TENASS, JOHN P., chef micmac, né le 12 septembre 1849 près de Richibucto, Nouveau-Brunswick, fils de Peter Tenass et de Mary Glinn (Green), de la tribu de Richibucto ; en 1869, il épousa Ann Ward (décédée le 20 février 1915), de la bande de Red Bank, et ils eurent au moins trois fils et quatre filles, puis en 1915, Christine Jones, veuve de Lemuel Peter-Paul ; décédé le 24 décembre 1928 à Red Bank, Nouveau-Brunswick.

Les parents de John P. Tenass vivaient dans la région de Richibucto au moment de sa naissance, mais ils se trouvaient dans le comté de Northumberland en 1855, quand leur fils Francis fut baptisé. Au recensement de 1871, le père de John P., avec sa seconde femme et les plus jeunes enfants de son premier mariage, furent inscrits à Burnt Church. En 1881, ils étaient dans la réserve d’Eel Ground, sur la rivière Miramichi nord-ouest, à l’est de Red Bank. Entre-temps, John P. s’était marié et installé à Red Bank. La présence autochtone en ce lieu remonte à environ 2 500 ans.

La bande de Red Bank était une entité reconnue au moins depuis les années 1760. À ce moment-là, des terres situées dans le voisinage de ses campements furent concédées à des immigrants britanniques. La colonisation eut des conséquences éprouvantes pour la population autochtone, mais une vaste réserve fut constituée à Red Bank et, durant de nombreuses années, les résidents eurent passablement d’emprise sur leurs propres affaires. En 1836 cependant, un escroc nommé Barnaby Julian accéda au poste de chef. En défiant les fonctionnaires provinciaux et en dilapidant les ressources de la bande, il réussit à faire mettre celle-ci au ban. Vers 1845, les fonctionnaires cessèrent de traiter avec Julian ou tout autre représentant et choisirent plutôt de considérer les résidents de Red Bank et d’Eel Ground comme des membres d’une même tribu sous l’autorité du chef d’Eel Ground. Après la Confédération, le gouvernement du Canada reconnut aux Amérindiens d’Eel Ground le statut de bande, mais les requêtes adressées par ceux de Red Bank pour l’obtention d’une telle reconnaissance furent rejetées durant près de 30 ans. Pendant cette période, des différends surgirent à propos des terres qui avaient déjà fait partie de la réserve et sur lesquelles des non-Amérindiens habitaient en vertu de faux baux délivrés par Julian. Au début des années 1890, le gouvernement entreprit de vendre ces terres sans l’approbation de la bande. Cette dernière protesta avec tant de force qu’il ne put faire la sourde oreille. Après bien des querelles, le département des Affaires indiennes concéda en 1896 que les Amérindiens de Red Bank formaient bien une bande et étaient habilités à élire leur propre chef. Le vainqueur du premier scrutin, le 24 août 1896, fut John P. Tenass. Tourné vers l’avenir et non pas enclin à ressasser le passé, il obtint toutes les voix exprimées, sauf deux.

À la différence de plusieurs chefs élus à Eel Ground, qui avaient été mêlés à des querelles intestines [V. Thomas Barnaby*], Tenass noua des rapports harmonieux avec les gens qu’il fut appelé à rencontrer, dans la réserve comme à l’extérieur. Les droits de coupe du bois, l’acquisition d’équipement agricole et l’ouverture d’un externat étaient le genre de questions qui préoccupaient cet homme à l’esprit pratique. Il demanda une école pour la première fois en 1897, mais le surintendant de district des Affaires indiennes, William Doherty Carter, s’y opposa en arguant que Red Bank comptait seulement une douzaine d’enfants d’âge scolaire. Tenass remporta la deuxième élection, qui eut lieu en juin 1902, pendant qu’il était parti en « expédition d’arpentage ». Sauf au cours des quelques années consécutives à l’élection de 1905, qu’il perdit par une seule voix, il exerça la fonction de chef jusqu’en 1920. Son fils Mitchell lui succéda. Son rêve d’assurer de l’instruction aux jeunes de sa bande se réalisa en partie en 1914, lorsque des leçons commencèrent à se donner, et tout à fait en 1917, quand fut construite une école à une seule pièce.

Importante figure culturelle à Red Bank, Tenass estimait primordial que la sagesse des anciens et les techniques d’artisanat se transmettent aux générations futures. Lorsque, en 1911, le jeune anthropologue américain Wilson Dallam Wallis entreprit son étude de la culture micmaque, Tenass lui servit d’informateur. Il est d’ailleurs cité comme source de plusieurs des traditions et contes rapportés dans The Micmac Indians of eastern Canada. Décédé en 1928 à Red Bank, il fut inhumé au cimetière de l’église catholique St Thomas.

Mary Jane Tenass, fille de John P. Tenass, et son mari, John Augustine, étaient les parents de Joseph Michael Augustine, qui dans les années 1970 attira l’attention de la communauté des archéologues sur l’importance des sites anciens de Red Bank. À la suite de cette initiative, le Nouveau-Brunswick décerna à ce dernier une distinction prestigieuse, le prix appelé Award for Heritage. En outre, le lieu Oxbow et le tertre funéraire Augustine furent classés sites historiques nationaux.

W. D. Hamilton

Les principaux faits décrits dans le texte qui précède sont mentionnés et documentés dans notre livre intitulé The Julian tribe (Fredericton, 1984). L’ouvrage de P. [M.] Allen, Metepenagiag, New Brunswick’s oldest village ([éd. rév.], Fredericton, 1994) a aussi été consulté. John P. Tenass, principal hôte et guide de Wilson Dallam Wallis à Red Bank, est mentionné comme informateur dans W. D. Wallis et Ruth Sawtell Wallis, The Micmac Indians of eastern Canada (Minneapolis, Minn., 1955), 408s., 475, 479. [w. d. h.]

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W. D. Hamilton, « TENASS, JOHN P. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tenass_john_p_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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