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THEVET, ANDRÉ, franciscain, premier historien français qui ait donné une description de l’Amérique, né à Angoulême en 1502, mort à Paris en 1590.
Thevet s’embarqua vers 1537 pour l’Orient où il voyagea pendant cinq ou six ans. Il a prétendu être venu en Amérique en 1550 avec le pilote Guillaume Testu, mais la véracité de cette affirmation est aujourd’hui sérieusement mise en doute. Du 10 novembre 1555 au 31 janvier 1556, il séjourna au Brésil en qualité d’aumônier de Villegaignon, vice-amiral de Bretagne, qui y était allé pour établir une colonie française. Élevé au poste d’aumônier de Catherine de Médicis, il devint par la suite historiographe et cosmographe du roi. Faux érudit et compilateur naïf de faits, il consignait indistinctement tout ce qu’il lisait ou entendait, tout en créant l’impression qu’il était lui-même allé dans les pays qu’il décrivait (notamment l’Amérique du Nord).
Deux ouvrages de Thevet intéressent directement le Canada : son manuscrit intitulé « Le Grand Insulaire et pilotage d’André Thevet [...] » (BN, MSS, Fr. 15 452s.) et Les Singularitez de la France Antarctique, autrement nommée Amérique [...] (Paris, 1558). Thevet ne vint jamais lui-même au Canada, mais il lui fut possible de se servir, dans une large mesure, du Brief récit & succincte narration [...] de Cartier (1545). Il a utilisé aussi les œuvres de Jean Fonteneau (Jean Alfonse). Bien qu’il n’ait pas vu ce qu’il décrit et que souvent les détails qu’il donne ne s’appuient pas sur des sources écrites connues, on sait aujourd’hui qu’ils sont exacts. Par exemple, il a été le premier à faire connaître les noms de lieux de Tadoussac, Anticosti, Miramichi, et à donner des détails importants au sujet de la guerre entre les tribus indiennes de la vallée du Saint-Laurent, dont les écrits de Champlain ont attesté l’exactitude. Il est évident que Thevet a causé avec des explorateurs ; qu’il a été reçu par Jacques Cartier à Saint-Malo ; qu’il a cité ce dernier en qualité de source verbale de divers passages de ses écrits ; qu’il a dû également questionner les Indiens que Cartier avait ramenés en France et peut-être des pêcheurs rentrant du golfe Saint-Laurent. Au cours de ses investigations, il a accumulé des données que ne renferme aucune autre source, même si elles sont parsemées d’erreurs grossières et de contradictions. Dans une analyse récente de l’œuvre de Thevet, Bernard G. Hoffman conclut que Thevet est « une source étonnante » et que « Le grand insulaire » et Les Singularitez de la France Antarctique restent d’une valeur inestimable quant à l’ethnographie de l’Est du Canada.
André Thevet, Cosmographie universelle ; Les singularitez de la France antarctique, autrement nommée Amérique : & de plusieurs terres & isles découvertes de nostre temps (Paris, 1558 ; autre éd., Anvers, 1558 ; éd. Paul Gaffarel, Paris, 1878). L’édition de 1878 contient aussi une notice biographique, partiellement reproduite dans BRH, XVIII (1912) : 321–333.— Biggar, Early trading companies, 231–242.— Ganong, Crucial maps, I : 109–129.— Hoffman, Cabot to Cartier, 171–179.
Marcel Trudel, « THEVET, ANDRÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/thevet_andre_1F.html.
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Auteur de l'article: | Marcel Trudel |
Titre de l'article: | THEVET, ANDRÉ |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |