SMYTHE (Smyth), sir HERVEY, officier et peintre topographe, né le 30 mai 1734 à Ampton, Angleterre, fils de sir Robert Smythe et de lady Louisa Carolina Isabelle Hervey, fille de John Hervey, 1er comte de Bristol ; décédé célibataire le 25 septembre 1811 à Elmswell, comté de Suffolk, Angleterre, et inhumé à West Ham (maintenant partie de Londres).
Hervey Smythe fut page du roi George II avant d’être admis dans les Royal Horse Guards, à titre de cornette, à l’âge de 19 ans. Le 8 novembre 1756, au début de la guerre de Sept Ans, il fut fait capitaine dans le 15e d’infanterie, et, en 1758, il participa à l’expédition contre Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton) ; il y fut blessé légèrement. Il s’acquit l’admiration du général de brigade James Wolfe*, qui écrivit au lieutenant général lord George Sackville, le 30 juillet : « le petit Smith [...] est un homme tout à fait infatigable, actif et plein d’ardeur, et a de justes droits à votre faveur et à votre amitié ».
Le 4 mai 1759, Wolfe nomma Smythe au nombre de ses aides de camp pour la campagne de Québec. L’armée britannique arriva à l’île d’Orléans le 27 juin,’ et le siège de Québec commença. Le 22 juillet, Wolfe envoya Smythe à Québec, avec le drapeau blanc, pour escorter un grand nombre de femmes faites prisonnières le jour précédent par le lieutenant-colonel Guy Carleton, au cours d’une attaque contre Pointe-aux-Trembles (Neuville). Par courtoisie, Wolfe avait reçu à sa table, le soir du 21, quelques-unes de ces femmes qui appartenaient à des familles distinguées ; aussi fut-il choqué que son aide de camp ait été rudement accueilli par la population assiégée de Québec et il protesta auprès du lieutenant général Louis-Joseph de Montcalm* contre le traitement infligé à Smythe. Neuf jours plus tard, ce dernier participait à la désastreuse attaque de la chute Montmorency ; le 13 septembre, il était gravement blessé à la bataille des plaines d’Abraham, au cours de laquelle Wolfe lui-même périt. Dans son testament, Wolfe avait laissé à Smythe et à plusieurs autres officiers 100 guinées chacun « pour qu’ils s’achètent des épées et des bagues en souvenir de leur ami ».
À cause de sa blessure, probablement, Smythe rentra immédiatement en Angleterre. Il apporta avec lui un certain nombre de croquis qu’il avait faits de divers endroits du golfe du Saint-Laurent et des batailles livrées au cours du siège de Québec ; il fut, avec Richard Short* et Thomas Davies, l’un des premiers artistes militaires à reproduire des scènes et des paysages canadiens. Le dessin de l’attaque de Québec que fit Smythe, gravé et publié à Londres vers 1760, connut la popularité à l’époque. Il est censé avoir dessiné un portrait de profil de Wolfe, peu après la mort de celui-ci, et, à Londres, il peignit d’autres profils du même personnage qui furent reproduits, sous forme de petites gravures en mezzo-tinto, par le graveur bien connu Charles Spooner. Mais on se souvient surtout de Smythe pour ses Six elegant views of the most remarkable places in the river and gulph of St Lawrence, gravées par divers artistes et publiées à Londres par Thomas Jefferys en 1760, avec une dédicace à William Pitt, secrétaire d’État, au Département du Sud. Plusieurs de ces sujets furent par la suite traités à l’huile, peut-être par un peintre anglais de marines, Francis Swaine, contemporain de Smythe.
Hervey Smythe fut fait capitaine du 2nd Dragoon Guards le 13 janvier 1760 et lieutenant-colonel honoraire le 26 novembre 1762. L’année suivante, il devint capitaine dans le 3rd Foot Guards. Mais la blessure subie à la bataille des plaines d’Abraham avait ébranlé sa santé, et il prit sa retraite le 12 mai 1769. En 1783, il succéda à son père comme baronnet ; puis, après avoir passé le reste de sa vie dans de continuelles souffrances, il mourut en septembre 1811 dans sa ferme d’Elmswell.
Les Six elegant views of the most remarkable places in the river and gulph of St Lawrence de Hervey Smythe ont été reproduites dans Scenographia Americana ; recueil de vues de l’Amérique septentrionale et des Indes occidentales [...] (Londres, 1768). Un profil de Wolfe, dessiné peu après la mort du général, fut attribué à Smythe, mais John F. Kerslake, dans « The likeness of Wolfe », Wolfe : portraiture & genealogy (Westerham, Angl., 1959), 42, souligne que ce fait n’a pas été établi hors de tout doute. Un calque de ce dessin se trouve à la National Portrait Gallery, Londres. On attribue à Francis Swaine des toiles peintes à partir des paysages du fleuve et du golfe du Saint-Laurent dessinés par Smythe. Deux de ces toiles se trouvent au Royal Ontario Museum, Toronto, et deux autres à la Galerie nationale du Canada, Ottawa. Celles-ci, A view of Gaspé Bay et A view of Miramichi, ne portent pas de signature et n’ont été attribuées à Swaine que d’après Smythe.
Charles Perry Stacey émet l’hypothèse dans « Québec, 1759 : some new documents », CHR, 47 (1966) : 345, que Smythe ou Thomas Bell aurait été l’auteur d’une relation « piquante et littéraire » de la campagne de Québec ; l’original de ce document se trouve dans le fonds Dobbs, D 162/77, du Public Record Office of Northern Ireland (Belfast). Les APC en possèdent une copie sur microfilm.
On prétend que le jeune officier au centre de la peinture de Benjamin West, The death of Wolfe (1771), serait Hervey Smythe. Un dessin de l’atelier de West, composé de portraits de personnages de cette célèbre toile, contient un portrait de Smythe qui est reproduit dans Annie Elizabeth Wolfe-Aylward, The pictorial life of Wolfe (Plymouth, Angl., s.d.), 79. Des reproductions d’un autre portrait de Smythe se trouvent aux APC et dans Knox, Hist. journal (Doughty), 1 : 331s., 440. [r. h. h.]
Suffolk Record Office (Bury St Edmunds, Angl.), Ampton, Reg. of baptisms, marriages and burials, 1734.— Bury and Norwich Post (Bury St Edmunds), 2 oct. 1811.— Examiner (Londres), 20 oct. 1811.— Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart [...], Hans Vollmer, édit. (37 vol., Leipzig, République démocratique allemande, 1907–1950), 31 : 185.— A catalogue of the Sigmund Samuel collection, C. W. Jeffreys, compil. (Toronto, 1948), 10, 17–24, 118, 144, 149.— Complete baronetage, G. E. Cokayne, édit. (5 vol., Exeter, Angl., 1906), 5 : 24.— Galerie nationale du Canada, Catalogue of paintings and sculpture, R. H. Hubbard, édit. (3 vol., Ottawa et Toronto, 1957–1960), 3 : 285.— A. G. Doughty et G. W. Parmelee, The siege of Quebec and the battle of the Plains of Abraham (6 vol., Québec, 1901), 2 : 10, 115, 153, 311 s. ; 3 : 221.— J. R. Harper, Painting in Canada, a history (Toronto et Québec, 1966), 41, 429.— D. A. Ponsonby, Call a dog Hervey (Londres, 1949), 182–184.— Robin Reilly, The rest to fortune ; the life of Major-General James Wolfe (Londres, 1960), 191.— F. St G. Spendlove, The face of early Canada : pictures of Canada which have helped to make history (Toronto, 1958), 7s., 10, 82 ; planches 16–21.— J. C. Webster, Wolfe and the artists – a study of his portraiture (Toronto, 1930), 34, 42s.— Beckles Willson, The life and letters of James Wolfe [...] (Londres, 1909), 388, 431, 453.— C. P. Stacey, « Benjamin West and The death of Wolfe », Galerie nationale du Canada, Bull. (Ottawa), 4 (1966) : 1.
R. H. Hubbard, « SMYTHE (Smyth), sir HERVEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/smythe_hervey_5F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
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