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BOWER, JAMES, fermier, homme d’affaires et chef d’une organisation agricole, né le 26 janvier 1860 dans le canton de Mono, Haut-Canada, fils de James Bower et de Dorothea Laverty ; le 21 février 1883, il épousa dans le canton de Mono, Ontario, Catherine Elizabeth McLean (décédée en 1931), et ils eurent sept fils et deux filles ; décédé le 16 mai 1921 près de Red Deer, Alberta.
Natifs d’Irlande, la mère et le père de James Bower faisaient partie de la vague d’immigrants britanniques qui commença à déferler sur le Haut-Canada après les guerres napoléoniennes. Son père, forgeron, continua d’exercer ce métier au nord de Toronto et exploita une ferme, d’abord non loin de la baie Géorgienne puis dans le canton de Mono, à proximité d’Orangeville. Tous deux anglicans, les parents de James Bower s’étaient mariés devant l’évêque John Strachan* – le rigide et puissant patriarche de l’élite politique de la colonie – mais lui-même, démocrate et moins attaché aux formes, opta pour le méthodisme. Ce dernier enfant d’une famille de sept se révéla un homme dynamique et ambitieux. Il exploita une ferme, une usine de rabotage, une manufacture de portes et châssis et un service public d’éclairage électrique, et il fut entrepreneur en bâtiment dans la région d’Orangeville.
Après que deux accidents eurent frappé ses entreprises, Bower eut la bougeotte et, à l’instar d’un nombre croissant d’Ontariens, il décida d’aller tenter sa chance sur « le dernier front pionnier de l’Ouest, et le meilleur ». Ce colon à la moustache touffue avait l’intention de chercher une terre au nord de Red Deer mais, au cours d’un arrêt dans ce village en 1899, il rata le train et acheta une propriété dans les environs. Il acquit bientôt d’autres terres et produisit de la brique pour une école de district et pour sa spacieuse maison, qu’il bâtit en 1905. Bower était un agriculteur prospère et progressiste : il élevait des percherons importés de France et des bovins shorthorns enregistrés. Il fut le premier dans l’Ouest canadien à acheter, en 1907, un tracteur à essence de marque International Harvester.
Comme beaucoup de fermiers qui réussissaient, Bower devint une personnalité au sein du mouvement agricole. En 1908, il milita à la Central Alberta Stock Growers’ Association et à l’Alberta Farmers’ Association. La même année, il fut nommé à une commission gouvernementale qui recueillit des témoignages sur l’industrie porcine. En 1909, cette dernière recommanda à la province de bâtir et d’exploiter une usine de charcuterie dès que les producteurs se seraient engagés à fournir 50 000 porcs par an. À la grande déception de Bower, les fermiers ne purent en promettre autant, et l’usine ne vit jamais le jour.
En 1909, l’Alberta Farmers’ Association fusionna avec une organisation rivale d’agriculteurs, la Canadian Society of Equity, ce qui donna les Fermiers unis de l’Alberta. La réputation de Bower était telle qu’il remporta la présidence du nouvel organisme et la conserva jusqu’à ce qu’il la quitte de lui-même en 1912. Peu après sa première élection, il tenta d’ouvrir l’accès des marchés britanno-colombiens aux produits agricoles de l’Alberta. À cette fin, il proposa d’abaisser le tarif ferroviaire et de créer des abattoirs municipaux qui concurrenceraient le monopole des commerçants de viande. Une conférence d’hommes d’affaires de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, tenue à Vancouver en 1910 sous la présidence de Bower, qui l’avait organisée, entérina ces propositions. En 1910–1911, Bower collabora avec le Bureau de commerce de Vancouver dans l’espoir, finalement déçu, de mettre un terme à la discrimination dont l’Ouest était victime en matière de frais de transport. En 1909, il avait participé à la fondation de la Red Deer Co-operative Association, première coopérative des Fermiers unis de l’Alberta, et en avait été président. Ce groupe accomplit dans sa première année d’existence un travail impressionnant dans la vente de bétail, de foin et de céréales, et il servit de modèle à d’autres coopératives des Fermiers unis de l’Alberta. Bower travailla sans relâche en vue de l’adoption d’une loi nationale sur les coopératives.
Comme la plupart des agriculteurs des Prairies, Bower était un fervent partisan de la libéralisation des échanges. Au cours de la tournée du premier ministre sir Wilfrid Laurier* dans l’Ouest canadien en 1910, il l’accueillit à Red Deer (le 10 août) et à Lethbridge (le 1er septembre) et, avec d’autres dirigeants des Fermiers unis de l’Alberta, il prononça un vibrant plaidoyer pour la réduction des droits de douane et d’autres mesures. À titre de vice-président du Canadian Council of Agriculture et de président des Fermiers unis de l’Alberta, il prit part le 16 décembre 1910 au « siège d’Ottawa », rassemblement de quelque 800 représentants du milieu agricole venus dans la capitale fédérale pour adresser leurs doléances au gouvernement [V. James Speakman*]. Faisant suite à un document qu’il avait remis à Laurier en Alberta, Bower demanda que les sociétés ferroviaires soient tenues responsables lorsque leurs trains tuaient des animaux. Il était l’instigateur de cette campagne et la mènerait avec acharnement.
Au grand plaisir de Bower et des fermiers de tout le pays, le gouvernement Laurier conclut avec les États-Unis, au début de 1911, une entente de réciprocité qui promettait d’ouvrir le marché américain aux produits naturels canadiens. Bower était alors un personnage d’envergure nationale. Élu président du Canadian Council of Agriculture pour l’année 1911–1912, il pressa les hommes politiques fédéraux de soutenir la réciprocité, un réseau fédéral d’exportation de viande réfrigérée, un projet de loi qui réformerait l’industrie céréalière ainsi que la mise en place de terminus pour céréales appartenant à l’État fédéral et exploités par celui-ci. Dans la période qui précéda les élections fédérales de septembre, il exhorta les membres des Fermiers unis de l’Alberta à voter pour des candidats favorables à la réciprocité – autrement dit, pour des libéraux. Non seulement, laissa-t-il entendre, l’accord ferait-il augmenter les prix des produits agricoles, mais, en intensifiant les échanges nord-sud, il forcerait les compagnies de chemin de fer à diminuer les coûts du fret. Fort malheureusement pour Bower et pour la plupart des fermiers du Canada, les conservateurs de Robert Laird Borden* sortirent vainqueurs du scrutin et mirent au rebut l’entente de réciprocité. La construction d’élévateurs terminaux par le gouvernement conservateur dans les années 1913 à 1916 atténua la déception de Bower, qui par ailleurs connut du succès dans ses interventions en vue d’améliorer le réseau provincial d’élévateurs ruraux. Bien que, à l’origine, conformément au souhait de la majorité des agriculteurs, Bower ait réclamé un réseau d’élévateurs gouvernementaux, lui-même et les autres membres du comité des élévateurs des Fermiers unis de l’Alberta jugèrent non concluante l’expérience de construction d’élévateurs publics tentée au Manitoba. En 1912, ils orientèrent donc l’action des Fermiers unis de l’Alberta vers la création d’élévateurs qui seraient financés par le gouvernement et administrés par des coopératives agricoles. C’est pourquoi fut fondée en 1913 l’Alberta Farmers Co-operative Elevator Company Limited [V. Edwin Carswell*]. En 1917, la United Grain Growers Limited naîtrait de la fusion de cette société avec la Grain Growers’ Grain Company.
Au début de 1912, James Bower avait quitté la présidence des Fermiers unis de l’Alberta pour des raisons de santé. William John Tregillus* lui avait succédé. L’année suivante, Bower s’installa à Vancouver avec sa femme et ses plus jeunes enfants ; ses fils aînés restèrent à Red Deer. Toujours intéressé à la politique, il soutint publiquement, au cours de la campagne électorale provinciale de l’Alberta en 1913, le gouvernement libéral d’Arthur Lewis Watkins Sifton, dont il approuvait le programme d’assurance contre la grêle, l’engagement à tenir des consultations populaires et l’appui à l’Alberta Farmers Co-operative Elevator Company Limited. En 1916, Bower retourna à la ferme de Red Deer avec sa famille. Il y resta jusqu’à son décès, survenu en 1921 ; il avait alors 61 ans. Deux mois plus tard, sous la présidence de Henry Wise Wood*, les Fermiers unis de l’Alberta, que Bower avait guidés dans leurs trois premières années d’existence, remportèrent les élections provinciales et formèrent un gouvernement majoritaire dont le chef était Herbert Greenfield*.
Nous aimerions remercier Ted Bower (petit-fils du sujet), de Calgary, ainsi que Dorothy et Ruth Bower (petites-filles du sujet), de Red Deer, en Alberta, de nous avoir accordé des entrevues et de nous avoir donné accès aux documents et lettres en leur possession. [b. j. r.]
GA, BR UFA, minutes and reports of annual conventions, 1910–1912.— Grain Growers’ Guide (Winnipeg), mars 1909, 9 mars, 6 avril, 1er, 22 juin, 24, 31 août, 21 sept., 21, 28 déc. 1910, 15 févr., 1er, 15, 29 mars, 12 juill., 16 août, 20 sept., 4 oct. 1911, 25 mai 1921.— Red Deer Advocate, 20 mai 1921.— Canadian annual rev., 1910, 1913.— D. G. Embree, « The rise of the United Farmers of Alberta » (mémoire de m.a., Univ. of Alta, Edmonton, 1956).— Farm and Ranch Rev. ([Calgary]), 4 (1908), nº 1.— Red Deer East Hist. Soc., Mingling memories (Red Deer, 1979).— B. J. Rennie, The rise of agrarian democracy : the United Farmers and Farm Women of Alberta, 1909–1921 (Toronto, 2000).
Bradford J. Rennie, « BOWER, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bower_james_15F.html.
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Auteur de l'article: | Bradford J. Rennie |
Titre de l'article: | BOWER, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
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