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STATES, WELLINGTON NEY, ministre baptiste, né le 1er octobre 1874 à Wolfville, Nouvelle-Écosse, fils de Joab States et de Mary Eliza McCulla ; le 4 décembre 1907, il épousa à Avonport, Nouvelle-Écosse, Muriel Viola States, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 3 mai 1927 à Dartmouth, Nouvelle-Écosse.
L’ancêtre paternel de Wellington Ney States était un Afro-Américain libre qui avait fui New York et s’était réfugié en 1783 à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, puis s’était installé à Parrsboro en Nouvelle-Écosse, où se trouvait une forte population d’esclaves noirs. Les séduisants prénoms de States suggèrent que son arrière-grand-père McCulla avait peut-être fait partie des quelques vétérans de Waterloo qui se fixèrent en Nouvelle-Écosse à l’issue des guerres napoléoniennes en 1815. Dernier-né d’un mariage interracial, States perdit sa mère (anglicane) en 1880 et son père (baptiste) en 1887. Selon la tradition familiale, ses grands-parents maternels, de race blanche, qui le recueillirent après la mort de son père, le maltraitaient. L’année suivante, à l’âge de 14 ans, il s’enfuit en prenant la mer.
En 1891, States étudiait à la Horton Academy de Wolfville, l’école préparatoire de l’Acadia University. Au sortir de l’académie en 1895, il obtint une place de factotum auprès du ministre de l’église baptiste d’Annapolis Royal, Gilbert James Coulter White, qui le baptisa et devint son mentor. En 1897, il retourna à la Horton Academy, peut-être en vue de passer les examens d’entrée de l’université. Finalement, il se rendit à Halifax, où il se mit à fréquenter l’église baptiste African de la rue Cornwallis et fit la connaissance de l’avocat James Robinson Johnston*. Ils seraient des amis intimes jusqu’à l’assassinat de Johnston en 1915.
En 1898, States reçut, de l’African Baptist Association, l’autorisation de prêcher. Son intention était d’abord d’œuvrer dans les missions étrangères, mais comme elles étaient réservées aux Blancs, il fut plutôt affecté à des missions de l’intérieur, des congrégations de l’African Baptist Association qui n’avaient pas de ministre, soit celles de Granville Ferry et d’Inglewood (près de Bridgetown), dans le comté d’Annapolis. Puis, en avril 1899, il prit de son propre chef une décision audacieuse qui le placerait dans une position unique : il devint le premier prédicateur noir à être ordonné au sein de la Baptist Convention of the Maritime Provinces. Durant les 28 ans de sa carrière, il ne serait pas un ministre baptiste African, mais un ministre de la convention baptiste qui se trouvait être de race noire et qui ne desservait donc que des congrégations noires.
À son assemblée annuelle de 1899, l’African Baptist Association ne manqua pas d’adopter une motion de blâme contre l’ordination « irrégulière » de States, mais les doutes que l’on pouvait conserver à son endroit s’évanouirent bientôt, car il avait des qualités remarquables. Intelligent, il s’exprimait bien, avait une belle prestance, possédait une meilleure éducation que la plupart des ministres baptistes noirs néo-écossais et (comme l’a dit l’historien Robin W. Winks) il était « outrageusement beau ». Survenues en août 1902, son élection au poste de modérateur et sa nomination de missionnaire itinérant, ou « évangéliste », à l’African Baptist Association raffermirent sa position. Il continuerait de se déplacer après avoir été affecté à la première de ses deux principales charges à un endroit fixe, la congrégation Second Baptist de New Glasgow, en 1906. À peine installé dans cette congrégation, il la fit adhérer à la Nova Scotia Eastern Association de la United Baptist Convention of the Maritime Provinces. Durant ses 13 années à New Glasgow, il vécut entre deux mondes. New Glasgow était la seule localité du cœur industriel du comté de Pictou où les Noirs étaient autorisés à résider.
À l’instar de Peter Evander McKerrow*, qui fut longtemps secrétaire de l’African Baptist Association, States était un partisan de l’intégration raciale, non de la ségrégation. L’Eastern Association était la seule section de la convention à pratiquer l’intégration. On aurait tort d’en conclure que les races se côtoyaient dans les églises locales. Ainsi, l’église Second Baptist avait été créée en 1903 parce que les fidèles de race noire n’étaient pas les bienvenus à l’église First Baptist. Bien que seule une minorité de Noirs aient partagé les opinions de States, la congrégation Second Baptist s’affilia à l’African Baptist Association seulement après son départ en 1919. À ce moment-là, la congrégation appartenait à la Northern Association de la convention, car l’Eastern Association s’était subdivisée en 1915.
Grâce à son amitié avec James Robinson Johnston, qui succéda à McKerrow au poste de secrétaire de l’African Baptist Association, States grimpa vite jusqu’au sommet de l’association, même s’il était un ministre ordonné au sein de la convention. Il exerça la fonction de modérateur pendant trois mandats, soit en 1902–1903, en 1914–1915 et en 1923–1924. À la suite de la mort de Johnston, qui dévasta la communauté noire, dont il était le principal leader, et qui survint pendant le deuxième mandat de States, un triumvirat se mit en place, et ce furent ces trois hommes – States, le révérend William Andrew White* et James Alexander Ross Kinney*, successeur de Johnston au secrétariat – qui guidèrent la communauté noire de la Nouvelle-Écosse pendant l’entre-deux-guerres. Ironie du sort, si le meurtre de Johnston accéléra la descente « au nadir » (pour reprendre l’expression de Winks à propos de cette période), States, lui, connut son apogée à la soixante-cinquième assemblée annuelle de l’African Baptist Association à Halifax en septembre 1918. Inaugurée par le lieutenant-gouverneur, l’assemblée, au moyen d’une proposition appuyée par States, résolut de demander que l’association soit légalement constituée (elle le fut en 1919 sous le nom d’African United Baptist Association) et States fut nommé vice-modérateur. Au cours de l’assemblée, ce dernier signala la formation d’une union dont le but était de « regrouper les ministres et les aspirants à un pastorat pour accroître l’efficacité de leurs efforts sur le plan moral, social et spirituel ». Il fut le premier à en être élu président.
En 1917, States devait se rendre outre-mer en qualité d’aumônier d’une unité du Corps expéditionnaire canadien, le No. 2 Construction Battalion (Black Battalion), mais une forme bénigne de tuberculose l’en avait empêché. La déception avait été cruelle pour lui, car son rival et ami William Alexander White y était allé à sa place. En 1919, comme la congrégation Second Baptist de New Glasgow ne pouvait lui verser son salaire, States la quitta pour l’église Victoria Road de Dartmouth. Cette autre vénérable congrégation de l’African United Baptist Association, pauvre elle aussi, fut sa dernière affectation. Dès avant 1926, « la maladie, selon les mots de White, l’avait mis à l’écart, peut-être en permanence ». Au printemps de 1927, dans le courant de sa cinquante-troisième année, il succomba à une pneumonie. Sa veuve Muriel Viola States, que la famille et les amis appelaient Myrtle et qui fut durant 30 ans l’organisatrice des dames auxiliaires de l’African United Baptist Association, lui survécut 57 ans.
Wellington Ney States fut le plus illustre de tous les ministres du culte néo-écossais de sa race et de sa génération. Bâtisseur d’églises (il était charpentier), il fut aussi l’un des bâtisseurs de la communauté baptiste d’origine africaine. À titre de missionnaire itinérant, de pasteur suppléant, de ministre affecté à un endroit fixe ainsi que d’administrateur et de membre à vie de l’African United Baptist Association, il servit cette organisation non seulement en y prenant bon nombre d’initiatives, mais aussi en exerçant son ministère dans presque toutes les congrégations qui la constituaient. Pourtant, la période la plus longue et la plus productive de sa carrière se passa au sein d’une congrégation nouvellement établie qu’il tint délibérément à l’écart de l’African United Baptist Association. Pour States, la congrégation était baptiste avant d’être noire, et une association de congrégations reposant sur des bases ethniques n’était pas nécessairement le meilleur moyen de répondre aux besoins de la communauté noire et de défendre ses intérêts. States s’efforça de poursuivre l’œuvre de son ami Johnston, surtout en donnant suite à un projet d’institut éducatif qui, après le décès de Johnston, se concrétisa sous le nom de Nova Scotia Home for Colored Children. Le véritable successeur de States, né lui aussi à Wolfville, fut le révérend William Pearly Oliver*, qui devint en 1960 le premier ministre de l’African United Baptist Association à être élu président de la convention de race blanche.
Wellington Ney States a compilé Hymns sung at the services of Rev. W. N. States, evangelist of the African Baptist Association of Nova Scotia, 1903 (Halifax, 1903 ; réimprimé sous le titre « Hymns sung at the services (1903) » dans le vol.1 de Fire on the water, cité plus bas, 92–96). States n’a jamais terminé la rédaction de l’histoire officielle de l’African Baptist Association, qui lui avait été commandée en 1917, et personne d’autre n’a écrit cette histoire. Les quelques papiers qui subsistent de States, dont son précieux recueil de citations, sont conservés par sa petite-fille, Sherrolyn M. Riley ; l’article qui précède est basé sur ces papiers. Parmi les sources secondaires, l’étude de M. L. Knight, « Wellington Ney States, 1877–1927 : life and work with the African United Baptist churches » (mémoire de m.éd., St Mary’s Univ., Halifax, 1983) est la seule exhaustive. Nous remercions le démographe historien David W. States de son aide pour reconstituer la branche généalogique du révérend States. [ b. c.]
Baptist Hist. Coll., Acadia Univ. (Wolfville, N.-É.), Horton Collegiate Academy, student records, 1879–1910.— « The life of Rev. W. N. States », Clarion (New Glasgow, N.-É.), 6 sept. 1947.— African Baptist Assoc. of N.S., Minutes (Halifax), 1898–1929.— Fannie Allison et al, Traditional lifetime stories : a collection of black memories (2 vol., Dartmouth, N.-É., 1987–1990).— The Baptist year book of the Maritime provinces of Canada [...] (Halifax, etc.), 1898–1905.— Fire on the water : an anthology of black Nova Scotian writing, G. E. Clarke, édit. (2 vol., Porter’s Lake, N.-É., 1991–1992).— A. P. Oliver, A brief history of the colored Baptists of Nova Scotia, 1782–1953 ([Halifax, 1953]).— Donald Thomas, These fifty years with the Second United Baptist Church (New Glasgow, 1953).— United Baptist year book (Saint-Jean), 1906–1929.— R. W. Winks, The blacks in Canada : a history (2e éd., Montréal et Kingston, Ontario, 1997).
Barry Cahill, « STATES, WELLINGTON NEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/states_wellington_ney_15F.html.
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Auteur de l'article: | Barry Cahill |
Titre de l'article: | STATES, WELLINGTON NEY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |