TABEAU, PIERRE-ANTOINE, prêtre catholique et vicaire général, né le 11 octobre 1782 à Montréal, fils de Jean-Baptiste Tabeau, voyageur et capitaine de milice, et de Françoise Prou ; décédé le 18 mai 1835 à Montréal.

Après des études au collège Saint-Raphaël à Montréal, Pierre-Antoine Tabeau reçut la tonsure le 23 septembre 1800, puis poursuivit sa théologie au séminaire de Québec. Ordonné sous-diacre le 30 octobre 1803 et diacre le 14 octobre de l’année suivante, il servit également en qualité de secrétaire de Mgr Joseph-Octave Plessis. Le 13 octobre 1805, il fut ordonné prêtre à Montréal. Le même jour, le vicaire général Jean-Henry-Auguste Roux, à qui le jeune Tabeau avait paru autrefois « un peu dissipé », disait de lui : « ce jeune homme a du talent, de la santé, de la vertu, et il y a lieu de croire qu’il rendra des services à l’Église ».

Tabeau se vit confier diverses responsabilités au cours des ans : vicaire à la cathédrale Notre-Dame de Québec de 1805 à 1810 ; curé de la paroisse Sainte-Anne, à Sainte-Anne-des-Plaines, de 1810 à 1813 ; curé de Saint-Jean-Port-Joli, de septembre 1813 à 1814 ; vicaire de la paroisse Notre-Dame de Québec, d’octobre 1814 à 1815 ; aumônier des religieuses de l’Hôpital Général de Québec et chargé des dessertes de Notre-Dame-des-Anges et de Notre-Dame-de-Foy, à Sainte-Foy, d’octobre 1815 à 1817 ; organiste à la cathédrale pendant ces deux mêmes années ; curé de Sainte-Famille, à Boucherville, de septembre 1817 jusqu’à la fin de septembre 1831. Tabeau était aimé de ses paroissiens malgré sa façon toute militaire de diriger une paroisse. Il avait pour l’éducation un réel souci et, en 1821, il établit une classe de latin qui dura une dizaine d’années.

Au mois de mai 1816, Mgr Plessis chargeait Tabeau d’accompagner le gouverneur d’Assiniboia, Miles Macdonell, pour étudier la possibilité d’établir une mission permanente dans cette région éloignée. Mais à la suite de la bataille de Seven Oaks (Winnipeg) au cours de laquelle le gouverneur des territoires de la Hudson’s Bay Company, Robert Semple*, fut tué, Tabeau décida de ne pas s’aventurer plus à l’ouest que le lac à la Pluie (lac Rainy, Ontario). Dans le rapport qu’il soumit à Plessis en 1818, il disait ne pas recommander l’établissement d’une mission à la Rivière-Rouge tant que durerait le conflit entre la North West Company et la Hudson’s Bay Company [V. William McGillivray]. En avril 1818, l’évêque qui avait quand même pris la décision d’établir deux missions, l’une à la Rivière-Rouge, l’autre qui desservirait Sault-Sainte-Marie et fort William (Thunder Bay), le pressait d’accepter l’une des deux. Tabeau opta pour la seconde qu’il visita périodiquement.

Tabeau avait toujours inspiré une grande confiance à ses supérieurs. Ainsi au printemps de 1829, l’archevêque de Québec, Bernard-Claude Panet, le déléguait à Rome et à Londres en compagnie de l’abbé Thomas Maguire*, directeur du collège de Saint-Hyacinthe. Leur mission comportait plusieurs objectifs dont les principaux étaient d’appuyer la requête au roi du clergé du Bas-Canada, transmise en février 1829 par le gouverneur sir James Kempt* et demandant de laisser les sulpiciens en possession de leurs biens ; obtenir des lettres patentes pour le collège de Saint-Hyacinthe [V. Antoine Girouard] ; soutenir la requête au roi de Mgr Panet et de son coadjuteur, Joseph Signay*, en date du 18 mai 1829, en faveur d’un évêché à Montréal. Mgr Jean-Jacques Lartigue*, auxiliaire de l’archevêque de Québec à Montréal, qui favorisait fortement cette dernière mesure, les avait, pour sa part, constitués ses représentants personnels. Arrivés à Londres le 7 juillet 1829, Tabeau et Maguire n’avaient guère progressé dans leurs démarches au moment de leur départ à l’automne pour Rome, où ils devaient demeurer trois mois. Les mémoires et les pétitions qu’ils présentèrent aux autorités romaines, notamment la supplique au pape du 16 décembre concernant les démêlés de Mgr Lartigue avec le séminaire de Saint-Sulpice [V. Jean-Charles Bédard ; Augustin Chaboillez], donnèrent peu de résultats. Néanmoins, à leur réunion du 1er mars 1830, les cardinaux de la Propagande suspendirent temporairement la permission déjà accordée aux sulpiciens d’aliéner leurs biens seigneuriaux ; cette permission s’avérait nécessaire puisque les biens appartenaient initialement à l’Église [V. Jean-Henry-Auguste Roux].

Revenu à Montréal à l’été de 1830, Tabeau fut nommé vicaire général de l’archevêque de Québec le 27 septembre 1831. Il quittait au même moment Boucherville pour devenir l’adjoint de Lartigue au séminaire Saint-Jacques à Montréal. Mgr Lartigue songeait à en faire éventuellement son successeur et, en novembre 1830, il avait conseillé à Nicholas Patrick Wiseman, agent des évêques canadiens à Rome, de favoriser à la fois la séparation du district de Montréal et la nomination de Tabeau à sa place. En janvier 1832, Mgr Panet suggérait également le nom de Tabeau à Rome pour succéder à Lartigue et, en mai 1834, le nouvel archevêque de Québec, Signay, faisait de même. Le 2 octobre suivant, grâce aux pressions de Maguire de nouveau en mission à Rome, le pape Grégoire xvi approuvait le choix de Tabeau, tout en laissant à Signay le soin de le consacrer au moment opportun.

La nouvelle de sa nomination, en décembre 1834, à titre d’évêque de Spiga et d’auxiliaire de Lartigue, consterna Pierre-Antoine Tabeau. Il refusa d’abord, puis se laissa convaincre par Lartigue. Mais la maladie le guettait et, à la fin de janvier 1835, sa condition commençait à susciter de l’inquiétude. Il fut hospitalisé peu après et son état ne fit qu’empirer. Il reçut les derniers sacrements le 11 mai et mourut le 18 mai avant d’avoir été sacré évêque, au moment où l’ordre du pape pour le contraindre à accepter l’épiscopat, daté du 7 mars 1835, était sur le point d’arriver à Québec. Sa mort constituait pour Lartigue, qui voyait ainsi tous ses plans renversés, une terrible épreuve. Inhumé quelques jours plus tard dans l’église de Boucherville, Tabeau laissait la réputation d’un homme accueillant, d’une grande douceur en dépit de son tempérament vif et prompt, et d’une humilité sincère.

Gilles Chaussé

AAQ, 1 CB.— ACAM, 901.017 ; 901.030.— ANQ-M, CE1-22, 20 mai 1835 ; CE1-51, 11 oct. 1782.— Arch. du diocèse de Saint-Jean-de-Québec (Longueuil), 5A/17–18, 20–23, 25–31, 33–47, 49–50, 52–53, 61–64 ; 6A/136, 141 ; 13A/78.— ASSM, 21 ; 27.— Le Canadien, 24 juill. 1835.— Allaire, Dictionnaire, 1 : 505.— F.-M. Bibaud, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891).— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Denaut », ANQ Rapport, 1931–1932 : 171, 205 ; « Inv. de la corr. de Mgr Panet », 1935–1936 : 198, 221 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », 1927–1928 : 277, 296, 310–311 ; 1932–1933 : 17–18, 103 ; « Inv. de la corr. de Mgr Signay », 1936–1937 : 257.— Desrosiers, « Inv. de la corr. de Mgr Lartigue », ANQ Rapport, 1943–1944 : 224, 288, 299.— Le Jeune, Dictionnaire, 2 : 684–685.— Chaussé, Jean-Jacques Lartigue, 105, 111.— Lemieux, l’Établissement de la première prov. eccl., 102–103, 284–287, 291–297, 367–371.— A.-G. Morice, Histoire de l’Église catholique dans l’Ouest canadien, du lac Supérieur au Pacifique (1659–1905) (3 vol., Winnipeg et Montréal, 1912), 1 : 114–115, 138–139.— É.-Z. Massicotte, « Notes sur la famille Tabeau », BRH, 43 (1937) : 367–370.— Léon Pouliot, « l’Abbé Pierre Tabeau », BRH, 44 (1938) : 198–200.

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Gilles Chaussé, « TABEAU, PIERRE-ANTOINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tabeau_pierre_antoine_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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