SHEA, WILLIAM RICHARD, imprimeur, éditeur et journaliste, né en 1813 à St John’s, quatrième fils de Henry Shea* et d’Eleanor Ryan ; décédé le 17 mars 1844 au même endroit.

William Richard Shea appartenait à l’une des grandes familles de St John’s. Son père, un marchand, avait participé en 1806 à la fondation de la Benevolent Irish Society. Il dut lui-même acquérir tôt une certaine importance, car il figurait en 1833 au nombre des membres d’un jury de jugement.

Après avoir fait son apprentissage de journaliste chez John Williams McCoubrey*, du Times and General Commercial Gazette de St John’s, Shea devint en mai 1837 imprimeur et éditeur du Newfoundlander, que son frère John avait créé dix ans auparavant. Au début, il en fut peut-être aussi le rédacteur en chef, mais en novembre 1842 c’était son frère Ambrose* qui remplissait cette fonction. Le Newfoundlander s’engagea dans une vive et longue controverse avec ses rivaux terre-neuviens, surtout le Times et le journal de Henry David Winton*, le Public Ledger. Vigoureux défenseur des whigs britanniques, Shea était particulièrement critique à propos des mesures que les tories envisageaient de prendre en Irlande. Il affirmait néanmoins ne pas être un homme de parti.

Tout au long des années 1837 et 1838, le Newfoundlander participa à la campagne en faveur de la destitution du juge en chef Henry John Boulton*, accusé de rendre des jugements trop sévères et d’appliquer la loi avec trop de rigidité. En 1838, le célèbre procès du docteur Edward Kielley*, officier de santé, mit en cause Shea, en sa qualité d’imprimeur du Newfoundlander. À l’occasion d’une altercation dans les rues de la ville, le 6 août, Kielley, disait-on, avait menacé John Kent*, député réformiste de St John’s. Curieusement, Kent demanda à l’Assemblée de régler l’affaire. Le président de la chambre, William Carson, ordonna l’arrestation de Kielley, qui comparut le 7 août devant l’Assemblée. Il fut ensuite incarcéré de nouveau, mais le juge suppléant George Lilly le relâcha le 10 en déclarant que la chambre avait outrepassé ses pouvoirs. Comme le Newfoundlander avait publié un compte rendu sur le jugement de Lilly, la chambre examina une motion qui proposait la convocation de Shea pour répondre d’une accusation d’offense grave à ses privilèges, mais elle n’y donna pas suite.

En 1841, le receveur des douanes, James Morton Spearman, intenta une poursuite en diffamation contre le Newfoundlander pour des accusations publiées au début de l’année précédente. Selon le journal, Spearman avait tenté d’obtenir pour lui-même, de la succursale locale de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique, un intérêt de 3 % sur des fonds publics de son département, avant les versements trimestriels que la loi exigeait de faire au trésorier de la colonie. Spearman réclama £1 000 de dommages-intérêts, mais en juillet 1842 on rendit le verdict en faveur de la défense. Le procès avait révélé que Spearman avait bien demandé un intérêt au directeur de la succursale mais qu’il s’était vu opposer un refus.

William Richard Shea continua d’imprimer et d’éditer le journal jusqu’à sa mort, survenue après trois jours de maladie. Son frère Ambrose lui succéda. En 1846, un autre de ses frères, Edward Dalton*, prit en charge le Newfoundlander et s’en occupera jusqu’en 1884.

Calvin D. Evans

Newfoundlander, 18 mai 183725 avril 1844.— Newfoundland Indicator (St John’s), 23 mars 1844.Patriot & Terra-Nova Herald, 20 mars 1844.Public Ledger, 19 mars 1844.Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 19 mars 1844.Star and Newfoundland Advocate (St John’s), 21 mars 1844.— Times and General Commercial Gazette (St John’s), 20 mars 1844.A list of names of prominent people at the time Newfoundland was granted representative government : St John’s, 1833 (St John’s, 1971).Newfoundland men ; a collection of biographical sketches [...], H. Y. Mott, édit. (Concord, N.H., 1894), 1.— Notable events in the history of Newfoundland ; six thousand dates of historical and social happenings, [P. K.] Devine et [J.] O’Mara, compil. (St John’s, 1900).When was that ? (Mosdell), 117.— P. K. Devine, Ye olde St. John’s, 1750–1936 (St John’s, 1936), 16, 9697, 110111.— Gunn, Political hist. of Nfld., 5261.— Joseph Hatton et Moses Harvey, Newfoundland, the oldest British colony ; its history, its present condition, and its prospects in the future (Londres, 1883), 8791.— Paul O’Neill, The story of St. John’s, Newfoundland (2 vol., Erin, Ontario, 19751976), 104, 184, 400–401, 462, 464, 824, 831, 909, 918.— Charles Pedley, The history of Newfoundland from the earliest times to the year 1860 (Londres, 1863), 399–409.— W. H. Hayward, « Sir Ambrose Shea, K.C.M.G. (18151905), one of the fathers of confederation », Atlantic Guardian (Montréal), 6 (1949), no: 2729.

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Calvin D. Evans, « SHEA, WILLIAM RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/shea_william_richard_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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