TRASK, CATHERINE (Brown), fermière et maîtresse de maison, née le 9 février 1857 dans le canton de Pilkington, Haut-Canada, fille de Charles Trask et d’Ann French ; le 9 janvier 1881, elle épousa au même endroit William Brown ; décédée le 26 mai 1925 dans le canton de Peel, Ontario.
Les parents de Catherine Trask, des immigrants anglais, s’installèrent comme locataires dans le bloc de Pilkington, au nord-est de Guelph [V. Robert Pilkington*]. Catherine avait sept ans quand son père mourut de l’appendicite, laissant derrière lui sept enfants. En 1865, ceux-ci reçurent le titre de propriété de la ferme familiale. Catherine resta avec sa mère et, à l’âge de 23 ans, elle épousa William Brown, fermier méthodiste d’un canton voisin, celui de Peel. Ils s’établirent d’abord dans le hameau d’Alma, où William trouva du travail dans une scierie. Leur aîné vit le jour en 1882 ; une fille née l’année suivante mourut à six mois ; un deuxième fils naquit en 1884. Lorsque Catherine redevint enceinte, deux ans plus tard, elle-même et son mari prirent des mesures pour accroître leur revenu.
Dans beaucoup de comtés ontariens, la valeur des terres agricoles avait chuté depuis 1879, mais les batteurs de grain – dont le travail était en train de changer considérablement à cause des machines à vapeur mobiles – étaient encore très en demande. Passionné de mécanique, William Brown se porta acquéreur d’une machine de 12 HP fabriquée à Elora. Dès 1887, il avait économisé assez d’argent pour acheter, au nom de Catherine, une ferme de 56 acres. L’année suivante, quand il acquit une meilleure machine, une Champion de la Waterous Engine Works de Brantford [V. Charles Horatio Waterous*], Catherine acheta les biens de William en contractant une hypothèque mobilière auprès du producteur de lin John McGowan. Dès lors, tous leurs biens resteraient au nom de Catherine, en partie parce que cela les protégeait contre toute responsabilité légale et peut-être aussi parce que sa famille avait soutenu financièrement le couple. Avec leurs transactions de la fin des années 1880 s’amorça une série compliquée d’hypothèques et de dettes qui continua durant toute la vie maritale de Catherine. Au début, ils les contractèrent dans leur voisinage, mais par la suite, ils obtinrent du crédit de la Metropolitan Bank de Guelph et, par l’entremise d’un avocat de cette localité, Walter Ellis Buckingham, de la British Mortgage and Loan Company.
De la fin de l’été au cœur de l’hiver, William battait du grain dans toute la région. Catherine dirigeait alors leur ferme, bien que ce travail lui ait déplu. Comme les accidents étaient courants dans les fermes – surtout à cause des machines dotées des pièces à nu –, les Brown contractèrent en 1891, auprès du conseil d’Alma du Canadian Order of Foresters, une assurance qui garantissait mille dollars à Catherine advenant que William soit tué. (De fait, il perdit un œil dans un accident de travail.) Catherine connut d’autres épreuves pendant ses premières années de mariage. Son troisième fils était décédé quelques mois après leur installation à la ferme. Cependant, deux autres fils et une fille atteindraient la maturité. Son aîné faisait des corvées à la ferme, mais il mourut en 1900. Peu après, le fils cadet, Melvin, partit pour l’Ouest canadien dans l’espoir de trouver une terre à bas prix. Néanmoins, le battage du grain rapportait assez à William pour que les Brown ajoutent une cuisine à l’arrière de leur maison d’un étage et demi. En 1906, ils étaient assez à l’aise pour s’abonner à l’atlas historique du comté, où leur notice biographique soulignait leurs attaches libérales et méthodistes et décrivait William comme « un des meilleurs batteurs de son lot ». C’était Catherine qui trouvait du réconfort dans la foi ; William ne fréquenta jamais l’église assidûment.
Dans les petites et moyennes fermes ontariennes, les enfants étaient censés participer aux travaux, mais ce n’était pas une règle absolue. Dès le retour de Melvin, son frère Ezra, qui avait manifesté des dons pour la mécanique, partit à son tour pour l’Ouest. Melvin, qui n’avait pas une forte constitution, repartit travailler chez un manufacturier. Le benjamin des garçons, Cecil, et la fille, Dinah, se retrouvèrent donc avec une charge plus lourde. L’aversion de Cecil pour les travaux de la ferme et sa faiblesse physique inquiétaient tellement ses parents que, en 1914, ils achetèrent pour lui de l’assurance-maladie et de l’assurance pour les frais funéraires. Dinah, qui faisait des travaux à la ferme, voulait battre du grain avec son père, mais il l’encouragea à rester à la maison et à apprendre à labourer. Elle se rebella et finit par s’engager comme domestique, d’abord à Elora puis à Hamilton.
Catherine et William Brown avaient accru leurs propriétés foncières en 1909 en achetant une ferme de 100 acres non loin de chez eux. Ils s’étaient ainsi hissés bien au-dessus de la moyenne ontarienne, mais le refinancement exigeait une hypothèque beaucoup plus grosse. En outre, l’année suivante, ils achetèrent à crédit du nouvel équipement de battage. Résolu à quitter un domaine où les coûts augmentaient considérablement, William, qui à divers moments avait cherché à se faire embaucher par des entreprises de matériel agricole à Waterloo et à Hamilton et par la Canada Flax and Fibre à Alma, posa sa candidature en 1914 au poste de gardien du palais de justice du comté à Guelph. Toutefois, il n’obtint pas le poste. Pendant la Première Guerre mondiale, l’inflation frappa si durement les Brown que, par moments, ils furent incapables de payer leurs factures d’épicerie.
Leur situation s’améliora suffisamment pour leur permettre de s’acquitter en 1919 de la dette sur leur première ferme, mais ils en avaient toujours une sur la deuxième. En 1925, quand Catherine mourut intestat, William assuma l’administration de sa succession. Trop âgé pour exploiter la première ferme, il la céda à Cecil, qui n’avait pas les talents nécessaires pour la rentabiliser, si bien qu’elle fut vendue aux enchères en 1930. Jusqu’à sa mort en 1946, William passa une partie de l’année chez Ezra dans l’Ouest et le reste chez des parents en Ontario.
L’exemple de Catherine Trask Brown révèle le dur labeur que les fermières accomplissaient tout en tenant maison et en élevant leurs enfants. Inextricablement liée à la vie et à la carrière de son mari, son existence témoigne de l’importance de la famille et du dynamisme montré par les agriculteurs en cette période où l’Ontario connaissait des transformations économiques et des changements techniques. Prêts à prendre des risques en s’endettant et à s’engager dans diverses activités, Catherine et William Brown travaillèrent en couple afin d’améliorer les atouts dont ils avaient hérité.
L’information sur la famille nous a été gracieusement communiquée au cours d’entrevues que nous avons réalisées en 1993 avec Dinah [Brown] Cripps, de Kitchener, en Ontario, ainsi qu’avec Irene [Brown] Allan, Milton et Morley Trask, et Enid Whale, tous d’Alma, en Ontario. D’autres détails proviennent de copies d’inscriptions de la bible de famille en possession de Milton Trask. [t. c.]
AN, RG 31, C1, 1871, Pilkington Township, Ontario, div. 1 : 22 ; 1881, Peel Township, Ontario, div. 2 : 44.— AO, RG 80-5-0-103, no 12137.— Elora Municipal Cemetery (Elora, Ontario), Records.— Univ. of Guelph Library, Arch. and Special Coll. (Guelph, Ontario), Wellington North Land Registry copy-books, Peel Township : 297–298, 703 ; XR1 MS A060 (Henry Wissler papers), box 1 (d).— Wellington South Land Registry Office (Guelph), Deeds, instrument nos Y27-11616, Y28-11640, Y34-16409, Y35-16411 ; Pilkington Township, abstract index to deeds, concession 1, lot 3 ; reg. of deeds, book 3, no 24401 (27 juill. 1865) (mfm aux AO).— Historical atlas of the county of Wellington, Ontario (Toronto, 1906 ; réimpr. sous le titre Illustrated historical atlas of Wellington County, Ontario, Belleville, Ontario, 1972).— Threshermen’s Rev. (Detroit et St Joseph, Mich.), avril, juin 1911.
Terry Crowley, « TRASK, CATHERINE (Brown) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/trask_catherine_15F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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