SKERRETT, JOHN, officier, né vers 1743 en Angleterre ; décédé le 18 août 1813 à Heavitree, Angleterre.
John Skerrett entra dans l’armée le 19 octobre 1761, comme enseigne dans le 19e d’infanterie ; il devait servir pendant 30 ans au sein de ce régiment, en Irlande, en Amérique du Nord et aux Antilles. En 1791, il passa au 48e d’infanterie avec le grade de major, et, en 1794, il fut promu lieutenant-colonel et commandant d’un nouveau régiment de la West India. À son licenciement, il retourna en Angleterre, où, le 1er janvier 1798, il fut fait colonel de la Loyal Durham Fencible Infantry. Le succès qu’il obtint au cours de la rébellion irlandaise, alors qu’il commandait les fencibles à la bataille d’Arklow, le 9 juin 1788, lui valut la nomination au grade de général de brigade de l’armée en Irlande.
En 1799, Skerrett arrivait à Terre-Neuve pour recevoir le commandement militaire de l’île des mains du lieutenant-colonel Thomas Skinner, qui resta auprès de lui à titre de commandant en second. À ce moment-là, la garnison de St John’s, composée de quelque 560 hommes de troupe, appartenait surtout au Royal Newfoundland Fencible Regiment, qu’avait levé Skinner peu après le début des guerres révolutionnaires françaises. Une forte proportion des hommes de ce régiment étaient d’origine irlandaise ; selon ce qu’apprit Skerrett, 80 d’entre eux avaient prêté serment à la Society of United Irishmen. De strictes mesures de discipline mises en vigueur par le général de brigade provoquèrent de nombreuses désertions et un complot en vue d’une mutinerie et de l’assassinat (le Skinner et de ses officiers. Le soulèvement, prévu pour le 20 avril 1800, fut évité parce que Skerrett tint le régiment à l’exercice toute la journée, à la suite du comportement bien peu militaire de ses hommes en se rendant à l’église, le matin. Quatre jours plus tard, une tentative de soulèvement échoua. Skerrett fit traduire les meneurs devant une cour martiale : huit furent pendus et huit autres condamnés à la prison à vie.
Après la signature du traité d’Amiens, en 1802, le régiment de Skinner fut licencié, et un régiment britannique, qu’on avait envoyé à St John’s après la mutinerie, fut rappelé en Angleterre. Mais les hostilités entre la Grande-Bretagne et la France ne tardèrent pas à reprendre, et, en juin 1803, Skerrett reçut l’ordre de lever « un corps d’infanterie de fencibles en Amérique du Nord ». Malgré la forte concurrence qui lui venait de l’industrie de la pêche et l’interdiction de faire du recrutement, pendant l’année, avant la fermeture de la saison de la pêche, le 25 octobre, Skerrett avait enrôlé, à l’été de 1805, les deux tiers de ses effectifs de 1 000 hommes. Quand le nouveau Royal Newfoundland Regiment fut transféré à Halifax à la mi-juin, en échange des Nova Scotia Fencibles, Skerrett, qui avait été promu major général le 1er janvier 1805, demeura à St John’s, à titre de commandant de la garnison de Terre-Neuve.
En septembre 1807, sur réception de rapports voulant que les États-Unis fussent à préparer la guerre contre la Grande-Bretagne, Skerrett, qui, alors qu’il était encore à St John’s, avait assumé le commandement intérimaire de l’armée en Nouvelle-Écosse, alla s’établir à Halifax. Peu après, son séjour de huit années en Amérique du Nord britannique se terminait : il était alors nommé à l’état-major de la Jamaïque, où il assuma, pendant peu de temps, le commandement de l’armée. Il servit par la suite en Sicile et, le 4 juin 1811, il était promu lieutenant général. À sa mort, deux ans plus tard, il laissa sa femme et un seul enfant, John Byrne, qui servit avec distinction, sous Wellington, pendant la guerre d’Espagne.
Bien que Skerrett affirmât ne posséder qu’une « maigre fortune », les mémoires dans lesquels il sollicitait quelques marques tangibles de la faveur royale, en reconnaissance de ses services, ne lui apportèrent rien d’autre que des remerciements cordiaux pour tout ce qu’il avait fait. Il semblerait, toutefois, que sa fortune fût moins maigre qu’il ne le disait, ou qu’une reconnaissance tardive se fût manifestée. On rapporte, en effet, qu’il laissa à son fils, en héritage, la somme non négligeable de £7 000 par année.
À un moment critique de son histoire, ce fut une chance pour Terre-Neuve d’avoir, pour commander sa garnison, un soldat de l’expérience de John Skerrett. Il n’hésita jamais à exprimer au ministère des Colonies ses inquiétudes relatives à la sécurité de Terre-Neuve et à faire savoir la nécessité d’accroître le nombre des soldats pour assurer la défense de l’île contre les attaques de l’extérieur aussi bien que contre les soulèvements intérieurs. Il accusa le gouvernement de la métropole de négligence « à tous égards » et déclara que « légiférer à Portman Square pour [les besoins de] l’île ne fera[it] jamais l’affaire. Ce ne sera[it] jamais le moyen de conserver l’île. » Ne se limitant pas aux strictes questions de défense, Skerrett proposa des réformes visant à améliorer les conditions de vie des Terre-Neuviens. À son départ, les principaux habitants de la colonie exprimèrent leur « très haute estime pour le zèle qu’ [il avait] constamment manifesté afin de promouvoir le bien-être de l’île », et les gouverneurs, qui allaient se succéder, rendirent, à tour de rôle, hommage aux efforts de ce général pour assurer le bien public.
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G. W. L. Nicholson, « SKERRETT, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/skerrett_john_5F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |