THOMAS, SOPHIA (Mason), traductrice et rédactrice, née le 15 novembre 1822 à la Rivière-Rouge, fille cadette du docteur Thomas Thomas*, agent principal de la Hudson’s Bay Company et gouverneur du département de Northern, et d’une femme indienne, décédée à Londres le 10 octobre 1861.

À sa mort en 1828, le docteur Thomas laissait à chacune de ses six filles une somme de £1 000 en rentes consolidées de la Bank of England rapportant un intérêt de 3 p. cent. Sophia avait eu l’avantage d’être élevée avec soin, d’abord dans la maison du révérend David Thomas Jones*, à la garde duquel son père l’avait confiée et, après la mort de Jones, dans celle du révérend William Cockran. Elle reçut une bonne éducation, sous la direction de John Macallum, à la Red River Academy. L’offre qu’on lui fit en 1843 de devenir une des gouvernantes de la section féminine de cet établissement atteste ses aptitudes à l’étude. Elle la déclina pour épouser à la Rivière-Rouge un jeune missionnaire méthodiste wesleyen, le révérend William Mason.

Le jeune couple s’embarqua le 11 août 1843 sur un York boat pour la mission de Rossville, au nord du lac Winnipeg, qui allait être le centre de leurs activités missionnaires au cours des 11 années suivantes. À cette époque, la mission de Rossville était dirigée par le révérend James Evans*, inventeur d’un système d’écriture syllabique de la langue des Cris. Evans publia quelques textes religieux mais le fait de ne pas avoir de presse d’imprimerie convenable entravait ses efforts. Sa mauvaise santé l’obligea à quitter la mission avec sa famille durant l’été de 1845, tandis qu’à l’automne arrivait d’Angleterre la presse tellement attendue. C’est ainsi que revint à William Mason la tâche de répandre l’Évangile parmi les Indiens au moyen de textes imprimés.

Sophia Mason avait de grandes qualités pour la vie de missionnaire car, en plus de sa piété naturelle, elle connaissait les coutumes indiennes et avait appris le cri sur les genoux de sa mère. Son mari devait décrire sa vie d’épouse de missionnaire en ces termes : « Beaucoup de gens estiment que les soins prodigués à la famille suffisent à occuper le temps d’une femme ; mais Sophia, en dépit de sa constitution fragile et délicate, se dépensait à l’école de jour des Indiens, leur rendait visite dans leur tente, traduisait quotidiennement, et tout cela en plus de répondre aux besoins d’une famille nombreuse qu’elle s’efforçait d’élever dans la crainte et le respect de Dieu loin de toute civilisation où, en cas de maladie, il n’y avait aucun moyen d’obtenir de l’aide. »

En 1854, Mason quitta l’Église méthodiste pour devenir anglican et déménagea à York Factory. Quatre ans plus tard, lui et sa famille s’embarquèrent pour l’Angleterre dans le but d’y superviser la publication du Nouveau Testament dans l’écriture syllabique des Cris. Ce travail étant terminé en 1859, ils restèrent en Angleterre pour s’occuper de l’impression de l’Ancien Testament.

Malheureusement, la page de titre des deux sections de la Bible qui furent publiées ne portait que le nom de William Mason comme traducteur. À la mission de Rossville, les anciens collaborateurs indiens des Mason, John Sinclair et le révérend Henry Bird Steinhauer*, affirmaient qu’une grande partie de la traduction était le fruit de leurs efforts de plusieurs années. Les déclarations de Mason lui-même laissaient entendre que le groupe de Rossville avait préparé une ébauche mais que la version finale était due à sa femme. Il écrivit qu’ « en général c’était elle qui prenait la décision finale concernant la meilleure façon de traduire un passage difficile en cri », que « sa parfaite connaissance et son maniement de la langue des Indiens avaient été d’une valeur inestimable » et qu’à Londres « elle avait travaillé jour et nuit pour terminer la révision finale de l’Ancien Testament, après avoir achevé celle du Nouveau Testament en 1859 ».

Peu de temps après son arrivée en Angleterre en 1858, Sophia eut une sérieuse attaque de pleurésie et ne cessa de souffrir de troubles pulmonaires. Accablée de douleurs, elle devait souvent interrompre ses travaux de traduction. En juillet 1861, elle donna naissance à son neuvième enfant ; elle continua de travailler et décéda trois mois plus tard. Malachie, le dernier des livres de l’Ancien Testament, venait tout juste de sortir de presse.

Bruce Peel

HBC Arch. A.36/13, will of Thomas Thomas, 30 nov. 1827.— CMS Arch. (Londres), Journal of the Reverend William Mason, 10 sept. 1854–28 août 1858 (copie à l’University of Alberta Library, Edmonton).— Nathaniel Burwash, The gift to a nation of written language, SRC Mémoires, 3e sér., V (1911), sect. ii : 3–21.— [William Mason], A short sketch of the life and missionary labours and happy death of Sophia Mason, Church Missionary Gleaner (Londres), nouv. sér., XI (1861) : 135–140.

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Bruce Peel, « THOMAS, SOPHIA (Mason) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/thomas_sophia_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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