TOPLEY, WILLIAM JAMES, photographe et homme d’affaires, né le 13 ou le 27 février 1845 à Montréal, fils de John Topley, sellier-bourrelier, et d’Anna Delia Harrison ; le 15 août 1872, il épousa à Yorkville (Toronto) Helena (Nellie) DeCourcy McDonogh, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 16 novembre 1930 à Vancouver et inhumé à Ottawa.

William James Topley grandit à Aylmer, au Bas-Canada. Il fut probablement initié à la photographie par sa mère, qui, vers la fin des années 1850, avait fait l’acquisition de matériel à Montréal et l’avait utilisé à Aylmer. Il commença sa carrière dans la ferrotypie et son nom était inscrit dans un répertoire à titre de photographe itinérant au Haut-Canada en 1863, mais lorsqu’il fut embauché par William Notman* à Montréal, en 1864, il toucha un salaire d’apprenti. Il s’était installé dans cette ville avec sa mère et le reste de sa famille après la mort de son père, en 1863. Son talent a pu inciter Notman, plus tard, à embaucher ses jeunes frères Horatio Needham et John George comme apprentis photographes.

Notman considérait William James extrêmement compétent comme photographe, mais pensait également qu’il pouvait avoir l’étoffe d’un gestionnaire. En janvier 1868, il confia à Topley, alors âgé de 22 ans, la direction de ses nouvelles installations à Ottawa, son premier studio à l’extérieur de Montréal. Situé dans un bâtiment construit spécialement à cette fin, rue Wellington, en face des édifices du Parlement, le studio attira vite des clients locaux et des notables de passage, notamment les membres du Parlement du nouveau dominion. Au studio Topley, on photographia tous les premiers ministres de sir John Alexander Macdonald* à William Lyon Mackenzie King* ainsi que les gouverneurs généraux du baron Lisgar [Young*] à lord Grey*. Dès 1872, lorsque Topley devint « propriétaire » du studio, plus de 2 300 personnes par année venaient y poser, volume qui ne fut dépassé qu’au début du xxe siècle.

En 1875, Topley se brouilla apparemment avec Notman et décida d’ouvrir son propre studio, deux rues plus loin, dans un immeuble d’inspiration italienne opulent qu’il avait fait construire à l’intersection des rues Metcalfe et Queen. Bien que ce bâtiment ait comporté un appartement pouvant accueillir Topley et sa famille, la crise économique qui s’aggravait au Canada rendit cet endroit trop onéreux et, en 1878, Topley avait déjà emménagé dans l’ancienne résidence d’un dentiste, au 104, rue Sparks. Il y demeura jusqu’en 1888, année où il s’installa pour de bon au 132 de la même rue. Son commerce était probablement prospère à cette époque, mais il ne fit l’acquisition d’une résidence distincte que vers la fin des années 1890.

Notman avait ouvert une succursale à Ottawa parce qu’il voyait en cette ville un marché en croissance. Topley sut tirer profit de ce contexte. Dès la fin des années 1870, il était le photographe officiel du gouverneur général lord Lorne [Campbell*], ce qui conféra du prestige au studio et attira la clientèle. Les portraits occupaient une grande partie du travail de Topley, mais les panoramas qu’il croqua pour le tourisme, les travaux qu’il exécuta pour des entreprises et ses autres mandats à Ottawa et dans tout le Canada, auxquels s’ajouta un volume de travail considérable pour le gouvernement, représentent des dizaines de milliers d’images. Commandées par le ministère de l’Intérieur, ses photographies de l’arrivée d’immigrants à Québec furent maintes fois publiées et en devinrent ainsi la représentation symbolique. Pendant les années 1870, il utilisait sur la route une chambre noire mobile tirée par un cheval. Ses modes de présentation changèrent au fil du temps : dans les années 1860, la mode avait été aux cartes de visite et aux photographies de taille pratique pour être placées sur des meubles, mais à la fin du siècle et au début du suivant les photographies plus grandes, présentées sur un carton de couleur vert olive foncé sur lequel le nom de Topley était inscrit en relief, étaient des produits très répandus. À l’instar de Notman, Topley produisait des images composites – de grandes photographies qu’il créait en préparant soigneusement la scène, puis en photographiant les sujets selon un angle précis et dans une posture adaptés à cette scène. Toutefois, contrairement à Notman, Topley ne produisit qu’un faible nombre de stéréogrammes, qui constituaient pourtant une des activités principales de nombreux photographes du xixe siècle. Suivant l’émergence de la photographie amateur, Topley garnit son studio d’appareils photo, de pellicules et d’autres fournitures, et fit la promotion de ses services de finition et d’agrandissement de photographies. Autour de la fin du siècle, il créa la Topley Scientific Instruments Company pour vendre des dispositifs optiques, du matériel d’arpentage et des photostats, ainsi que pour fournir le service connexe.

À ses débuts, en 1868, le studio employait trois personnes, mais dès 1874 ce nombre était passé à 14 : des photographes, des copistes, des retoucheurs et des artistes (souvent pour préparer les montages composites et les fonds de scène). La dépression qui suivit obligea Topley à réduire le nombre de ses employés. Par ailleurs, l’adoption du procédé de développement sur plaques sèches dans les années 1880 aurait permis de rendre la production plus efficace sans augmenter le personnel. Au cours des années 1870, Topley employa ses frères Horatio Needham et John George ; le premier passa au service du ministère de l’Intérieur en qualité de photographe en 1887, mais le deuxième demeura au studio jusqu’en 1908 environ, époque à laquelle il lança son propre commerce.

La vie de Topley semble avoir été empreinte de la sensibilité d’un chrétien évangélique. À partir de ses premiers jours dans la capitale, il fut actif dans le mouvement des écoles du dimanche, à Hull, à Ottawa et ailleurs dans la vallée de l’Outaouais. Dès le milieu des années 1870, il fut responsable de l’école du dimanche à l’église méthodiste Dominion, où il chantait dans la chorale. Actif à la Bible Society d’Ottawa, il joua un rôle prépondérant dans la Young Men’s Christian Association, occupant la présidence en 1871 et en 1881, et assumant d’autres tâches au conseil d’administration au fil des ans. Sa participation à la vie communautaire ne se limita pas à l’évangélisme. En effet, il s’intéressa à la Metropolitan Society for the Prevention of Cruelty to Animals et, avec sa femme, il contribua à des œuvres de charité locales. Sa compassion transpire dans certaines de ses photographies ; un portrait de Polly, femme détenue à la prison du comté de Carleton, est particulièrement touchant. Il fit partie également du conseil de direction de la Fine Arts Association et fut l’un des membres fondateurs du Camera Club of Ottawa ; il avait un bateau sur la rivière Rideau et participait à des parties de chasse à l’automne.

En 1907, le fils de William James Topley, William DeCourcy, prit la direction du studio, mais le père semble y être demeuré actif, peut-être jusqu’en 1918. À cette époque, le studio était beaucoup moins actif que par le passé. L’importance du portrait comme art photographique avait décliné après 1900 et le nombre de séances de pose avait chuté. Le carnet de commandes s’arrêta en 1923 et le commerce « ferma ses portes » en juillet 1926. Topley et sa femme, qui mourut en 1927, passèrent une grande partie de leurs dernières années à Edmonton avec leur fille, Helena Sarah, et leur gendre, Robert C. W. Lett. Ce dernier, employé du Grand Trunk Pacific Railway, a probablement contribué à ce que le nom Topley soit attribué à une collectivité située sur le réseau de cette ligne ferroviaire, dans le nord de la Colombie-Britannique. Topley mourut à la résidence temporaire de Helena Sarah, à Vancouver, en 1930.

Andrew Rodger

La collection du studio Topley a été achetée en 1936 par les Archives publiques du Canada (BAC, R639-0-5, auparavant Acc. 1936-270) pour 3 000 $ après que William DeCourcy Topley l’eut offerte en 1926 pour 25 000 $. Cette collection comprend environ 150 000 négatifs surtout sur plaques de verre ainsi que des albums contenant la majorité des photographies prises par la firme. Deuxième en importance après celle des Notman, la collection Topley est devenue l’une des sources les plus largement consultées pour les photographies du xixe et du xxe siècle au Canada, en partie à cause du nombre de portraits d’éminents personnages et en partie en raison du territoire couvert, c’est-à-dire du Québec à la Colombie-Britannique. La documentation manuscrite, peu abondante dans cette collection, concerne le studio ; il n’y a rien sur Topley lui-même. L’information sur ses affaires et sa vie privée est disséminée dans les archives de ses clients, dont, à BAC, celles de bureaux gouvernementaux de l’Agriculture, de l’Intérieur et de la Commission géologique du Canada.

Le principal ouvrage publié par Topley est The Ottawa album, containing photographs and advertisements of the principal business houses, hotels and steamboats and local views (Ottawa, 1875), qui comprend 61 photos montées en hors-texte. Des photographies de Topley ont aussi paru, surtout dans les années 1890, dans des magazines comme le Dominion Illustrated, de Montréal, le Lounger et l’Owl d’Ottawa, ainsi que dans des journaux et sur des feuilles de musique. Certains portraits sont reproduits dans Canada, Arch. publiques, Coll. nationale de photographies, William James Topley : des portraits, 1868–1881 [...] ([Ottawa, 1978]). [a. r.]

BAC, RG 37, C, 328, 1911, 4 oct. 1926.— Globe, 17 août 1872.— Ottawa Citizen, 8 nov. 1867, 7 juill. 1874, 17 nov. 1930.— Ottawa Free Press, 2 févr. 1873.— A. A. Gard, Pioneers of the upper Ottawa and the humors of the valley [...] (4 part. en 1 vol., Ottawa, [1906]).— Mitchell’s Canada gazetteer and business directory for 1864–65 (Toronto, 1864).— S. G. Triggs, William Notman : the stamp of a studio (Toronto, 1985).

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Andrew Rodger, « TOPLEY, WILLIAM JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/topley_william_james_15F.html.

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Auteur de l'article:    Andrew Rodger
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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