à toute participation du Canada aux hostilités imminentes et demanda en janvier 1914 au congrès annuel des Fermiers unis de l’Alberta « Serons-nous un grand pays pacifique et prospère ou serons-nous simplement l’apanage et l’humble subordonné d’une grande puissance militaire ? »
En novembre 1914, Tregillus se rendit à Winnipeg afin d’assister à des réunions de l’Association des manufacturiers canadiens, de la Grain Growers’ Grain Company Limited et du Canadian Council of Agriculture. Tombé malade, il rentra à Calgary, où les médecins diagnostiquèrent une fièvre typhoïde. Il mourut quatre jours après, le 12 novembre.
William John Tregillus se distingua principalement en agriculture. En élevant des holsteins de pure race et en défendant les intérêts des fermiers sur la scène publique, il devint une figure marquante du milieu rural de l’Alberta. À Calgary même, il œuvra dans le monde des affaires, dans l’administration municipale et dans le milieu de l’éducation. C’était aussi un novateur et un homme qui voyait loin ; il sut faire preuve du courage et de l’énergie nécessaires pour concrétiser ses idées. Bien que ses entreprises aient connu des difficultés financières en 1913–1914, au cours de la dépression d’avant-guerre, il accomplit beaucoup pendant les 12 années qu’il passa en Alberta.
Devon Record Office, West Devon Area (Plymouth, Angleterre), 167/14 (Charles Parish Church, Plymouth, RBMS), no 3707.— GA, M1245, M4815, M6252, M6286 (Tregillus coll.).— Calgary Herald, 6 janv. 1910, 13 juill. 1912, 3 janv. 1914, 31 mai 1958, 1er mars 1986.— Calgary News Telegram, 23 janv. 1913, 12 nov. 1914.— Grain Growers’ Guide (Winnipeg), 18 nov. 1914.— Morning Albertan (Calgary), 27 avril, 13 juill. 1911.— Canadian annual rev. (Hopkins), 1914 : 658.— Harold Fryer, Alberta : the pioneer years (Langley, C.-B., 1977).— A. O. MacRae, History of the province of Alberta (2 vol., [Calgary], 1912), 1 : 1000.— L. A. Wood, A history of farmers’ movements in Canada (Toronto, 1924 ; réimpr., introd. de F. J. K. Griezic, Toronto et Buffalo, N.Y., 1975).
Max Foran, « TREGILLUS, WILLIAM JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tregillus_william_john_14F.html.
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Auteur de l'article: | Max Foran |
Titre de l'article: | TREGILLUS, WILLIAM JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |