SOUSTE, ANDRÉ, fabricant de bas, marchand, notaire royal, baptisé dans la paroisse Saint-Léger à Chambéry, Savoie, le 4 avril 1692, fils de Jean-Marie Souste, marchand, et de Marguerite Vulliermet ; il épousa à Montréal, le 28 novembre 1720, Marie-Louise, fille de Denis d’Estienne* Du Bourgué de Clérin ; décédé à Montréal le 12 février 1776.

Ouvrier, fabricant de bas de soie et de laine en France, André Souste vient au Canada à la fin de l’été 1719, engagé par le fondateur des Frères hospitaliers de la Croix et de Saint-Joseph, François Charon* de La Barre. Avec un compagnon, François Darles, il doit établir une manufacture de bas à l’Hôpital Général de Montréal. Le décès de Charon les oblige à signer un nouveau contrat d’association, le 13 décembre suivant, avec Louis Turc* de Castelveyre, nommé supérieur de la communauté. Les difficultés pour faire observer ce contrat ainsi que les obligations accrues des deux associés envers les hospitaliers amènent André Souste à se désintéresser peu à peu de son travail. Les querelles entre les deux ouvriers obligent l’intendant Michel Bégon* à intervenir et, le 9 juillet 1721, il ordonne que François Darles reste seul en charge de la manufacture. Souste proteste d’abord contre cette décision mais l’accepte finalement, le 8 mai 1722. Il cesse alors tout rapport avec son associé qui, déclare-t-il, lui est devenu antipathique.

Désormais, Souste se destinera au commerce à Montréal. Les affaires semblent bonnes puisque en juillet 1725 il se fait construire une maison de pierres de 50 pieds de long sur 24 de large, rue Saint-Pierre, et qu’au mois de novembre il engage un serviteur au salaire annuel de 130# en plus du gîte et de la nourriture. Il fait ainsi le commerce au détail de tissus et vêtements jusque vers 1740. Grâce à l’influence de son beau-frère, Louis-Claude Danré* de Blanzy, les jésuites le nomment alors notaire de leur seigneurie de Prairie-de-la-Madeleine (La Prairie). En 1745, il est nommé notaire royal de la seigneurie de Longueuil à la suite du décès de Guillaume Barette. Il reçoit sa commission de l’intendant Hocquart pour exercer « depuis et compris la seigneurie de Longueuil en remontant jusques aux habitations des côtes du sud du gouvernement de Montréal ». Le 12 mars 1749, l’intendant Bigot lui permet d’exercer dans toutes les côtes du nord et du sud du gouvernement de Montréal indistinctement puis, le 2 août 1750, sa juridiction est étendue à la ville même. Enfin, à la Conquête, Gage renouvelle sa commission lui permettant ainsi d’exercer ses fonctions dans la ville et l’ensemble du gouvernement de Montréal pendant encore neuf ans. Durant sa carrière comme notaire, Souste rédige près de 1200 actes dont plus de la moitié entre 1750 et 1759. Il s’agit surtout de contrats de vente, d’actes de concession de terre et de contrats de mariage, types d’actes que dressait traditionnellement un notaire de l’Ancien Régime.

À la fin de sa vie active, André Souste, devenu un homme aisé, possède, en plus de sa maison de la rue Saint-Pierre, une ferme d’un arpent et demi de front sur 20 de profondeur à la côte Saint-Laurent, près de Montréal. Son mariage, qui l’unit à une famille en vue de la colonie, n’est sans doute pas étranger au succès de cet homme qui, d’ouvrier spécialisé, parvient à se hisser au sein du monde judiciaire de la colonie.

André Lachance

Le greffe d’André Souste, 28 mars 1745 au 5 févr. 1769, est déposé aux ANQ-M.

AD, Savoie (Chambéry), État civil, Saint-Léger, 4 avril 1692.— ANQ-M, Doc. jud., Pièces détachées, 21 mars 1720 ; Registres des audiences pour la juridiction de Montréal, 9, ff.132, 138v. ; État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 28 nov. 1720, 30 oct. 1758, 13 févr. 1776, 1er mai 1780 ; Greffe de J.-B. Adhémar, 5 juill., 21 nov. 1725 ; Greffe de F.-M. Lepallieur de Laferté, 28 mars 1737 ; Greffe de Michel Lepallieur de Laferté, 27 nov. 1720, 9, 27 juin 1725 ; Greffe de Pierre Panet, 28 oct. 1758, 20 févr. 1761.— ANQ-Q, NF 2, 7, 25 juin 1720, 9 juill. 1721 ; 8, 24 sept. 1722.— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, Dossier André Souste.— APC Rapport, 1918, app. B, 24s.— Recensement de Montréal, 1741 (Massicotte), 54.— É.-Z. Massicotte, Inventaire des documents et des imprimés concernant la communauté des frères Charon et l’Hôpital Général de Montréal sous le Régime français, ANQ Rapport, 1923–1924, 179 ; Les tribunaux et les officiers de justice, à Montréal, sous le Régime français, 1648–1760, SRC Mémoires, 3e sér., X (1916), sect. i : 298.— Les notaires au Canada sous le Régime français, ANQ Rapport, 1921–1922, 49.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, II : 3, 35 ; III : 82 ; IV : 280 ; Inv. ord. int., I : 183, 204, 229s. ; II : 99, 106, 170s. ; III : 77, 121.— P.-G. Roy et al., Inv. greffes not., XV : 71 ; XXIV : 1–161 ; XXV : 15, 65, 123, 132, 182, 191, 193.— Tanguay, Dictionnaire, VII : 208.— Vachon, Inv. critique des notaires royaux, RHAF, XI : 102.— J.-E. Roy, Hist. du notariat, I : 214.— J.-J. Lefebvre, Les premiers notaires de Montréal sous le Régime anglais, 1760–1800, La Revue du notariat (Québec), 45 (1942–1943) : 297–299.

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André Lachance, « SOUSTE, ANDRÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/souste_andre_4F.html.

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Auteur de l'article:    André Lachance
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    1 décembre 2024