TRAHAN, GRÉGOIRE, dit Gregory Strahan, soldat, né vers 1752, fils de Charles Trahan, de Grand-Pré, Nouvelle-Écosse, et de Marie-Anne Landry ; décédé le 21 septembre 1811 à Philadelphie.
Encore tout jeune enfant, Grégoire Trahan fut victime de la déportation des Acadiens [V. Charles Lawrence*]. Avec ses parents et sa sœur aînée, Madeleine, il fut exilé à Concord, au Massachusetts, probablement lors du grand coup de filet de l’été et de l’automne de 1755. Une douzaine d’années plus tard, la famille Trahan, à laquelle s’étaient ajoutés cinq enfants nés en exil, immigra dans la province de Québec. Elle se fixa à Yamachiche où d’autres exilés acadiens avaient commencé de s’installer depuis environ trois ans. Se joignant à eux pour y ouvrir deux rangs d’inégale longueur, appelés la Grande-Acadie et la Petite-Acadie, elle s’établit dans le rang de la Grande-Acadie.
Au début de l’invasion américaine, en 1775 [V. Benedict Arnold ; Richard Montgomery*], Trahan s’enrôla comme soldat, pour une période de six mois, dans l’armée des colonies en révolte contre la Grande-Bretagne. Affecté à une compagnie du régiment de James Livingston, il prit part en décembre au siège de Québec au cours duquel le commissaire John M. Taylor lui confia les clefs du magasin de l’armée parce qu’il parlait « un peu l’anglais ». Parvenu au terme de son engagement au printemps de 1776, Trahan fut licencié à Sorel. Le colonel Livingston l’envoya à Albany, dans la colonie de New York, et, de là, à Philadelphie, pour y porter les dépêches du général Philip John Schuyler. À cause de ses mois de service dans l’armée américaine, Trahan ne pouvait pas, sans risque, revenir dans la province de Québec ; il vécut donc à Philadelphie où, le 18 septembre 1780, il épousa Marguerite Bourque. En 1783, il revint dans la province, mais on le traita comme un rebelle et on le dépouilla de la terre de 80 acres qu’il possédait dans le rang de la Grande-Acadie. Il dut retourner avec sa famille à Philadelphie, où il exerça les métiers d’hôtelier et de charretier.
En 1810, Grégoire Trahan adressa une pétition au gouvernement américain afin d’obtenir la récompense promise aux Canadiens qui s’étaient enrôlés dans l’armée américaine en 1775. Ses réclamations ne furent satisfaites qu’en 1826, soit 15 ans après sa mort, à la suite d’une nouvelle pétition de son fils Joseph. Sa veuve et ses enfants Joseph, Paul, Charles et Mary auraient hérité de 1 000 acres de terre près du lac Érié. Aujourd’hui, la plupart des descendants de Grégoire Trahan aux États-Unis portent le nom de Strahan.
ANQ-MBF, CE1-52, 27 févr. 1764, 2 sept., 7, 25 oct. 1767.— Arsenault, Hist. et généal. des Acadiens (1978), 1 : 198 ; 3 : 1310–1313.— Raphaël Bellemare, Les bases de l’histoire d’Yamachiche, 1703–1903 [...] (Montréal, [1903]).— Napoléon Caron, Histoire de la paroisse d’Yamachiche (précis historique) (Trois-Rivières, Québec, 1892).
Maurice Fleurent, « TRAHAN, GRÉGOIRE, dit Gregory Strahan », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/trahan_gregoire_5F.html.
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Auteur de l'article: | Maurice Fleurent |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
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