TERROUX, JACQUES, orfèvre et négociant, né à Genève, fils de François Terroux, circa 1725–1777.

Avant de passer au Canada, Jacques Terroux exerçait, selon ses propres affirmations, le métier d’orfèvre. C’est en 1755 que son nom apparaît pour la première fois dans les documents canadiens. Au mois d’octobre de cette année-là, il fit inscrire chez le notaire Claude Louet de Québec la dissolution d’une entente verbale avec Louis-Alexandre Picard, marchand orfèvre originaire de Paris. Durant les dernières années du régime français, Terroux aurait engagé de nombreux apprentis et aurait fabriqué de la pacotille pour la traite des fourrures, ainsi que quelques objets d’art. Cependant, on n’a rien pu retracer de son œuvre artistique, sauf un calice de style canadien conservé au Palais épiscopal de Baie-Comeau et qui serait de sa main.

En 1758 ou 1759, Terroux passe en Europe, en quête de capitaux. Il se rend à Amsterdam (Pays-Bas) où il forme une société pour le commerce d’Amérique. Au printemps de 1760, il est de retour à Québec et cherche par tous les moyens à s’enrichir rapidement, imitant en cela les marchands britanniques qui s’établissent à Québec et à Montréal. Entre 1760 et 1765, on le voit s’intéresser au commerce avec les Antilles, à la pêche sur la côte nord du Saint-Laurent, au transport maritime, à la spéculation sur les biens fonciers. Il importe des marchandises d’Angleterre et des Antilles et, en retour, il exporte du fer provenant des forges du Saint-Maurice, du poisson et des fourrures. Terroux, de plus, est le créancier de plusieurs personnes, entre autres, des religieuses de l’Hôtel-Dieu et de l’Hôpital Général ainsi que de plusieurs particuliers. Il spécule également sur les « papiers du Canada », achetant à vil prix les billets d’ordonnance, les lettres de change, pour ensuite les revendre à des fournisseurs londoniens, notamment à Francis Rybot. En tout, Terroux réussit à en acquérir pour une valeur de 1 333 681#. On peut supposer qu’il dépassa son crédit chez Rybot puisque ce dernier envoya un chargé d’affaires, John Jennisson, à Québec en 1765 pour liquider les biens de Terroux. Ceux-ci furent vendus par un huissier et une fois les dettes payées il resta 4 680# au négociant québécois. Il se rendit alors à Halifax, Nouvelle-Écosse, où il rencontra Joseph Frederick Wallet DesBarres*, un ami de sir Frederick Haldimand*, ex-gouverneur de Trois-Rivières. Terroux emprunta de l’argent à DesBarres et s’enfuit. Nous perdons sa trace par la suite.

Son testament daté du 18 décembre 1762 stipulait, entre autres, que soient payées 3 000 livres tournois qu’il « reconnais[sait] avoir reçu de Mademoiselle Louise Loubier ». Plus loin, le négociant ordonnait que ce qui resterait de ses biens après sa mort soit réservé « aux enfants né ou à naître entre [lui] et la ditte Demoiselle Loubier à l’efet de leur payer une pension alimentaire les faire instruire faire aprendre metier ou commerce ».

Ce personnage un peu énigmatique, malgré le nombre impressionnant d’affaires qu’il brassa, ne semble pas avoir joué un rôle de premier plan dans l’économie de la Nouvelle-France.

José Igartua

ANQ-MBF, Greffe de L.-C. Maillet, 11 juill. 1777. ANQ-Q, Greffe de Claude Louet, 2 oct. 1755, 17 janv. 1763.— Marcel Hamelin, Jacques Terroux et le commerce entre 1760 et 1765 (thèse de l. ès l. (hist.), université Laval, Québec, 1961).

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José Igartua, « TERROUX, JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/terroux_jacques_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
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Date de consultation:    28 novembre 2024