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STIMSON, FREDERICK SMITH, fermier et éleveur, né le 27 novembre 1842 à Compton, Bas-Canada, dernier fils d’Arba Stimson et de Mary Greely Smith ; le 27 juin 1866, il épousa à cet endroit sa cousine germaine Mary Greely Smith, et ils eurent un fils ; décédé le 15 janvier 1912 à Montréal.
À la fois marchand, fermier et prêteur à Compton, Arba Stimson était un homme à l’aise. À sa mort en 1863, il laissa une succession d’environ 100 000 $. Frederick Smith Stimson hérita du quart de cette somme et prit en main les fermes familiales. Dès 1871, il était l’un des plus gros agriculteurs du district : il possédait 1 000 acres de terre, 124 têtes de bétail et 23 chevaux. De plus, il achetait et vendait des terres, prêtait de l’argent et était capitaine de la Compton Volunteer Militia Troop of Cavalry.
En 1881, à l’âge de 39 ans, Stimson décida de se faire éleveur. Pour les fermiers anglophones des Cantons-de-l’Est, les années 1870 avaient été une période de stagnation. En même temps, la demande croissante de bovins en Grande-Bretagne et l’essor de l’élevage aux États-Unis offraient des possibilités aux éleveurs dotés de capitaux. Au Canada, l’élevage à faible échelle commença sur les contreforts des Rocheuses au cours de cette décennie. Ainsi, le beau-frère de Stimson, William Winder, garda du bétail à proximité du (fort Macleod, Alberta) avant de quitter la Police à cheval du Nord-Ouest en 1881 pour se consacrer entièrement à son ranch. La même année, en vue de régir cette activité économique, de faire en sorte que la région produise de la viande de bœuf et d’encourager les investissements massifs, le gouvernement fédéral lança un programme en vertu duquel les éleveurs pouvaient affermer de vastes terres pour y faire brouter leurs bêtes. Le sénateur Matthew Henry Cochrane*, grand éleveur et voisin de Stimson dans le canton de Compton, fut l’un des principaux artisans de ce programme et investit beaucoup dans l’élevage.
En juin 1881, avec les Montréalais sir Hugh* et Andrew* Allan, Stimson entreprit des démarches pour faire constituer juridiquement la North-West Cattle Company. Le capital autorisé de l’entreprise était de 150 000 $ ; les Allan détenaient 59 % de la première émission d’actions et Andrew Allan devint président. Détenteur de 19 % des actions, Stimson assuma la fonction de directeur en résidence et partit pour l’Ouest en 1881 afin de choisir un pâturage. La compagnie reçut sa charte en mars 1882. La même année, Stimson acheta plus de 3 000 bêtes dans l’Idaho et les fit conduire jusqu’aux terres affermées par la compagnie à l’ouest de High River (Alberta). Spécialiste de l’élevage, Stimson n’était pourtant pas cow-boy. Il engagea donc des bouviers américains chevronnés, dont George Lane* et John Ware*, pour prendre soin du troupeau. Lui-même s’occupait de la direction générale, des ventes et des achats ainsi que des relations avec les fonctionnaires locaux et la haute direction de l’entreprise. Il occupa aussi des postes publics – celui de gardien territorial de la faune à compter de 1884 et de juge de paix à partir de 1885. Au début de la rébellion du Nord-Ouest, il leva une compagnie d’éclaireurs, les Stimson’s Rangers, afin de patrouiller les monts Porcupine.
Le ranch de Stimson, situé autour du ruisseau Pekisko et appelé Bar U à cause de la marque appliquée sur le bétail, évita les erreurs de certains autres grands ranchs. Ainsi, le Cochrane Ranche perdit au moins 3 000 bêtes au cours de l’hiver de 1882–1883 à la fois parce qu’il laissa son troupeau paître trop tard dans la saison et parce que, conformément aux ordres de ses propriétaires – des gens de l’Est –, les animaux furent gardés sur le pâturage affermé plutôt que conduits dans des endroits où le fourrage était plus riche. Par comparaison, le Bar U, qui rentra ses bêtes un mois plus tôt que le ranch de Cochrane et les laissa divaguer avant les tempêtes hivernales, subit peu de pertes.
Dès 1884, le Bar U vendait du bœuf au département des Affaires indiennes, à la Police à cheval du Nord-Ouest et aux entrepreneurs de chemins de fer. Une fois le chemin de fer canadien du Pacifique terminé, il put en vendre aussi en Colombie-Britannique et au Manitoba. En 1887, le Bar U et le Cochrane Ranche firent œuvre de pionniers en expédiant des bovins sur le lucratif marché britannique. Trois ans plus tôt, là North-West Cattle Company avait porté son capital autorisé à 300 000 $. En 1886, elle fusionna avec un ranch voisin, le Mount Head, dont elle acquit le bétail et le pâturage loué, d’une superficie de 44 000 acres. À ce moment-là, les livres de la compagnie affichaient un bénéfice de 133 204,25 $. En 1890, le Bar U, aujourd’hui un site historique national, figurait parmi les plus grands ranchs du Canada : il louait 157 960 acres et son troupeau comptait 10 382 bêtes.
Le programme gouvernemental d’affermage de pâturages favorisait les grands ranchs et son application privilégiait les gens qui avaient des relations à Ottawa. Les petits éleveurs et agriculteurs installés au pays avant son entrée en vigueur étaient très contrariés, car ils n’avaient pas le droit de s’établir sur ces terres. À mesure que le peuplement s’intensifiait, les revendications en faveur de l’abolition du système se multiplièrent. En tant qu’administrateur de l’un des plus vastes pâturages loués, Stimson résista à ces griefs. De 1883 à 1886, il fut vice-président du groupe de pression des éleveurs, la South-Western Stock Association, puis en 1892–1893, vice-président d’un groupe semblable, le Stockmen’s Committee. Il contribua au financement du Calgary Herald and Alberta Livestock Journal, lancé en 1888 pour contrer les éditoriaux favorables au peuplement publiés par le Macleod Gazette and Alberta Live Stock Record de Fort Macleod. Comme la plupart des locataires de pâturages, Stimson soutenait les conservateurs. En 1895–1896, il fut président de la Calgary District Conservative Association ; les libéraux l’accusaient d’avoir déclaré, pendant la campagne électorale de 1896, qu’« il congédierait tous ses employés qui ne voteraient pas du bon côté ».
Cependant, la vague de peuplement allait contre les locataires de pâturages. En 1892, ces derniers consentirent à renoncer à leurs baux en échange du droit d’acheter jusqu’à 10 % de la superficie qu’ils louaient et, dans certains cas, de négocier des baux limités. En outre, le gouvernement accepta d’interdire le peuplement sur les points d’eau essentiels à l’élevage. Ainsi, l’exploitation des grands ranchs put se poursuivre avec succès jusqu’au début du xxe siècle. Sur les instances de Stimson, le Bar U acheta environ 18 000 acres de son pâturage loué. Le ranch dut réduire ses activités, mais il avait encore plus de 3 000 bovins et 500 chevaux en 1902. Andrew Allan était décédé l’année précédente et, en 1902, la famille Allan accepta, de la part de George Lane et d’une entreprise d’emballage de viandes sise à Winnipeg, la Gordon, Ironside, and Fares [V. Robert Ironside*], une offre de 220 000 $ pour le Bar U. Stimson, qui n’avait pas été consulté au sujet de la vente, jugea que le ranch avait été sous-évalué. Il intenta des poursuites pour empêcher la liquidation de la compagnie, mais en vain.
En 1902, Stimson se rendit à Cuba pour explorer des possibilités d’investissement à la fois pour lui-même et pour sir William Cornelius Van Horne. Installé au Mexique trois ans plus tard, il exploita une grande ferme laitière près de Mexico et agit comme représentant pour des investisseurs étrangers. Sa santé l’obligea à rentrer au Canada en décembre 1911. Il mourut le mois suivant à la suite d’une intervention chirurgicale au Montreal General Hospital et fut inhumé au cimetière anglican de Compton.
Frederick Smith Stimson prit part à l’expansion de l’élevage. En plus, il incarnait l’esprit des ranchs. Un peu excentrique, réputé pour son humour et ses talents de conteur, il était sociable et hospitalier (il figura en 1891 parmi les membres fondateurs du fameux Ranchmen’s Club, lieu de rencontre des éleveurs en visite à Calgary). Dans le monde des ranchs, ces qualités étaient aussi prisées que le sens des affaires et les compétences administratives.
AC, Montréal, Cour supérieure, Déclarations de sociétés, 23 mai 1902, no 46 (North West Cattle Company).— AN, RG 15, DII, 1, 698, dossiers 345364-1–2 ; DV 1, 1209, dossier 142709-1 ; 1211, dossier 145330-3 ; 1218, dossier 175296 ; 1220, dossier 192192 ; RG 95, Ace. 1990–91/183, vol. 2571, 2616.— ANQ-E, CE1-36, 23 nov. 1843.— Arch, du Canadien Pacifique (Montréal), Van Horne corr., 68 : Stimson à Van Horne, 27 déc. 1907 ; Van Horne letter-books, 53 : Van Horne à Stimson, 13 avril 1902 ; Van Horne à Jekyll, 13 avril 1902 (mfm aux AN, MG 29, A60).— Mont. Hist. Soc. (Helena), T. C. Power papers, 166, file 6 ; 167, file 4.— PAA, Homestead files, 173491.— Calgary Herald, 5 févr. 1902.— Gazette (Montréal), 16 janv. 1912.— Edward Brado, Cattle kingdom : early ranching in Alberta (Vancouver et Toronto, 1984).— D. H. Breen, The Canadian prairie west and the ranching frontier, 1874–1924 (Toronto, 1983).— Dominion annual reg., 1884–1885.— Alex Johnston, Cowboy politics : the Western Stock Growers’ Association and its predecessors (Calgary, 1971).— Leaves from the medicine tree [...] (Lethbridge, Alberta, 1960).— D. [McN.] McEachran, Notes of a trip to Bow River, North-West Territories (Montréal, 1881).— Norman Rankin, « The boss of the Bar U », Canada Monthly (London, Ontario), 9 (1910–1911) : 323–333.— J. P. Turner, The North-West Mounted Police, 1873–1893 [...] (2 vol., Ottawa, 1950), 2 : 229.
Alan B. McCullough, « STIMSON, FREDERICK SMITH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stimson_frederick_smith_14F.html.
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Auteur de l'article: | Alan B. McCullough |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |