SUTHERLAND, PATRICK, officier, circa 1746, décédé vers 1766.

D’abord capitaine du 45e régiment à Gibraltar, Patrick Sutherland débarqua à Louisbourg, île du Cap-Breton, avec ce régiment en 1746. Il commanda un détachement à Pisiquid (Windsor, N.-É.) en 1752. Au printemps de 1753, lorsqu’on entreprit de fonder une colonie à Merligueche (Lunenburg) et d’y transférer les « protestants étrangers » de Halifax, le gouverneur Peregrine Thomas Hopson nomma le capitaine Sutherland commandant en second du lieutenant-colonel Charles Lawrence durant l’établissement du nouveau canton, puis commandant à Lunenburg, lorsque Lawrence retourna à Halifax. Sutherland devint lieutenant-colonel du régiment de la milice de Lunenburg le 10 mai 1753, puis juge de paix et custos rotulorum (juge gardien des registres) du canton de Lunenburg le 26 mai.

II resta en fonction à Lunenburg pendant environ neuf ans, avec de courtes interruptions, s’appliquant à maintenir l’ordre, à assurer la sécurité et à promouvoir le bien-être des colons. Ses premières préoccupations à l’été de 1753 furent d’installer des troupes, composées d’environ 90 réguliers et 70 rangers, de construire des casemates et d’y placer des effectifs. En quelques semaines, on avait construit deux casemates et commencé à ériger une palissade longeant le haut de la péninsule où était bâtie la ville. Les colons prirent bientôt possession des terrains faisant partie de la ville et qu’ils avaient tirés au sort peu avant leur départ de Halifax ; plus tard dans l’année, on aménagea des jardins et des fermes.

Cependant, il y avait du mécontentement chez bon nombre de colons qui se sentaient frustrés d’avoir dû attendre jusqu’à quatre ans à Halifax avant de recevoir leur terre ; ils critiquaient également le coût de leur traversée et la nature des provisions fournies par le gouvernement. Le mécontentement dégénéra en une insurrection armée en décembre 1753 [V. Pettrequin]. Après avoir tenté en vain de persuader les colons de discuter de leurs griefs pacifiquement, Sutherland dut recourir à des troupes de Halifax commandées par Robert Monckton* pour les désarmer.

Durant l’hiver de 1754–1755, les colons qui avaient défriché une grande partie du terrain subirent des pertes considérables causées par une maladie qui sévit parmi les bestiaux. Le capitaine Sutherland demanda au gouvernement de la Nouvelle-Écosse de fournir aux colons du grain de semence pour qu’ils puissent subsister ; on acheta pour eux du blé et de l’avoine. Le taux de mortalité chez les nouveaux-nés devenait plus élevé à mesure qu’augmentait le nombre d’habitants qui s’installaient sur des fermes à quelque distance de la ville. À la suggestion de Sutherland, le conseil proposa en avril 1755 que deux sages-femmes fussent désignées pour aller résider chez les colons.

Le ravitaillement était l’une des principales préoccupations du capitaine Sutherland. Les rations, d’abord prévues pour un an, avaient été renouvelées pour une autre année. Sutherland relatait en juin 1755 que « les plus méritants de la colonie ne pouvaient subsister sans l’aide du gouvernement ». Il ajoutait : « Je vous laisse juger de ma situation, [...] il y a entre quinze et seize cents âmes qui n’ont pas une bouchée de pain, ni un baril de farine à vendre, eussent-ils l’argent pour en acheter ce qu’ils n’ont pas. » Grâce à l’aide de Sutherland, les colons furent approvisionnés suffisamment longtemps pour qu’ils puissent progresser sur leurs terres. Dès l’été de 1756, l’avenir s’annonçait si prometteur que Sutherland organisa dans la ville un marché public hebdomadaire, « pour vendre et acheter toutes sortes de marchandises et de bestiaux ». Comme les fermiers étaient encore « très effrayés » par les Indiens, Sutherland persuada le conseil en juin 1756 d’autoriser la construction de deux nouvelles casemates, l’une sur la rivière La Hève (Lahave) et l’autre entre cette rivière et la baie de Mahone.

Au printemps de 1758, le capitaine Sutherland fut relevé de ses fonctions à Lunenburg pour pouvoir prendre part à l’expédition contre Louisbourg, rétrocédée à la France en 1749. Durant le siège, il commanda un poste au fond de l’anse située au nord-est du port ; il y repoussa un groupe d’Indiens et de Français le 16 juillet et rentra à Lunenburg après la prise de Louisbourg. À la suite de la création du comté de Lunenburg en 1759, il fut nommé juge de paix de la ville et du comté et custos rotulorum le 5 mars 1760. Un mois plus tard, il devenait juge de la nouvelle cour inférieure des plaids communs du comté de Lunenburg.

Au début de 1761, Sutherland était promu major du 77e régiment d’infanterie. Il demeura en Nouvelle-Écosse à la demande du général Jeffery Amherst* et du Conseil de la Nouvelle-Écosse ; on jugeait qu’il pouvait y être utile à l’établissement de nouveaux villages de pionniers. En septembre 1762, il était à la tête d’un bataillon de Halifax qui collabora à la reprise de St John’s, Terre-Neuve, et il commanda les troupes envoyées pour prendre possession de la porte de la ville. Il regagna Halifax à l’automne.

Sutherland se trouvait encore à Halifax en 1763. Il apparaît dans l’annuaire de l’armée pour l’année 1766 comme major à pleine solde. Son nom est absent de celui de 1767 ; une note en date du 20 janvier 1768 ajoutée à la liste des officiers de la milice de Lunenburg atteste qu’il est décédé.

Charles Bruce Fergusson

PANS, MG 1, 249–250 ; RG 1, 38A ; 134 ; 163 ; 164/2, pp. 26, 27 ; 165 ; 342 ; 382 ; 397 ; RG 3, Minutes of Nova Scotia Council, 1753–1763 ; RG 20.— PRO, WO 34/12, 34/13 (microfilm aux APC, MG 12, 1 365).— Army list, 1756 ; 1761 ; 1766 ; 1767.— E. W. H. Fyers, The loss and recapture of St John’s, Newfoundland, in 1762, Journal of the Society for Army Hist. Research (Londres), XI (1932) : 199, 205.— Journal and letters of Colonel Charles Lawrence (« PANS Bull. », 10, Halifax, 1953).— Journal of William Amherst in America, 1758–1760, J. C. Webster, édit. (Frome et Londres, 1927).— The recapture of St Johns, Newfoundland, in 1762 as described in the journal of Lieut-ColWilliam Amherst, commander of the British expeditionary force, J. C. Webster, édit. (s.l., 1928).— Bell, Foreign Protestants.— M. B. DesBrisay, History of the county of Lunenburg (2e éd., Toronto, 1895).— Prowse, History of Nfld.

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Charles Bruce Fergusson, « SUTHERLAND, PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sutherland_patrick_3F.html.

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Année de la publication:    1974
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