TESTARD DE MONTIGNY, CASIMIR-AMABLE (il signait habituellement C.T. de Montigny), négociant, colonisateur et homme politique, né le 2 juin 1787 à Montréal, fils de Louis-Étienne Testard de Montigny, avocat, et de Louise-Archange Gamelin, dit Gaucher, et arrière-petit-fils de Jacques Testard* de Montigny ; il épousa le 9 janvier 1815, à Sainte-Anne-de-Mascouche (La Plaine), Marthe Godon et, en secondes noces, le 30 janvier 1855, à Saint-Jérôme, Marie-Louise Allaire ; décédé à Saint-Jérôme le 10 janvier 1863.

Casimir-Amable Testard de Montigny passa ses années de jeunesse à Montréal, complétant ses études chez les sulpiciens, d’abord au séminaire Notre-Dame durant une année et, ensuite, au petit séminaire, nouvellement construit, de 1806 à 1808. Il semble bien qu’il s’adonna par la suite au commerce des fourrures avec les Indiens du lac des Deux-Montagnes, à partir d’un petit poste de traite situé sur les bords de la rivière du Nord, à quelque 30 milles au nord de Montréal ; il s’y établit en permanence vers 1814, créant ainsi un modeste centre de colonisation. Vers les années 1830, cette petite colonie se déplaça vers le nord sur le site actuel de Saint-Jérôme. Testard de Montigny participa activement à tous les événements qui marquèrent les débuts de Saint-Jérôme, point de départ du grand mouvement de colonisation que dirigera le curé François-Xavier-Antoine Labelle* dans les années 1870.

Il existe peu de documents permettant de retracer tous les jalons de la carrière de Testard de Montigny. Député du comté d’Effigham à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada du 28 août 1824 au 5 juillet 1827, il ne posa aucun geste méritant d’être mentionné dans les annales politiques de cette période. Cependant, quelque dix ans plus tard, son hostilité envers les Patriotes lui causa plus d’un souci. Major de la milice, membre de l’élite locale et ferme partisan du gouvernement, il fut nommé, le 5 avril 1837, commissaire des petites causes pour Saint-Jérôme. Son attitude déplaisait singulièrement à plusieurs de ses concitoyens qui appuyaient les revendications des Patriotes. Testard de Montigny alla jusqu’à tenir chez lui, au début de décembre 1837, une assemblée publique afin de convaincre ses compatriotes de s’abstenir de participer au mouvement de rébellion ; à cette occasion on lut « l’adresse de Magistrats de la Cité de Montréal » qui recommandait le maintien de la paix, le respect de la loi et de l’ordre. Quelques jours plus tard, le 9 décembre, Testard de Montigny dut s’enfuir car des Patriotes avaient décidé de l’arrêter. Il fut toutefois rejoint à quelques milles au nord de Saint-Jérôme. Il offrit aux Patriotes de racheter sa liberté mais ceux-ci exigèrent que Testard de Montigny invitât publiquement les Jérômiens à se joindre à la rébellion. Le commissaire des petites causes refusa cette condition et il fut conduit, prisonnier, au camp de Saint-Eustache. Libéré quelques jours plus tard, il n’en continua pas moins de recevoir les dépositions de témoins dénonçant amis et voisins ayant prononcé publiquement des menaces contre le gouvernement ou pris les armes contre l’armée britannique. Il incrimina lui-même plusieurs de ses concitoyens, dont le docteur Léandre Dumouchel, et, plus particulièrement, ceux qui avaient procédé à son arrestation. Sa prise de position en faveur du gouvernement lui permit de conserver sa charge de commissaire des petites causes durant ces mois de troubles, même si son gendre, le notaire André Bouchard, dit Lavallée, fut arrêté comme patriote le 8 février 1838 et incarcéré à Montréal ; sa commission fut renouvelée le 22 décembre 1838.

La rébellion passée, Testard de Montigny poursuivit ses activités agricoles, commerciales et politiques. En 1846 et en 1847, il se fit concéder dans le canton d’Abercromby plus de 400 acres de terre et, durant deux ans, de 1849 à 1851, il représenta le village de Saint-Jérôme, qui comptait alors 500 âmes, auprès du conseil de la municipalité du comté de Terrebonne. Au cours de ces années, il effectua de nombreuses transactions financières concernant surtout l’achat, la vente ou l’échange de petits lots de terre ou des prêts d’argent. De plus, son nom se retrouve régulièrement, depuis 1820, au bas de pétitions, adressées soit aux autorités civiles, soit aux autorités religieuses, concernant le développement de Saint-Jérôme.

Considéré comme le fondateur de Saint-Jérôme, Casimir-Amable Testard de Montigny cessa toute activité en 1859 ; il céda alors le reste de ses biens – ayant déjà bien pourvu ses autres enfants – à son fils Benjamin-Antoine qui reçut alors trois terres en culture, quatre maisons et trois granges, le contenu de ces bâtiments, ainsi que les dettes actives et passives, créances et hypothèques, possédées par Testard de Montigny. Ce dernier ainsi que sa seconde épouse et les enfants nés de ce mariage vécurent désormais à la charge de Benjamin-Antoine. Testard de Montigny mourut quatre ans plus tard à Saint-Jérôme, le 10 janvier 1863.

Michel Paquin

ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame (Montréal), 3 juin 1787.— ANQ-Q, QBC 9, 27, f.33 ; 28, f.167 ; 29, ff.8, 47, 72, 112 ; QBC 25, Événements de 1837–1838, nos 562, 567, 574s., 636.— Archives judiciaires, Terrebonne (Saint-Jérôme), Greffe d’André Bouchard, dit Lavallée, 1834–1878 ; Greffe de J.-A. Hervieux, 1856–1882 ; Greffe de Melchior Prévost, 1840–1897 ; Greffe de J.-B.-L. Villemure, 1851–1884. L’acte le plus important est conservé dans le greffe de J.-A. Hervieux, 12 nov. 1859, et concerne la donation que Testard de Montigny fit à son fils. Cependant, ce document ne contient pas le détail de la fortune de Testard de Montigny car le notaire devait remettre au donataire l’état général des créances et hypothèques possédées par le donateur ; nous n’avons pas retrouvé cette pièce.  [m. p.] ; Registre d’état civil, Sainte-Anne-de-Mascouche, 9, 30 janv., 7 juin 1815, 28 avril, 28 août 1817, 1er févr. 1821, 18 août 1823, 8 janv., 8 nov. 1824, 10 juin 1826, 5 janv. 1829, 17 oct. 1835 ; Registre d’état civil, Saint-Jérôme, 27 oct. 1838, 25 nov. 1854, 30 mai 1855, 13 juin 1856, 26 janv., 20 juin 1857, 19 juin 1859.— Almanack de Québec [...], 1820, 95.— Ivanhoë Caron, Inventaire des documents relatifs aux événements de 1837 et 1838, conservés aux Archives de la province de Québec, ANQ Rapport, 1925–1926, 176, 179.— Desjardins, Guide parlementaire, 129.— Fauteux, Patriotes, 290.— Langelier, Liste des terrains concédés.— Tanguay, Dictionnaire, VII : 285.— É.-J.[-A.] Auclair, Saint-Jérôme de Terrebonne (Saint-Jérôme, Québec, 1934), passim (L’auteur reproduit dans son ouvrage un portrait de Testard de Montigny ; nous n’avons pu retracer l’original.  [m. p.]).— Olivier Maurault, Le collège de Montréal, 1767–1967, Antonio Dansereau, édit. (2e éd., Montréal, 1967), 150s., 202.— [B.-A.] Testard de Montigny, La colonisation, le nord de Montréal ou la région de Labelle (Montréal, 1895), 46–78.

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Michel Paquin, « TESTARD DE MONTIGNY, CASIMIR-AMABLE (C.T. de Montigny) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/testard_de_montigny_casimir_amable_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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