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SUREAU (Sureault), dit Blondin, ESTHER (Christine), dite mère Marie-Anne, fondatrice des Sœurs de Sainte-Anne, née à Terrebonne, Bas-Canada, le 18 avril 1809, troisième enfant de Jean-Baptiste Sureau, dit Blondin, cultivateur, et de Marie-Rose Limoges, décédée le 2 janvier 1890 à Lachine, Québec.
Esther Sureau, dit Blondin, n’entra que tardivement à l’école ; pensionnaire en 1831 à la Congrégation de Notre-Dame, récemment établie à Terrebonne, elle fut admise l’année suivante comme postulante, puis devint novice dans la même communauté à Montréal. Rentrée chez les siens à cause de sa faible santé, Esther, qui adopterait désormais le prénom de Christine, en souvenir de son séjour au noviciat, put, une fois rétablie, satisfaire son goût de l’enseignement et accepta en 1833 un poste d’institutrice à Vaudreuil. Acquérant vite une réputation enviable, elle devint directrice de l’école paroissiale que les villageois appelaient communément l’académie Blondin.
Émue par l’ignorance des enfants de la campagne et encouragée par son curé, le grand vicaire Paul-Loup Archambault*, celle qu’on appelait Christine Blondin décida, en 1848, après avoir obtenu la permission de Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, de jeter les bases d’une nouvelle communauté entièrement vouée à l’éducation. En septembre 1850, avec quatre compagnes, elle prononçait ses vœux religieux sous le nom de mère Marie-Anne. Le recrutement de cette nouvelle communauté, identifiée sous différents vocables avant de prendre définitivement le nom de Sœurs de Sainte-Anne, eut un tel succès qu’en 1853 on dut transférer le jeune institut, comptant alors 34 membres, de Vaudreuil à Saint-Jacques-de-l’Achigan (Saint-Jacques). En 1864, la maison mère fut fixée définitivement à Lachine.
Ce qui caractérise la carrière de mère Marie-Anne, c’est qu’en 40 ans de vie religieuse elle n’aura gouverné sa communauté que quatre ans. Une sorte de drame moral s’amorça pour elle dès son arrivée à Saint-Jacques-de-l’Achigan, avec la nomination de l’abbé Louis-Adolphe Maréchal comme chapelain de l’institut. Selon lui, la communauté des Sœurs de Sainte-Anne, qui comptait à peine cinq ans, avait un dur défi à relever en remplaçant des enseignantes réputées, les Religieuses de la Société du Sacré-Cœur de Jésus. L’équipe de mère Marie-Anne fut allègrement secouée par un homme naturellement dominateur qui outrepassa ses prérogatives, selon la supérieure, en s’immisçant dans les règles de la communauté. L’entente étant devenue impossible entre la fondatrice des Sœurs de Sainte-Anne et leur chapelain, il fallait sacrifier l’une ou l’autre afin d’éviter de profondes divisions à l’intérieur de la communauté. En août 1854, Mgr Bourget choisit de déposer mère Marie-Anne et de nommer un nouveau conseil. Nommée supérieure du couvent de Sainte-Geneviève (Pierrefonds) qu’elle avait fondé en 1851, elle s’y rendit dès le début de novembre. Désormais, mère Marie-Anne sera tenue éloignée du gouvernement de la communauté. En 1864, elle suivra les religieuses qui iront s’installer dans la nouvelle maison mère de Lachine, mais ses nominations de conseillère locale, d’assistante locale et de conseillère générale ne seront que des titres ; en fait, la fondatrice des Sœurs de Sainte-Anne sera confinée aux tâches les plus humbles.
La force d’âme d’Esther Blondin se manifesta par une docilité exemplaire vis-à-vis de son évêque, par le pardon qu’elle accorda de façon non équivoque à l’abbé Maréchal et à celles de ses filles qui semblaient oublier le passé. D’autres se chargeraient d’exalter une fondatrice méconnue. Mais la « remontée » serait lente. Morte octogénaire, le 2 janvier 1890, mère Marie-Anne fut jusqu’à la fin un témoin discret et serein des développements de son œuvre. Plusieurs centaines de ses filles travaillaient déjà, en 1890, dans 42 établissements dispersés en Amérique du Nord.
É.-J.[-A.] Auclair, Histoire des Sœurs de Sainte-Anne ; les premiers cinquante ans, 1850–1900 (Montréal, 1922).— Frédéric Langevin, Mère Marie-Anne, fondatrice de l’Institut des Sœurs de Sainte-Anne, 1809–1890 ; esquisse biographique (2e éd., Montréal. 1937).— Sœur Marie-Jean de Pathmos [Laura Jean], Les Sœurs de Sainte-Anne ; un siècle d’histoire (1 vol. paru, Lachine, Québec, 1950– ).— Eugène Nadeau, Martyre du silence ; mère Marie-Anne, fondatrice des Sœurs de Sainte-Anne (1809–1890) (Montréal et Lachine, [1956]).
Eugène Nadeau, « SUREAU (Sureault), dit Blondin, ESTHER (Christine), dite mère Marie-Anne », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sureau_esther_11F.html.
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Auteur de l'article: | Eugène Nadeau |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |